103. Bonheur

7 2 0
                                    

Oui.

C'est sûrement pour ça
Qu'ils ne comprennent pas.

Ils n'entendent pas
Tous les mots qui sans cesse sont murmurés
Dans les secondes nues.

Ils n'écoutent plus
Ce que l'absence leur dit.

Comment pourraient-ils comprendre ?

Écoutez.
Là.
Le silence.

Des mots qui s'imposent.

Il y a là
Une vérité qui vole un peu plus haut
Que toutes les vérités
Que soutiennent les voix.
Des évidences
Qu'ils n'écoutent pas.

Ils se bouchent les oreilles et se terrant dans ce qu'ils appellent leur propre silence,
Ils n'écoutent plus
Le silence des autres
Peut être trop abîmé.
C'est vrai qu'on l'a souvent utilisé.

Et quand leur silence à eux
Ce silence déjà tout taché de leurs pensées
Commence à prendre une couleur plus claire
Et laisse un peu mieux passer la lumière,
Ils prennent peur tout à coup et remplissent tout
De mots
Et d'idées formulées dans la panique.

Alors tout est meublé
Et on oublie le silence. 

Pourtant
Il ne suffirait de rien.
Juste d'un peu de patience.
S'assoir là sans rien dire
Et lentement refermer son livre
Respirer tout doucement
Et regarder
Comme il est limpide ce silence.

Il trône
Là,
Et tout semble ridicule.
Plus rien n'existe
Face à cette bête immense
Qui peuple l'univers,
Qui voit la terre chaque jour
Tourner sur elle même
Qui regarde brûler le soleil,
Mourir les étoiles,
Faner les lueurs
De galaxies, là bas.

Et alors
On se sent si petit et si humilié
Que la grosse voix de l'espace
Se soit déplacée jusqu'à soi,
Qu'on voit bien
Que rien n'est important.
Que rien n'existe vraiment.
Qu'il n'y a pas une loi
Qui vaille.

Alors on brise le silence et l'on se dit
« Mais
           Au fond
Qui ici
           m'interdit d'être libre ? »

Et seulement là on pourra entendre
Quel son ça fait vraiment,
Le bonheur.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant