I Want To Write You A Book - [Terminé]

Chapitre 41

Chapitre Quarante-Et-Unième

Ashling avait donné rendez-vous à James à la librairie. Avec un simple message. Et toute l'après-midi, il n'avait cessé d'imaginer ce qu'elle avait bien pu prévoir sans trouver d'idée assez convaincante.

Avec Jacob, ils avaient passé leur journée à tenter d'écrire une chanson mais sans aucun résultat satisfaisant. Alors ils avaient fini par abandonner et après quelques parties de foot sur sa Xbox, Jacob était rentré chez lui. Enfin, plus précisément, James l'avait foutu à la porte énervé de ne pas réussir à gagner une seule partie.

Une fois que Jacob eut claqué la porte de son appartement, James s'était préparé. Dans son message, Ashling ne lui avait pas précisé comment s'habiller, ce qui ne lui laissait aucun indice sur ce qu'elle avait pu prévoir, et aucun indice sur les habits qu'il allait choisir. Après sa douche, James avait commencé en essayant son costume gris dans lequel il se sentait le plus à l'aise. Mais à s'observer devant le miroir, il se convint que c'était un peu too much, alors il était retourné dans son dressing et avait troqué sa chemise contre un t-shirt blanc, sa veste grise contre un bomber bleu marine et avait enfilé son jean noir. Beaucoup mieux. ... Enfin. Non. Le bomber, ça n'allait pas. Il avait remis sa veste grise. Non. Non plus. Il avait continué à fouiller dans toutes ses armoires, en jetant chemises et vestes sur le sol. Rien n'allait. Il n'avait pas envie de sortir ses habits des grands soirs, parce qu'avec un ensemble Alexander McQueen, il était sûr de devenir James Wingate aux yeux d'Ashling et ça... Ça, c'était pas pour ce soir. Il fallait qu'il table sur une tenue plus simple. Après vingt bonnes minutes de recherche, il avait fini par tomber sur une chemise bleu marine qu'Eli lui avait achetée un jour où une compagnie aérienne avait perdue sa valise. Il s'observa une dernière fois dans le miroir et assez content de son apparence, il se décida à partir de chez lui. Ce soir, il serait juste son James.

***

James avait toqué à la porte d'entrée de la librairie, il était dix-neuf heures. Ashling était rapidement apparue. Elle portait une jolie robe noire droite avec un long gilet marron et des derbys noires. Tout ce que James arrivait à se dire, c'est qu'il n'avait jamais vu Ashling en robe et que c'était bien dommage.

« Je suis pas trop en avance ? demanda-t-il après qu'Ashling l'ait fait rentré.

— Non. J'ai eu le temps de tout préparer. T'inquiète pas, lui sourit Ashling. J'ai juste quelques livres à finir de ranger. J'ai dit à Sue que je m'en occupais en t'attendant.

— Je vais t'aider, pas de soucis.

— Non. J'en ai pour trente secondes. »

James ne l'écouta pas et alla tout de suite récupérer la petite pile de bouquin qui était sur le meuble de l'entrée.

« C'est dans l'allée du fond, indiqua Ashling en partant devant.

— Je savais pas comment m'habiller... Ça va comme ça ?

— Oui. C'est parfait. Tiens, ils se mettent là.

— Et du coup...

— Ouais ?

— T'as prévu quoi ? finit-il par demander en glissant les ouvrages les uns à côté des autres sur l'étagère.

— Surprise... répondit-elle mystérieuse. Finis de ranger et on y va.

— On va où ? demanda-t-il en posant le dernier livre. J'ai fini.

— Suis-moi. »

Ashling attrapa sa main et le guida vers la verrière de la librairie. James connaissait ce lieu par cœur, ça faisait un petit moment qu'il le fréquentait maintenant, mais quand il entra dans la pièce, il ne le reconnut pas. Ashling avait réussi à tendre trois fils d'un bout à l'autre, et tout au fond, elle avait passé un drap par-dessus ces trois fils pour former un toit en tissu et deux murs. Elle avait glissé d'autres draps au fond de la tente improvisée, sans que James arrive à comprendre comment ils tenaient et il s'en fichait pas mal sur le coup. L'intérieur de la tente avait aussi été aménagé avec un fin matelas sur le sol recouvert par une belle couverture bleue rayée, et une quinzaine de coussins répartis sur les bords.

James restait interdit à l'entrée alors Ashling commençait largement à perdre la confiance qu'elle avait en son idée :

« Je... Je m'étais dit que c'était une bonne idée de passer la soirée ici. C'est... C'est pour ton anniversaire. Je... J'avais pas trop les moyens de te payer les hôtels dont t'as l'habitude ou un restaurant cinq étoiles, alors... Donc... Sur le coup, ça avait l'air d'être une bonne idée, mais là... Là, je suis déjà un peu moins sûre. Je veux dire que les gars t'ont payé une soirée à Vegas. Mais... Je t'ai fait un gâteau au chocolat aussi. Enfin... C'est une tarte à la mousse au chocolat mais c'est presque pareil. »

Ashling lâcha la main de James et lui tendit une assiette qui portait une jolie tarte au chocolat saupoudrée de sucre glace et décoré avec quelques Malthazer, parce qu'elle savait qu'il adorait ça. Mais James ne répondit rien et contenta de regarder la scène sans réagir.

« T'aimes pas ? finit-elle par demander. »

Pour la première fois, James tourna son regard vers Ashling. Il se mit à sourire et elle remarqua soudainement que ses yeux étaient bleu de France ce soir.

« Je t'aime.

— Donc t'aimes ?

— J'aime ouais, répondit-il en souriant. C'est le terme. J'aime.

— Vraiment ? C'est pas pour me faire plaisir ? Je sais que c'est pas ce dont t'as l'habitude... C'est sûrement pas aussi...

— C'est parfait, Ash. Vraiment parfait.

— Du coup, tu veux goûter ma tarte ?

— Après, répondit-il en attrapant l'assiette et en la posant sur le rebord de l'étagère derrière Ashling.

— Après quoi ? »

Pas de réponse. Rien à part les mains de James sur son corps qui le soulevait avec facilité dans les airs.

***

Ashling attrapa un bout d'une des couvertures qu'elle avait laissé traîner là et couvrit leurs deux corps avec. Elle se tourna vers James qui s'était allongé sur le dos, les yeux clos. Elle s'amusait à dessiner les courbes de son visage du bout des doigts.

« Tu dors ? chuchota-t-elle.

— Non, souffla-t-il. Tu sens bon des mains.

— Ah ouais ? rit Ashling en soulignant une fois de plus son nez.

— Mmmhmmmh.

— C'est un cadeau que Lilli a eu. Il sent super bon, je suis d'accord.

— Tu vois... C'est le genre de détail qui me fait dire qu'on est super bien chez vous. Chez vous, y a des savons pour les mains qui sentent super bons. Chez vous, y a des bougies jamais allumées, mais beaucoup trop mignonnes. Chez vous y a au moins la moitié de mes films préférés en DVD. Chez vous y a de quoi faire des pancakes n'importe quand. Chez vous y a même un parquet qui craque quand on marche sur certaines lattes.

— Je me souvenais pas que t'étais si poétique après l'amour...

— Non mais c'est vrai ! Chez moi, j'ai pas ça. Et le pire c'est que j'ai même pas envie d'avoir ça, confia James avant de marquer un petit temps. J'ai repensé à ce que tu m'as dit.

— Sur ?

— Sur le fait que je vis chez vous.

— J'ai pas dit ça...

— Presque. C'est pas grave. En fait, t'as raison. Cet appart' ne me correspond plus, j'arrive pas à être chez moi quand je suis chez moi et... Je crois que j'ai trop de souvenirs pour continuer là-bas. Je vais le vendre.

— Tu viens vraiment de prendre cette décision alors qu'on est nus sous une tente de fortune au fond de la librairie de ma sœur ?

— Oui.

— Okay.

— Je veux un chez moi où je me sens aussi bien que sous cette tente.

— Alors là... Bon courage. C'est pas gagné. Franchement j'ai tout donné dans la construction, je penses pas que tu puisses trouver mieux actuellement sur le marché à Londres. »

Ashling sentit le visage qu'elle apprenait par cœur avec ses doigts, bouger doucement. James riait, et elle se dit qu'elle pourrait facilement, très facilement, s'habituer à ce genre de moment.