Eymen Enes est dans sa voiture, il regarde le paysage défiler à travers la vitre pendant que le chauffeur conduit tranquillement jusqu'à son bureau. Il est pensif aujourd'hui, et il y a bien une raison à ça. Aujourd'hui, ça fait 12 ans qu'il a perdu ses parents. Et oui, Maria et Enes, ce couple qui semblait pourtant ne jamais avoir de fin, ils en ont bien une. Leur mort a été tragique, douloureuse, mais personne n'a souffert comme Eymen Enes et ses sœurs. Ils ont perdu leurs parents, sans pouvoir rien y faire, ils sont morts devant leurs yeux. Eymen Enes ferme les yeux lorsqu'il s'en souvient, surtout lorsqu'il voit le sourire sur le visage d'ange de sa mère et la fierté dans le regard de son père.
Il arrive au bureau, il est énormément épuisé, il n'a pas dormit toute la nuit, il n'a pas arrêté de faire des cauchemars toute la semaine, parce qu'il savait que ce jour approchait. Les gars qui le voient le saluent de loin, il ne leur prête pas attention, il avance jusqu'à son bureau, son cousin est déjà là, il est en train de parler au téléphone, en voyant Eymen Enes venir, il s'empresse de raccrocher.
« - Mon frère, tu n'aurais pas dû venir. On s'occupe d'ici.
- Je n'arrive pas à rester à la maison. J'ai l'impression d'entendre ma mère et mon père dans toute la maison.
- Tu veux venir à la maison ?
- Non, Meryem et Ada m'attendent, elles ont besoin de moi.
- Où est-ce qu'elles sont ?
- Meryem n'est pas sortie de sa chambre, Ada est descendue au sous-sol pour ne pas sortir de son bureau toute la journée. Elle noie son chagrin dans l'art elle au moins, mais Meryem... Il souffle désespérément. Meryem se braque, elle ne pleure pas, mais elle ne dit pas un mot.
- Grand-mère n'a pas essayé de lui parler ?
- Elle est allée la voir, mais Meryem reste juste assise sur son lit, elle fixe un point dans le vide. Aucune larme, rien. Grand-père dit qu'elle est exactement comme ma mère.
- Elle porte son prénom après tout. Tante Maria était magnifique. Eymen Enes prend le cadre sur son bureau.
- Oui, elle était parfaite. Et mon père n'était peut-être pas parfait, mais c'était le meilleur homme qui existait.
- Mon oncle était vraiment le meilleur. »
Le téléphone sonne, Eymen Enes fait signe à Hamza de répondre, il continue de regarder la photo où il y a sa mère, avec Meryem entre ses bras, son père avec Ada entre ses bras, et lui entre eux. Maria tenait la main d'Eymen Enes, et pour lui, ce petit geste représentait le monde. Il aimerait tant que sa mère revienne, qu'elle lui tienne la main, qu'elle lui dise des mots rassurants. Que son père l'attrape entre ses bras, qu'il le serre contre lui, comme il a toujours eu l'habitude de le faire. Eymen Enes ressent chaque jour le manque de ses parents, et il sait qu'il n'est pas le seul.
Ada est en train de peindre, elle donne des coups de pinceaux violent, sans même s'en rendre compte, sa grand-mère la regarde tristement, elle finit par aller vers elle et elle lui tient tendrement la main. Ada s'arrête, elle souffle et elle regarde sa grand-mère les yeux larmoyants.
« - Mamie... Ils me manquent tellement...
- Oh mon cœur... »
Elle se réfugie entre les bras de sa grand-mère, elle pleure, elle lâche tout, elle n'arrive plus à supporter le poids de ce que représente la perte de ses parents. Simay va les voir, en voyant que Ada est très mal, elle part pour la rassurer, elle la prend entre ses bras pendant que sa grand-mère essuie ses larmes en quittant le sous-sol, elle décide de monter en haut.

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Criminel
RomansaUn an éloignée de ma ville pour aller à la campagne, et je suis devenue une autre personne. Bien sûr, je n'ai jamais voulu changer, j'étais bien dans ma peau, mais j'ai dû renoncer à tout ça quand lui, celui avec qui je me sentais bien, m'a finaleme...