111. Étoiles

7 2 0
                                    

Je sors, en courant.
Il y a des gens qui me dévisagent
Mais ce n'est pas grave
Je ris
Je ris
Je ris à en pleurer
Et à crier dans mes propres oreilles :
J'ai aimé.

Et tout redevient comme avant.
Le ciel semble se teinter de nouveau dans ces couleurs d'automne
Ces couleurs d'avant, ou j'aimais le monde.
Et aujourd'hui, plus que jamais, je veux qu'il change.

Oh que ça m'a manqué !

Alors je ferais tout
Au nom de cet amour.
Je parcourrai le monde
Je crierai des discours
Je chanterai des slogans
J'écrirai des romans
Des romans d'amour et des poèmes aussi,
Et ce sera ça mon métier.

Ambassadrice de liberté.

Tout ça,
Tout ça pour avoir embrassé une fille,
Un jour,
Une fille qui s'appelait Rose
— Rose comme la fleur
Ou comme la couleur, c'est vous qui voyez—
Et qui avait sur ses lèvres
Le véritable goût de l'amour.
Ça ressemblait étrangement d'ailleurs
À celui de la liberté.
Alors dans tous les rêves que je ferai,
Je l'épouserai.

Et puis, elle est venue vers moi.

- C'est beau ce que tu as dit Ludivine.
- C'était beau aussi, ton sourire.

Elle sourit de nouveau.
Ils me manquaient tant,
Ses mots.
- J'ai lu tes lettres, tu sais.
- Je sais.
- Elles étaient très belles.
- Merci.
- Comme toujours.

Je l'ai regardée.
Et je savais qu'on pensait à la même chose.
Il suffisait de regarder où se posaient nos yeux.

- Qu'est ce qu'on va faire Ludivine ?
- Qu'est ce qu'on pourrait faire ?

Elle s'est approchée
Et je pense que vous avez deviné le vers suivant :

Mais je me suis reculée.
J'ai contemplé ses cheveux,
Et la douceur de son visage, aussi.
C'était délicat comme une touche de miel.
Une petite couleur dans l'après-midi
Une lueur dans le ciel
Un nouvelle étoile pour combler mes insomnies.

- C'est trop beau
Ce qu'il y a entre nous.

J'ai caressé son visage
Elle m'a regardée
Et je suis partie.

J'ai couru plus vite, plus vite
Je n'ai pas entendu ses pas faire crisser les graviers,
Je n'ai pas entendu sa voix crier mon nom,
Je n'ai pas senti la déception de sa poitrine,
Non, tout ça je l'ai oublié.
Car je savais pertinemment,
Que quand elle regardera le ciel ce soir,
Elle pensera à moi.

Elle nous verra toutes les deux dans les étoiles
Dessinant la nuit
Et bravant l'infini
Et alors, seulement là,
Elle comprendra.

Et tout au fond de nos cœurs
Alors que j'aurai emporté un peu d'elle et de sa peau,
On entendra résonner notre amour à l'unisson.

Et on saura que cela vaut tous les baisers du monde.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant