46. Communion

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- J'ai beaucoup aimé
Ton poème
Rose.

Une poignée de mots
Méditée des centaines de fois
Boucle infinie condensée
En une seule seconde.

Elle rougit
Une teinte légère
Vient m'adresser un complice clin d'œil
Oh ce n'est rien
Rien qu'une légère lueur
Une couleur que pas le moindre cœur
Dénué d'amour
Ne pourrait remarquer.

- Merci.

Elle est belle cette tempête de sentiments
Qui fait vibrer ma poitrine.

On s'assoit l'une à côté de l'autre
Sur un fauteuil bancal
Au tissu déchiré.

Et je pense pouvoir être prête à affirmer
Qu'il ne m'a jamais paru aussi resplendissant
Qu'en ce dernier instant.

On pourrait croire
Que le silence
Nous étoufferait.
Pourtant
Il est notre meilleur moyen
De communication.
Le silence
Langage que seules nos fines ouïes
Peuvent s'approprier.
Il est notre union où l'on partage
La même nationalité.

C'est un peu comme
Si l'on avait repoussé une porte
Sur notre intimité.
Comme si
Ensemble paisiblement nous respirions
À travers lui.
Comme si
Plus que n'importe quelle parole
Il faisait naître au creux de nos sourires
Une indéfectible et prodigieuse
Complicité.
Comme si ce silence devenait
Le serment cabalistique
D'une union littéraire.

C'est comme s'il se faisait nous,
Et par son charme ravageur,
S'insinuait par l'entr'ouverture de nos lèvres
Pour faire peut-être
Battre nos cœurs un peu plus fort.

Et presque plus que ses mots
J'aimais notre silence
Quand nous regardions nos doigts frêles
À quarante huit centimètres de se lier
Pour une éternité.

Tous les mots de nos silencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant