Criminel

XCIV

On est dans la salle d'attente, Enes tient Eymen entre ses bras, il le regarde avec un sourire tendre, moi je suis froide, sans aucune expression sur le visage. Je me suis complètement braquée depuis ce qui s'est passé hier soir, je n'arrive pas à être sereine. Enes me lance un regard, quand il remarque la manière dont je serre le carnet d'Eymen entre mes mains, il perd lentement son sourire, il pose sa main sur la mienne, je tourne ma tête vers lui pour lui faire un petit sourire.

« - Ça va bien se passer. Je hoche la tête et la porte s'ouvre.

- Eymen Enes Meral. »

On se lève, on va voir le médecin et on lui serre la main. Mon cœur se met à battre vite, on rentre et on s'assoit en face de son bureau. Il reparle de la dernière fois que j'étais venue, je hoche la tête, puis je lui explique ce qui s'est passé hier soir. Il fait un petit sourire à Eymen, puis il me dit de le mettre sur le brancard et de le déshabiller. Je récupère Eymen des bras d'Enes, je le pose sur le brancard et je le déshabille d'une main tremblante. Le médecin vient à mes côtés, Enes nous regarde attentivement. Quand le médecin le pèse et qu'il le mesure, il note les informations dans son carnet, puis il me regarde.

« - Il mange bien ?

- Il ne mange pas beaucoup. Comme je vous l'ai dit, il ne mange pas, il ne pleure pas, mais il dort beaucoup.

- D'accord. Comme convenu, on va lui faire quelques tests sanguins, une radiographie et l'imagerie par résonance magnétique. Vous pouvez prendre le petit, une infirmière va venir vous emmener à la salle de radiographie. Enes vient près de moi pendant que le médecin va vers son bureau.

- Qu'est-ce qui se passe, Maria ?

- Ils vont voir s'il n'a rien de grave. Je prends Eymen contre moi. J'ai peur, Enes...

- Tout ira bien, j'en suis sûr. »

Il le dit pour nous rassurer tous les deux, parce qu'on est vraiment en stresse. Une infirmière vient nous voir, Enes me donne le plaid d'Eymen et on sort de la salle pour suivre l'infirmière jusqu'à la salle de radiographie. Une salle avec beaucoup de machine, une salle qui m'oppresse. Elle me montre où je dois poser Eymen, mes mains tremblent lorsque je le pose sur la table, Eymen à les yeux grands ouverts, il bouge un peu, Enes lui caresse la joue pour le calmer mais il lui attrape la manche de sa veste fermement, c'est à ce moment que je vois les larmes monter aux yeux d'Enes, alors qu'il tentait de paraître souriant. Ça ne dure que quelques secondes, je récupère à la vitesse de l'éclair mon fils, le cœur en miette.

On est dans la salle de l'imagerie médicale, Eymen est très calme entre mes bras, j'entends le petit garçon d'à côté pleurer à s'en arracher les cordes vocales, on regarde vers lui, ils l'ont momifié pour l'emmener faire l'IRM. Je m'imagine Eymen qui est comme ça et ma respiration s'accélère.

« - Je ne veux pas... Enes lève sa tête vers moi. Partons d'ici, Enes... Je ne veux pas qu'ils emmènent mon fils...

- Maria... Il se lève et il tente de parler mais il a du mal. Ça ne va durer que quinze minutes, ensuite, on s'en ira. Deux infirmières viennent nous voir.

- Bonjour. Alors, on va d'abord prendre quelques tubes de sang. Vous pouvez le poser ici. »

Je pose Eymen sur le petit lit, quand l'infirmière le pique et qu'il se met à pleurer, Enes tourne le dos en fermant les yeux. Il ne supporte pas de voir notre fils avoir mal, il respire un grand coup pour pouvoir se calmer, mais entendre Eymen pleurer le détruit. L'infirmière regarde dans sa direction, puis elle me regarde.