Chapitre Vingt-Sixième
Ashling tournait distraitement sa paille dans son smoothie aux fruits rouges, la tête reposant sur sa main, en regardant James en face d'elle. Il était au téléphone avec Oliver depuis cinq minutes et ça faisait à peu près autant de temps qu'Ashling le fixait sans aucune discrétion. Elle pouvait clairement voir qu'il n'avait pas pris le temps de se raser ce matin, ni les derniers jours au vu de sa barbe naissante sur les lignes droites de sa mâchoire. D'habitude elle n'aimait pas plus que ça les barbes de quelques jours chez les garçons, mais chez James ça soulignait sa petite fossette au menton et Ashling le trouvait charmant. Et puis, à le fixer comme ça, des dizaines de détails lui sautaient aux yeux alors même qu'ils n'avaient jamais révélé aucune espèce d'importance auparavant. Par exemple, elle avait soudainement remarqué à quel point son nez était fin, tout comme ses lèvres ; elle avait aussi vu les trois minuscules grains de beauté à la base de son cou ; elle s'était un peu agacée des quelques mèches cheveux blonds qui faisaient un petit épi sur sa tête, mais elle avait fini par se dire qu'il s'agissait plutôt d'un moyen de souligner qu'il était sûrement temps d'aller chez le coiffeur pour lui. Et puis depuis quelques minutes, elle s'attardait sur les yeux de James. Ils étaient bleus. Indéniablement. Elle l'avait remarqué la toute première fois qu'elle avait croisé ce regard. Mais à chaque fois qu'elle le voyait, elle avait l'impression que ces iris prenaient une nouvelle teinte. Et en six mois, elle avait eu le temps de voir passer des dizaines et des dizaines de teintes. Aujourd'hui, ils étaient d'un bleu bien plus foncé qu'à l'habitude.
Alors qu'Ashling commençait à chercher de nouveaux des détails sur le visage de James qui auraient encore pu lui échapper - peu probable ceci dit... - James se mit lui aussi à la fixer en souriant. Ce qui rappela soudainement à la jeune fille son manque de discrétion, alors pour éviter de se mettre bêtement à rougir, Ashling préféra porter sa paille à sa bouche et avala une ou deux gorgés de son breuvage aux fruits.
« Ouais... Je... ... Oui, j'ai compris Oli. ... Je sais pas. Je préfère qu'on voie ça ensemble avant toute décision. ... Oui ! Bien sûr tous les cinq ! ... T'es jaloux ? ... Bon bah me saoule pas avec ça alors ! Je te ferais écouter la prochaine en premier. C'est promis. ... Jamais. ... Je sais. Par contre Oli, faut vraiment que je te laisse, là. ... Non... Enfin là, je sais pas. Je te redirai, mais je pense pas. ... Ok. Tu les embrasses de ma part. ... Je note. Bon Oli... ... On peut dire ça, oui. ... Mmmhmmmh... ... Oui. ... Merci. À demain Oliver ! J'ai bien cru qu'il raccrocherait jamais, soupira James en rangeant son téléphone dans la poche arrière de son jean. Qu'est-ce que tu me racontais déjà ?
— L'appartement, rappela Ashling. »
Juste avant qu'Oliver ne les interrompe, Ashling avait bien dû passer une heure à expliquer à James comment elle s'était décidée à rester à Londres. Elle avait avancé tout un tas d'arguments qui étaient tous là pour tenter de la convaincre, elle en première intention, qu'il s'agissait de son idée et qu'elle ne faisait absolument pas ça parce que sa mère voulait qu'elle reste à Londres. Pourtant, Ashling connaissait la vérité, et James aussi. Mais il avait marché dans son sens et elle avait apprécié l'attention.
« L'appartement ! se souvint James. Tu l'auras tout l'été ?
— C'est ça ! Alexandra part en Italie vendredi et Lilli rentre en Écosse le même jour, il me semble... Elles ne rentrent que fin août. Donc un immense appart' pour moi toute seule pendant deux mois... Le rêve. Je vais presqu'avoir l'impression de vivre ta vie... rajouta Ashling en souriant.
— Je viendrai te tenir compagnie, promit James en reprenant une gorgée de son café.
— Tu viendras écrire au pied du canapé ? On a un tapis hyper confortable. Je l'essaye souvent...
VOUS LISEZ
I Want To Write You A Book - [Terminé]
Teen FictionElle s'appelle Ashling. Il s'appelle James. Elle est une étudiante en lettres totalement anonyme. Il est un guitariste mondialement connu. Elle affectionne sa vie simple. Il a oublié la sienne. Elle n'ose plus croire en son rêve. Il a atteint les...