Criminel

III

Je sors de chez moi, je vais accompagner mon petit frère à son collège, ensuite, j'irai chercher un travail, c'est le bon moment. On marche tout en discutant avec Bruno, il dit qu'il a la flemme d'aller en cours, on a tous été comme ça, mais j'essaye de le motiver, aucun d'entre nous n'a réussi à étudier, je veux qu'il y arrive lui. En remarquant l'état de ses chaussures, mon cœur se serre, je le regarde longuement, il n'est pas du tout bien apprêté, je sais que mon père n'a pas assez pour dépenser pour ça, mais ça doit s'arrêter. On arrive devant son lycée, il rejoint ses amis et il leur fait une tape sur la main, moi je le regarde avec un petit sourire puis je continue mon chemin.

J'ai postulé sur internet, mais je dois quand même aller déposer quelques documents dans certains endroits. Je vais faire des demandes pour un peu partout, des magasins, des boutiques, des restaurants, des hôtels, plusieurs endroits en gros. J'espère que je serais acceptée au moins, ça me ferait chier de m'être déplacée pour rien. Si ça ne marche pas, j'irai voir ma tante, mais je ne sais pas si j'ai vraiment envie de travailler avec elle, même si je l'aime beaucoup. Je préférerai travailler avec des inconnus, au moins je pourrais me plaindre tranquillement si jamais il y a un problème. Si c'est la famille et que je me plains, alors je vais passer pour l'impatiente, l'avare, et c'est tout ce dont je ne suis pas.

J'ai finalement déposé à plus d'endroit que je pensais. Je prends le chemin pour retourner au quartier, sur mon chemin je vois Mero sortir d'un endroit, il est habillé avec beaucoup de classe, la façon dont il se tient, il a tout d'un grand patron. Un petit sourire apparaît sur mon visage involontairement, je pars finalement vers lui et quand il me voit arriver avec un sourire, il sourit à son tour. On se salue et je jette un coup d'œil derrière lui discrètement pour voir si Brado ou Mucho ne sont pas là, visiblement, non.

« - Qu'est-ce que tu fais ici ? Dis-je avec un petit sourire.

- C'est un de mes bureaux.

- Un de tes bureaux. Excusez-moi, monsieur, je n'ai pas l'habitude de vous voir aussi riche. On rigole tous les deux.

- Arrêtes, je ne suis pas aussi riche que ça. Je plisse les yeux et il rigole. Bon ok, un peu.

- Un peu, ouais. En tout cas, je suis heureuse de voir que ça avance bien pour toi.

- Ça pourrait bien avancer pour toi aussi si tu venais travailler à mes côtés. J'allais parler mais il m'en empêche. Je ne te mettrai jamais en danger, Maria.

- Tu n'as même pas besoin de préciser ça, je le sais très bien. Ce n'est pas contre toi si je refuse, je refuse même d'aller voir ma tante pour l'instant. Je préfère avoir un job de ce que j'ai demandé.

- Je vois. Mais je tiens quand même à ce que tu saches que je te veux. Je hausse les sourcils sans le faire exprès. Enfin, je te veux en tant qu'employé, tu vois. Il est très gêné alors que ça m'amuse.

- Oui, ne t'en fais pas j'ai compris. Je pose ma main sur son bras et il me sourit.

- Mero ! »

On se tourne vers la voix aiguë. C'est sa copine, Leïla, je la regarde en arquant un sourcil parce qu'elle est très énervée, elle me fusille du regard. Elle vient près de nous et elle attrape le bras de Mero comme pour me montrer qu'il lui appartient, alors que ce dernier a juste l'air d'être embêté par la situation.

« - Salut, Maria. Elle me salue sèchement. Qu'est-ce que tu fous là ?

- Je parle avec mon ami, ça se voit non ?

- Tu es un peu trop proche de lui à mon goût.

- Et toi tu es un peu trop hystérique à mon goût.