XCIII

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Je suis à la maison, je viens de doucher Eymen, Hava m'a dit qu'elle va passer me voir. Je pense que l'arrivée de son père a dû lui faire du bien, Idris Demirol est un homme ouvert d'esprit, il est de l'ancienne époque mais il a évolué, c'est vraiment une chance que son père soit ainsi. Alors que je suis en train d'habiller Eymen, je reçois un appel, je ne peux pas laisser Eymen comme ça, qui que ce soit m'appellera une seconde fois si c'est important, je ne veux pas que mon fils attrape froid. Je finis de l'habiller puis je le pose dans son berceau pour attraper mon téléphone. Antoine Revon ? Étrange. Pourquoi il m'appelle ? Il n'a peut-être pas pu joindre Enes. Je devrais l'appeler, ça doit sûrement être important. Et en effet, c'est très important, parce que je n'ai même pas entendu sonner qu'il répond déjà et on se salut.

« - J'ai appelé votre bureau, mais un de vos hommes m'a dit que vous n'y êtes pas.

- Je n'y suis pas tous les jours.

- Je comprends. Je voulais savoir s'il est possible qu'on se voit. J'arque un sourcil. J'aimerai vous parler affaire.

- Vous avez Mero pour ça.

- Non, je veux vous parler de vos affaires.

- D'accord, j'ai compris. Si ce n'est pas urgent, je pourrais vous recevoir demain dans mon bureau.

- C'est parfait. Passez une bonne journée.

- Vous aussi. »

Je raccroche et je souffle. Je suis sûr que je vais bientôt me faire attaquer, si Antoine Revon dit ça, c'est forcément pour ça. Et il veut le cacher à Mero, parce qu'il sait qu'il va faire un carnage. Et quelque chose me dit que tout ça à un lien avec les Bahtiyar. Ils foutent la merde partout, ils sont de plus en plus présents. Ils volent les camions, les conteneurs, les marchandises en vente. Revon va soit me dire de l'aider à les arrêter sans faire couler de sang, soit il va tenter de me convaincre pour que je puisse à mon tour convaincre le grand Mero à les arrêter sans faire couler de sang. Encore une fois, tout repose sur les femmes.

Enes est dans son bureau avec Emirhan, ce dernier ne sait absolument pas qu'Idris Demirol est en chemin pour venir lui parler, s'il le savait, il ne serait pas resté. Enes ne lui a pas mentit cette fois-ci, il a dit qu'un de ses clients est en route pour venir leur parler, mais il n'a pas dit qui c'est et de quoi il va parler, alors ce n'est pas un mensonge vu qu'Idris Demirol est réellement un de leur client. Enes n'est pas serein, parce qu'il sait qu'Emirhan à la haine et qu'au moindre mot d'Idris Demirol, il va vouloir lui sauter à la gorge. Mais il espère plutôt que le vieil homme puisse arranger les choses.

Riyad appelle Enes, il lui dit qu'Idris Demirol est ici, Enes lui dit de leur apporter trois thés et il raccroche en regardant Emirhan qui a le regard perdu dans le vide. Quelqu'un toque à la porte, Enes autorise l'accès et Idris Demirol entre. Emirhan contracte sa mâchoire en le voyant, mais il ne dit rien, Enes salue le vieil homme et lui fait signe de s'asseoir. Un silence règne pendant un court moment, Idris Demirol n'a pas l'air d'être fâché, il est plutôt calme, et ça, ça n'échappe pas à Enes. Riyad entre avec le plateau entre ses mains, il dépose les verres devant eux et il ressort rapidement. Enes fait signe à Idris Demirol de parler.

« - J'étais contre l'union de ma fille avec un homme qui est dans notre domaine, je voulais qu'elle se trouve un simple fonctionnaire ou un autre merdeux normal. Mais je n'ai pas toujours voulu ça. C'est moi qui lui ai présenté Tahir Bahtiyar, ayant eu plusieurs affaires avec son père, je voulais que nos familles se rapprochent encore plus en unissant nos enfants. Mais j'ai fait la plus grosse erreur de ma vie. Tahir a fait vivre un enfer à ma fille. Les tromperies, la violence, alors qu'ils n'étaient ni mariés, ni fiancés, ni promis. Juste une relation à laquelle j'ai forcé ma fille pour qu'elle puisse se rapprocher de lui pour finir par les marier. Je les ai ensuite séparé, ma fille n'a plus jamais fait confiance à un homme, et j'ai commencé à me dire qu'elle doit se marier avec un homme loin de notre domaine. Sauf qu'elle t'a rencontré, quand je tentais de la dissuader de se mettre avec toi, elle me disait « Papa, pour la première fois de ma vie, un homme me respecte et se préoccupe de moi, de ce que je ressens ». Le regard d'Emirhan s'est adoucit même si son visage laisse croire le contraire. Pour la première fois, ma fille se sentait réellement aimé. Tu ne peux pas faire du mal à ma fille, si tu dois punir quelqu'un, c'est moi. Frappe-moi si tu veux, mais ne fais pas de mal à Hava.

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant