LXVIII

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Je dois sortir faire les courses aujourd'hui. Je devrais peut-être me les faire livrer, ça m'évitera de sortir. Je ne suis pas sortie de mon lit toute la journée, je suis restée là à ne rien faire, ne rien entendre, juste le silence. C'est bien, ça détend. Je sais très bien que si j'avais attendu que mes beaux-parents rentrent, ils ne m'auraient pas laissé partir et Mero m'aurait fait encore plus de mal en me parlant. Fuir n'est pas la solution, mais c'est un moyen pour réfléchir et revenir plus fort.

Je décide finalement de sortir faire les courses. Qu'on me voit, qu'on me reconnaisse, je n'en ai rien à faire, Mero ne pourra plus s'approcher de moi. Au moment où j'allais sortir, mon téléphone sonne une nouvelle fois. Je regarde qui c'est, en voyant le prénom de Hava, je décide de lui répondre, elle mérite de savoir où je suis.

« - Allô.

- Putain mais tu es quel genre d'imbécile ?! Tu as vu le nombre de fois que je t'ai appelé ?! Les messages que je t'ai envoyé ?! Mais qu'est-ce que ça signifie de partir comme ça sans prévenir ?! Tu as...

- Si tu cries encore une fois, je raccroche. Elle respire un grand coup pour se calmer.

- Tu vas bien ?

- Non. Mais je reste debout.

- Tu es où ? Dis-le moi. Je vais venir te voir.

- Tu vas bientôt le savoir.

- Comment ça ?

- Je vais sortir faire les courses, il y a forcément quelqu'un qui va me reconnaître et prévenir l'autre connard. Vous l'apprendrez par lui. Il va sûrement vouloir me ramener à la maison parce qu'il est en train de se faire engueuler par tout le monde.

- Maria... Reste froide autant que tu veux, j'entends la douleur dans ta voix. Mes yeux se remplissent de larmes.

- On en parle plus tard. Je vais faire les courses. Si tu vois Mero bouger, ou que tu entends qu'il va quelque part, suis-le.

- D'accord. »

Je raccroche et je souffle un grand coup. Je sais très bien que ça va arriver, il va venir, il va me dire de revenir, pour sa réputation, pour que ses parents arrêtent de le faire chier. Mais pas parce qu'il m'aime. S'il m'aimait, il ne m'aurait pas fait ça. Pour moi, dès l'instant où il a pensé à une autre, l'amour a pris fin.

Je monte les courses dans ma voiture, comme prévu, quelques personnes m'ont reconnu et ils m'ont salué. Mero va bientôt savoir que je suis là, mais Dieu sait quand. Je monte dans ma voiture et je conduis jusqu'à la maison. Pour l'instant, il n'y a aucun signe de lui, et tant mieux. J'arrive à la maison, je sors mes gros sacs du coffre et j'avance jusqu'à la porte. C'est là que je me rends compte que j'ai parlé trop vite. Il est juste à côté de ma porte, la mâchoire contractée, il me regarde longuement. Je ne le regarde même pas, je pose mes sacs par terre et je sors mes clés pour rentrer à l'intérieur mais il m'en empêche en se mettant devant ma porte.

« - Pousse-toi. Dis-je froidement sans le regarder.

- C'est donc ici que tu as fuit. À qui est cette maison ?

- Je t'ai dit de te pousser et je ne me répéterai pas.

- Maria, je... »

Je souffle et je le pousse pour pouvoir rentrer chez moi. Je prends les sacs, je rentre à l'intérieur alors qu'il est en train de bouillir de l'intérieur. J'allais fermer la porte, mais il la pousse et il rentre de force.

« - On rentre.

- Je ne viens nul part.

- Je ne t'ai pas demandé ton avis. Il m'attrape le bras.

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant