LII

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Je suis au bureau, tout ce que je n'ai pas pu faire hier, je le fais aujourd'hui, évidemment. Enes est partit régler l'affaire d'El Khiari, je ne sais pas s'ils sont encore en train de le torturer ou bien s'ils l'ont tué depuis longtemps, tout ce que je sais, c'est qu'ils vont récupérer tous ses biens. Ça rajoute de la richesse à la richesse d'Enes. Oui, ça me dérange. Je suis encore sur cette histoire de pouvoir qui monte à la tête, parce que c'est humain, ça peut arriver, mais si je peux l'éviter, je ferais tout pour, vraiment tout.

Riyad me prévient que Hava est arrivée, elle m'avait dit qu'elle allait venir me parler, elle est arrivée devant le bâtiment d'après les gars. Elle monte en haut, je vais l'accueillir et on s'installe pendant que Riyad nous apporte trois thés.

« - Tu es venue pour t'excuser ? Lui demandais-je.

- M'excuser ? Absolument pas. Tu m'as étranglé.

- Parce que tu nous as manqué de respect à mes amis et moi.

- Oui, peut-être. Mais dans tous les cas, on est quitte. Je t'ai mal parlé et tu m'as étranglé.

- Très bien. Mais si tu es venue jusqu'ici j'imagine que ce n'est pas pour me dire qu'on est quitte.

- Non. En réalité, je pensais qu'on pouvait arranger cette histoire d'affaire, nous les femmes. Mais j'ai l'impression que tous les gens qui s'approchent de vous soit ils meurent, soit ils sont gravement blessés.

- Quand tu es à ce niveau dans ce genre d'affaire, les gens veulent forcément t'éliminer.

- Pourquoi pas directement Mero ?

- Parce qu'ils n'arrivent pas à le toucher. Tu ne vas quand même pas me demander comment j'espère.

- Non, je m'en fous. Moi, je veux qu'on reprenne nos affaires. Plus personne ne veut travailler avec nous à cause de vos conneries. Je fronce les sourcils. Quoi ? Tu n'es pas au courant ? Les gens pensent qu'on a menacé ton Mero et qu'il nous a viré.

- Donc pour eux, s'ils se mettent à travailler avec vous, on va forcément leur tomber dessus, c'est ça ?

- Exactement. Je ne viens pas te voir pour mendier du travail, mais pour qu'on remette certaine chose dans l'ordre.

- Et bien, Thiago propose des bateaux qui sont assez bien et il nous fait un bon prix. Surtout, il ne profite pas de notre galère pour nous prendre plus d'argent. Elle commence à s'énerver alors que j'arque un sourcil.

- On n'a pas profité de votre galère !

- Si vraiment tu veux faire affaire avec moi tu baisses d'un ton. Dis-je sur un ton strict. Sois objective un peu. Si mon mari avait profité de votre galère comme ça, je l'aurais assumé devant le monde entier, et tout le monde sait que j'ai déjà exprimé les torts de mon mari face aux autres. On a eu un gros problème avec nos camions, les chauffeurs auraient pu mourir. On a appelé ton père, il a augmenté le prix, il nous a imposé des choses. Tu veux que ça avance comment honnêtement ? Qu'on dise que ce n'est rien ? C'est quelque chose. Même les plus grandes mafias n'oseraient pas dire ce genre de chose. Les menaces indirectes comme celles-ci, on en a tous les jours, mais ceux qui nous les font, ils ne sont plus de ce monde. »

Elle réfléchit un instant, je crois qu'elle se rend compte de ce que son père a fait, elle a le regard perdu dans le vide, l'air pensif, mais elle finit par lever les yeux vers moi. J'attends qu'elle dise un mot, elle a l'air d'avoir quelque chose en tête sans vraiment en être sûr.

« - Je vais prendre la responsabilité de toutes les affaires de mon père. Je la regarde avec incompréhension. Je vais dire à mon père de me laisser gérer tout à partir de maintenant, et je te promets qu'il n'y aura plus jamais ce genre de soucis.

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant