96. Retour

3 3 0
                                    

Elle n'était pas là.

Alors tout de suite
Un millier de pensées ont fracassé mon être :
Était-elle morte ?
Désespérée ?
Blessée ?
Avait-elle été kidnappée ?
Par un pervers ?
Un bel inconnu ?
Une espèce de sorcière ?

Avait-elle lu ma lettre ?

Et si c'était de ma faute
Quelle n'avait plus la force
De soutenir mon regard lâche
Qui refuse d'accepter les défaites
Et les petites cicatrices sur le cœur ?
Car oui peut-être
Suis-je lâche de ne vouloir souffrir
Mais jamais on ne pourra me reprocher
D'être lâche pour revenir.

Elle ne m'aimait pas
Et voilà maintenant
Qu'elle me déteste.
Dans un sens
Elle aurait ses raisons.

C'est ridicule de penser
Qu'à travers deux pauvres âmes
Des mots peuvent avoir
Leur propre histoire d'amour.

Je lui aurais bien dit de le faire au moins pour eux
—Car ils l'ont mérité dans le fond—
Mais elle ne m'aurait pas écoutée.

C'est toujours dur de croire
Que la terre est ronde
Quand on a pour conviction profonde
Qu'elle n'a jamais cessé d'être plate.

Mais
Un claquement
A coupé la parole
À mes tergiversations
Et
Elle a franchi la porte
Et
Mon monde une fois de plus
S'est renversé.

Les mots étaient inutiles
Tout à coup.

Elle était là.

C'était tout ce qui importait.

Et tout en moi s'est soulevé
Tous les regards ont du s'agripper à moi
Comme pris dans la mêlée
De mes sentiments grotesques.

Et même si je les trouvais immondes
Et même si je les avais tant de fois détestés,

J'ai trouvé ça beau.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant