38. Neuf

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Ma chère Ludivine
Voici donc sous tes yeux
Ma neuvième lettre. 

Je te l'annonce des les premières lignes
La neuvième sera la dernière
Des pensées poétiques
Qui te sont destinées.
Ce n'est pas mon choix,
Je te l'assure
Mais imminemment tu connaîtras
Mon identité.
Demain,
Peut-être bien. 
Ce n'est pas mon choix
Mais visiblement les événements
Veulent mettre notre relation à nu.
Et alors
Une fois que tu auras vu mon visage
Entendu mon prénom
Plus rien
Non plus rien,
Je te l'assure,
Ne sera comme avant.

Rien ne sera comme avant
Ce neuvième texte.

9
C'est le nombre avant
10
Le moment où tout ce que l'on a construit
Retombe à zéro
Le moment où tous les mots
Sont effacés
Pour être remplacés
Par de plus grands et de plus forts

9
C'est le nombre de lettres
Que je t'ai envoyées
Le nombre de jours
Que notre relation anonyme
Aura duré
Ce n'est pas suffisant
Je le sais
Pour payer tout ce que tes mots m'ont apporté
Mais pas un milliard de lettres ne vaudrait
Le bien fou que tes mots m'ont fait.

9
C'est le nombre de mois
Depuis lesquels
Je te lis
Toi et tes mots merveilleux
Qui sont devenus ma nouvelle famille
C'est
Le nombre de mois
Que je me suis reconstruite
Grâce à tes mots
Et ta splendide poésie

9
C'est le nombre d'années
Que l'on se connaît
En réalité
Pas de très près non
À vrai dire on ne s'est jamais réellement parlé
Mais ça n'empêche
Que cela fait neuf années
Que ton visage m'est familier

9
C'est le nombre de fois
Que je suis tombé amoureux
Que j'ai aimé
Des personnes qui me semblaient être...
Comme toi ?
Peut-être bien
Ou peut-être pas.

9
C'est le jour de novembre
Où j'ai rédigé mes premiers mots pour toi
Mes premières lettres
Mon premier "merci"
Posées sur l'indicible
Sur tout
Tout ce que tu as fait pour moi
Sans le savoir
Tout ce qui fait que je suis encore en vie
Aujourd'hui.

9
Car oui c'est la date
Du mois de février
Où mon cœur aurait dû s'arrêter.
Je l'avais prévu
Trop de douleur en moi
Trop de mal-être pour tout ce que j'étais
Et surtout ce que je n'étais pas
Marre de jouer un rôle
En lequel je ne croyais pas.
Alors je suis allée dans la forêt
La lame a caressé ma peau
Nue
Dans le froid hivernal.
J'ai passé mes mains contre les galets
Les restes de verdure
Et la légère humidité
Et alors
Mon doigt a effleuré
Une feuille de papier.
Je l'ai ouverte et pour la première fois
J'y ai découvert
L'écriture et les mots de celle
Qui me sauverait.

9
C'est le nombre de mots
Dans la première de tes phrases
Que j'ai lues
On n'a pas tous la chance de vivre
Alors
J'ai décidé
Que moi
Je vivrai.

9
C'est en neuf mots
En neuf secondes
Que tu m'as sauvé la vie.
Était-ce le signe du destin
Que cette phrase d'espoir gise
Là où les dernières traces du mien
Comptaient disparaître ?
Je te dois la vie
La renaissance de ma poésie
Je ne sais pas
Je ne sais plus comment te remercier
Ni comment exprimer avec mes faibles mots
Tous l'immense reconnaissance
Que pour toi je ressens.
Considère plutôt en signe d'humilité
Qu'en cette lettre je t'ai dit
Plus qu'à n'importe qui
Durant toute ma vie.

Tu es ma vie
Mes espérances
Mon ange gardien
Tous les mots de ma poésie.

Alors
Merci.

Adieu Ludivine
J'ai été ravi
D'avoir été pendant une semaine
Et neuf mois
Ton frère de mots
Et ton ami.

Merci.

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