Chapitre Quarante-Sixième
Il devait être deux ou trois heures du matin. James n'avait même pas la foi de regarder l'horloge de la cuisine. De toute façon, il avait toujours été nul à lire l'heure sur une pendule à aiguilles. Il en avait une, uniquement parce qu'il trouvait ça très classe une grande horloge dans une grande cuisine.
Ashling dormait dans le canapé. Il pouvait la voir. Après qu'il ait un peu réussi à la calmer, ils étaient descendus au salon et James lui avait préparé un chocolat chaud. Avec du lait et des carrés de chocolat directement fondus dedans. Ashling l'avait remercié par un regard puis s'était installée dans un coin du canapé. James l'avait regardée en attendant qu'elle lui parle, mais c'était presque comme si sa peine avait eu raison de sa voix. Alors ils étaient restés en silence, chacun à un bout du canapé. James aurait pu allumer la télé, pour casser le lourd silence de l'appartement. En plein milieu de la nuit, il aurait bien trouvé un sport aussi passionnant que le curling pour occuper l'écran ou un documentaire animalier qui ne passe qu'à ces heures avancées de la nuit. Mais il n'en fit rien. Il resta là, assis sur son canapé à regarder Ashling. Il n'avait même pas pris de guitare.
Et puis elle avait finit par s'endormir. Quand il fut certain que son sommeil était assez profond, il l'avait étendue sur le canapé et avait recouvert son corps d'une grosse couverture pour qu'elle n'attrape pas froid. Et lui, il était resté dans le salon. À attendre. Attendre quoi ? Il ne savait pas bien. Beaucoup de choses. Que le sommeil arrive. Qu'Ashling se réveille. Qu'elle parle. Qu'il arrête de penser. Que quelque chose se passe tout simplement. Mais rien ne s'était passé alors dire que James attendait que le temps passe était sûrement la formule la plus proche de la réalité. Le truc, c'est qu'avec une activité pareille, le temps se met à se rallonger de manière assez exponentielle. D'autant que James avait attendu jusqu'à sept heures quarante-quatre. C'est l'heure à laquelle les yeux d'Ashling s'étaient mis à papillonner. Il l'avait tout de suite vu, parce qu'entre temps, il s'était assis sur sa table de salon, juste en face de son visage.
« Salut toi...
— T'es toujours là ?
— Oui. Pourquoi veux-tu que je ne sois pas là ? demanda-t-il en approchant sa main pour caresser la joue d'Ashling et en profiter pour enlever cette mèche brune qui lui barrait la joue.
— Parfois avec toi, j'ai l'impression d'être Cendrillon, sauf que les douze coups de minuit n'arrivent jamais. Et je passe mon temps à attendre qu'ils arrivent. »
L'expression fit sourire James qui descendit de sa table de salon pour s'approcher un plus du visage d'Ashling.
« Qu'est-ce que tu veux faire ?
— J'ai faim... murmura-t-elle en couvrant son estomac pour tenter de faire taire les bruits.
— Tu me rejoins dans la cuisine ? Réveille-toi doucement. »
Ashling hocha doucement la tête avant que James ne pose un baiser sur sa tempe. Elle attendit quelques minutes, s'étira un peu les jambes qu'elle sentait toutes engourdies puis se leva doucement du canapé tout en maintenant la couverture bien serrée autour de ses épaules. James était assis sur le plan de travail comme d'habitude, la cafetière qui passait doucement du café frais à sa gauche et la plaque de cuisson avec une vieille bouilloire à sa droite.
« Je trouvais pas la bouilloire électrique, mais j'ai trouvé ça dans un placard, expliqua-t-il devant la drôle de tête d'Ashling en voyant l'antique appareil et ça la fit sourire.
— Parfois je me demande si tu vis vraiment ici... dit-elle en s'approchant pour vérifier la température de l'eau.
— Si. Regarde, j'ai même réussi à faire griller le pain. »
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I Want To Write You A Book - [Terminé]
Teen FictionElle s'appelle Ashling. Il s'appelle James. Elle est une étudiante en lettres totalement anonyme. Il est un guitariste mondialement connu. Elle affectionne sa vie simple. Il a oublié la sienne. Elle n'ose plus croire en son rêve. Il a atteint les...