110. Discours

5 2 0
                                    

« Bonjour
Bonjour à tous.

J'ignore si vous me connaissez
Mais je suis Ludivine.
Ludivine.

Si je prends la parole
Là, maintenant
C'est pour vous parler de vous.
Enfin, pour vous parler de nous.

J'ai toujours rêvé d'écrire
Écrire des tirades, des sonnets, des romans
Écrire des lignes pour frôler la beauté.

Des lignes que personne ne lira jamais.

J'écrivais
Et toute la splendeur du monde semblait devenir visible
Je devenais cette nature que j'idolâtrais,
M'affranchissant de toutes les lois de la physique,
De toutes les théories qui auraient voulu expliquer
L'inexplicable.

Et alors que je rêvais d'écrire
Pour décrire la beauté du monde
Et son inanité,
J'ai découvert qu'au-delà de ça,
Au delà de la passion
Du semblant d'esthétique
De la naissance de l'art
Et d'une quête de catharsis,
Ce qui me faisait écrire
C'était vous.

Car si les mots sont un moyen d'expression
Ils sont aussi la plus belle des libérations.

La Liberté
Combien de poètes l'ont offerte ?
À se déchaîner par les mots
À offrir un semblant de justice
À élever les esprits
Vers un lieux où seules les lois de la morale
Peuvent régir.

Tout cela, je l'ai fait pour vous.

Et quelqu'un, un jour, m'a dit merci.
Il m'a offert son amitié,
Son amour aussi,
Et des défis.
Bien trop de défis.
Il m'a emprisonné
Dans un sentiment ravageur
Que je ne voulais pas.
Et dans ces moments-là,
Où tous les éléments semblent se déchaîner contre vous
Affaisser vos épaules,
Et vous ôter la seule chose que vous pouviez donner : la liberté.

Il m'a fait tout perdre
Tout, sauf une chose.

Il m'a montré ce que c'est,
D'être amoureuse.

Et alors, croyez-moi,
Je me fiche bien de ma liberté.
C'est tellement plus beau, d'aimer.

Et comme il est beaucoup plus dur
De se battre contre ce que l'on est
Que pour ce que l'on est,
J'ai oublié que j'étais esclave
Pour pouvoir me battre
En tant que personne amoureuse.

Et à cet instant vous vous demandez
En quoi cela vous concerne.
Et bien sachez que tous, vous avez été comme lui.
À me donner des lois
À restreindre mes droits
Par votre seul regard.

Car vous savez
Il est des murs et des silences
Qu'il ne faut pas toucher
Dans un monde libre où l'innocence
N'est pas prête à tomber.
Quels mots faut-il pour que vous compreniez
Que vos drapeaux doivent faner ?
Que faudrait-il pour vous éveiller ?
Et mettre fin à vos idées ?

Oh oui je vous ai haï
Mais regardez vous :
Voilà.
C'en est la preuve.
Vous ne pouvez pas le faire sans vous juger.

On est tous prisonnier,
En réalité.

Si vous preniez le temps
Juste le temps de vous aimer,
Alors toutes vos chaînes
Se briseraient.

Vous vous tenez vous même en otage
D'une loi qui vous cloître tous du même côté des barreaux.
Abolissez ces lois
Et faites en sorte
De vous trouver ensemble
Du bon côté.

C'est tout ce que je voulais vous dire.
On ne se reverra pas
Alors oubliez moi.

Ou alors que pour vous je demeure
Ludivine, vestale de la Liberté
Amoureuse de l'amour
Et amoureuse de vous.

Alors
Au revoir,
Au revoir à tous. »

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant