Chapitre 3

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Chapitre Troisième

Assis sur son petit pouf dans un coin de son dressing, James réfléchissait.

Elizabeth avait tenté de le convaincre de sortir ; et de sortir plus loin que sur sa terrasse de toit parce que « la terrasse, ça compte pas ». Sauf que ça n'avait pas marché. James avait juste changé de pièce. Il avait abandonné son salon pour son dressing parce que dans son dressing, il y avait ce fauteuil super confortable qu'il adorait. Et face à ce canapé, il y avait tout. Tout : les récompenses, les disques d'or, de diamant, de platine et de pleins d'autres matières dont il ne soupçonnait même pas l'existence avant qu'on lui offre ; il y avait aussi les affiches des tournées, les pochettes de CD, des posters d'eux sur scène qu'Eli lui avait offert à un Noël.

Comment en était-il arrivé là ? Il avait juste répondu à l'annonce d'un chanteur de dix-sept ans qui cherchait un guitariste parce qu'il avait désespérément besoin d'argent. Et aujourd'hui, plus de sept ans plus tard, il faisait partie d'un des groupes les plus populaires au monde, il venait de finir une tournée internationale de deux cent dates à guichet fermé. Tout était allé si vite, trop vite quand il y pensait. Depuis que leur chemin avait croisé celui de Silvio, tout était allé si vite qu'il avait la désagréable sensation de ne plus rien maîtriser dans sa vie. Tout lui échappait inlassablement. Sa vie lui échappait inlassablement.

James laissa échapper un long soupir en laissant tomber sa tête en arrière. Son téléphone se fit entendre dans sa poche. Dix-sept heures zéro six. C'était Eli. Comme tous les jours elle allait lui demander s'il était sorti et comme tous les jours, il répondrait que non.

De ELI:
T'as vu le soleil aujourd'hui ?
J'espère !! Parce que y'a pas trop de nuages....

James aurait dû lui répondre « non ». Non. Parce qu'aujourd'hui, la seule chose qu'il avait vu était la couleur de ses chemises dans le placard d'à côté. Mais il avait répondu un « Oui ! Bien sûr ! ». Sauf que comme James n'était pas un menteur, et surtout parce qu'il savait qu'avec cette réponse débile, Elizabeth allait lui demander une photo comme preuve, il se décida à sortir.

Pour commencer, il avait pris le métro. A la station à deux minutes à pied de chez lui. C'était étonnamment beaucoup plus facile que ce que l'on pouvait penser. Pour la simple et bonne raison que personne ne s'attend croiser une star de la pop sur la ligne Metropolitan. Il était resté sept arrêts assis dans un coin du wagon. Puis en entendant la voix robotique annoncer la station sur Baker Street, il était descendu sans trop savoir pourquoi cet arrêt plus qu'un autre, et avec sa casquette et ses lunettes vissées sur la tête, il était allé se perdre dans la foule.

***

Ashling venait tout juste de finir son dernier partiel du semestre. Autre façon de dire qu'elle était enfin en vacances. Lilli et Alex, ses deux colocataires, l'avaient prévenue: ce soir, elles sortaient fêter ça. Ashling n'était pas une grand fan des soirées dans des bars, mais ce matin, en lui préparant un jus d'orange plein de vitamine, Alex avait été intraitable. Ce soir, hors de question de passer sa soirée, sous son plaid avec son mug préféré. Rien à faire qu'on soit vendredi, et rien à faire du programme télé du soir. Alors Ashling avait cédé. Seule condition: la laisser passer à la librairie de sa sœur avant de partir. Elles partaient le lendemain après-midi pour l'Irlande du Nord où leurs parents les attendaient, et il fallait qu'elles s'organisent.

Ashling avait donc poussé la porte noire de la librairie vers quinze heures. Elle avait pris le temps de faire sonner la petite cloche de l'entrée, l'aboiement de Newton n'avait pas tardé à se faire entendre à la suite et Sue était sortie d'une allée. Comme à leur habitude, elles avaient fait chauffer de l'eau et s'étaient servies un thé alors qu'Ashling commençait à lui raconter ses examens, la soirée que les filles avaient prévue ce soir, et que Sue lui parlait des derniers arrivages et nouveautés de la librairie. Elles ne s'étaient arrêtées que lorsque le tintement de la cloche de l'entrée avait raisonné.

I Want To Write You A Book - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant