XXXV

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On n'a pas dormi de la nuit, on est resté dans le lit les yeux ouverts, on n'a rien dit après notre dernière conversation. Je sais que ça ne va pas être simple de me séparer de lui, je sais que rien ne sera simple, mais je ne suis pas sûr de vouloir rester. Ou alors c'est ce que j'essaye de me faire croire à moi-même. Est-ce que je ne veux vraiment plus rester avec lui ? Ou est-ce que je me fais croire ça ? Parce que je sais que je suis du genre à faire une chose quoi qu'il arrive, rien ne peux m'arrêter si j'en décide ainsi, et là, je laisse les choses traîner. Je l'aime vraiment de tout mon cœur, même après tout ce que j'ai vécu...

Mero a reçu un appel, il n'a presque rien dit, il a simplement dit oui ou non. Je suis assise dans le petit salon, je regarde mon téléphone, il y a deux appels de mon père, mais je ne veux pas lui répondre. Ma mère m'a appelé plus d'une centaine de fois, mais je ne peux même pas répondre. Quelqu'un toque à la porte, Mero me fait signe d'attendre, il se lève et il va ouvrir. On nous a envoyé le petit déjeuner, Mero laisse l'homme entrer et il vient s'asseoir à côté de moi quand il s'en va.

« - Mange un morceau, on va aller prendre le train.

- Je n'ai pas faim. Il soupire et il me regarde.

- Hier aussi tu n'as rien mangé. Je ne réponds pas. Bon... Prends tes affaires, on va aller prendre le train. »

Je vais prendre mon sac et ma veste, on sort de la suite puis on descend en bas. Louis Parson vient nous voir, il essaye de convaincre Mero pour rester ici cette nuit aussi, histoire de dîner ensemble, mais Mero lui dit qu'il a beaucoup de chose à faire à Paris. On se salue et on sort de l'hôtel pour monter dans la voiture. Mero conduit silencieusement jusqu'à la gare où on va prendre le train.

Dans le train, je ferme les yeux un moment, mais je ne pensais pas que j'allais m'endormir. Je suis tellement épuisée, j'avais besoin de dormir, ma tête tombe sur l'épaule de Mero, il me regarde d'un air étonné et il finit par sourire. Il ferme les yeux lui aussi, on s'endort comme ça l'un avec l'autre pendant tout le trajet. Quand le train s'arrête, je redresse ma tête, Mero se réveille aussi, on se lève et on descend du train. En sortant de la gare, c'est Brado, Emirhan et Mucho qui nous accueillent, ça me rappelle lorsqu'on est rentré de notre lune de miel...

« - Vous allez bien ? Demande Emirhan.

- On va dire que oui. Répond Mero. Il y a eu un problème ici ?

- Oncle Demir est partit avec Gökhan abi parler aux tchétchènes. Explique Brado et Mero serre les poings. D'après Vedat, ils sont en train de faire la paix.

- Qui les a autorisé à faire ça ?

- Les tchétchènes ont déclaré la guerre à tous les turcs. Continue Emirhan. Les petits commerces se sont sentis en danger, ils ont essayé d'attaquer le quartier, mais on a mis des gars pour monter la garde un peu partout. Sibel, Laura, Stacy, tes parents, on les a ramené au quartier.

- Bonne idée, Emirhan. Faites tous attention, ne traînez pas seul et sans armes.

- Tu vas bien, Maria ? M'interroge Emirhan en posant son bras sur mes épaules.

- Ça va. Je vais prendre un taxi pour rentrer à la maison.

- Tu restes avec nous. M'arrête Mero. On n'est pas en sécurité. Il faut faire attention, les tchétchènes n'ont pas de pitié.

- En parlant de ça... Mucho se gratte la nuque. Ils ont attrapé un des nôtres, ils l'ont torturé, quand ils ont vu qu'il ne parle pas, ils l'ont tué et ils ont attaché son corps nu pas loin du quartier. Avec des membres en moins, dont sa masculinité en moins. Mero passe une main sur son visage alors que je suis dégoûtée.

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant