Criminel

LXXXI

Je sors de chez moi en courant, je monte dans ma voiture et je conduis jusqu'à l'hôpital. Oui, encore... J'ai appris qu'une attaque a eu lieu chez les Delov, ils sont nombreux à être blessés, un groupe de personne a attaqué la maison, ils ont tiré sans viser. Je n'ai eu aucune autre nouvelle, tout ce que je sais c'est qu'ils sont nombreux à l'hôpital. Je n'ai aucune nouvelle des nôtres aussi, et ça, ça m'inquiète encore plus. En plus, j'ai des douleurs au ventre, comme des crampes, c'est pas bon...

J'arrive près de l'hôpital, ils sont vraiment plus nombreux que ce que je pensais. Je descends de la voiture et j'avance vers l'entrée, je cherche en même temps quelqu'un que je connais parmi toutes ces personnes, mais il n'y en a presque pas, ce sont tous des russes. Je trouve les nôtres près de l'entrée en train de fumer avec Viktor Delov, je m'approche d'eux et c'est Enes qui me voit avant les autres.

« - Viktor ? Il se tourne vers moi, il a du sang partout. Qu'est-ce qui se passe ?

- Je ne sais pas. Je ne sais même pas d'où vient cette attaque.

- Et... Est-ce qu'il y a...

- Oui. Il me répond alors que je n'arrive pas à finir ma phrase. Beaucoup.

- Où est Katya ?

- Elle a fait un malaise. Ils ne laissent personne aller la voir. »

Je hoche la tête, Mero vient vers moi et il m'attrape tendrement la main, il m'emmène loin des autres, je remarque qu'on va près de ma voiture. Je sais déjà ce qu'il va me dire... On s'arrête un moment, il regarde autour, je sais qu'il n'est pas serein, je le vois très bien.

« - Tu devrais rentrer, Maria. On est tous en danger.

- Je veux rester avec Katya, elle a toujours été avec moi.

- Maria, je ne veux pas que tu te fasses attaquer. Tu es en danger ici.

- Toi aussi. Et je ne veux pas te laisser seul en danger. Il me regarde longuement.

- Ne t'inquiètes pas pour moi.

- Tu sais bien que je suis toujours inquiète pour toi. Tu risques plus que moi. Je ne veux pas... Je ne veux pas qu'il t'arrive un malheur. »

Il me prend entre ses bras et il pose sa tête contre la mienne en fermant ses yeux. Il sait bien que je ne dis pas ça juste pour lui faire plaisir, ou pour l'amadouer afin qu'il quitte cet endroit avec moi, je suis sincère, je ne veux pas qu'il lui arrive un malheur, je ne le supporterai pas.

Il se sépare de moi pour me regarder, il me caresse tendrement la joue, mais notre regard est vite attiré par ce troupeau qui se forme d'un coup, c'est en fait Katya qui est sortit pour respirer un peu d'air frais. On part vers elle, Viktor vire tout le monde en demandant à ce qu'on la laisse respirer, Mero et moi, nous restons à l'écart, mais Katya me fait signe de m'approcher, on y va ensemble, je m'accroupis devant elle et je prends sa main dans la mienne.

« - Maria, ce sont les jours sombres... Ils sont encore plus sombres maintenant... Je me rappelle de ce qu'elle m'avait dit sur le balcon. On n'est plus en sécurité.

- Ne pense pas à ça. Ressaisis-toi, Katya, tu es une femme forte.

- Ma petite fille de quatre ans est morte devant mes yeux... Elle laisse couler ses larmes. Elle n'avait rien demandé à personne, elle était innocente, ils lui ont volé sa vie... Je contracte ma mâchoire. On n'a pas le droit d'être heureux, mais surtout, on n'a pas le droit de ramener des enfants innocents dans ce monde pour qu'ils finissent par mourir comme ça... »

Je me lève et je pars en marchant très vite, Mero fronce les sourcils, il ne comprend pas ce qui me prend, mais moi j'ai très bien compris Katya. Je ne dois pas ramener mon enfant innocent dans ce monde de merde, il ne mérite pas de voir et de vivre tout ça. Mais Mero ne sait pas tout ça, il ne comprend pas pourquoi mes yeux se sont remplis de larmes, et surtout, il n'arrive pas à comprendre le double sens dans la phrase de Katya. Elle a complètement raison bordel...