XLVII

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Tout va mieux depuis un certain temps. Je suis revenue à ma vie d'avant, je suis aux côtés des garçons mais surtout aux côtés de celui que j'aime. Ça me fait du bien de voir que finalement rien n'a changé. Enfin, sauf l'absence de nos amis... Autrement, tout est à sa place. On est heureux tous ensemble, on essaye de vivre aussi bien qu'on le peut, et surtout, on veut éviter au maximum les problèmes.

En parlant de problèmes... Je pensais que les Foden auraient voulu se venger, ou même arrêter les affaires après la mort de leur sœur, mais non, au contraire, ils lui ont fait un enterrement, ils ont demandé la permission à Enes en le faisant, puis ils ont continué en s'excusant de tout ce que leur sœur avait fait. J'étais choquée, on l'était tous, on se préparait même à une guerre entre les deux familles, mais non, ils se sont excusés et ont dit que les affaires étaient très importantes. Oui, ils pensent à l'argent et pour eux, tout ce que Kayla Foden a fait étaient des gamineries. Mais les gars ne leur font pas confiance, en fait, aucun d'entre nous. Du coup, ils gardent un œil sur eux au cas où ils voudraient se venger discrètement dans notre dos. Même si j'y crois peu, à mon avis, ce sont juste des gens qui pensent beaucoup à l'argent et qui n'en ont rien à faire de la famille.

Je suis au téléphone avec un des chauffeurs qui font le transport de nos livraisons vers le sud. Deux des trois poids-lourds sont tombés en panne, Enes s'est inquiété et il est partit les voir, ils n'étaient pas très loin de l'Île-de-France. Il a raison d'y aller, parce que ça peut être des pièges, même si je ne l'espère pas. Je parle avec celui qui n'a rencontré aucun problème, il me dit que les gars qui ont fait les révisions des poids-lourds ne se sont pas vraiment cassés la tête et ils ont tout fait à la va vite. Ça me rassure, je ne veux pas faire face à des ennemis qui sortent de nul part. La porte du bureau s'ouvre, je raccroche avec le chauffeur, les gars rentrent à l'intérieur et Enes vient déposer un baiser sur mon front.

« - Tu parlais à qui ?

- Au chauffeur qui n'a rencontré aucun problème. Il m'a dit que ce sont les mecs qui font habituellement les révisions qui ont causé ça.

- Oui. Répond Enes. D'ailleurs, prépare les procédures de licenciement.

- Mais ça peut arriver à tout le monde de faire des erreurs, non ? Dis-je d'un air perdu en regardant les gars.

- Une voiture, oui, mais deux non. Ils viennent de me coûter des frais de retard qu'ils vont déduire du paiement final.

- On ne peut pas travailler avec des incapables, ça va nous coûter très cher. Continue Samo.

- Si vous le dîtes. Je vais mettre une annonce pour les remplacer.

- Ce n'est pas nécessaire. M'arrête Enes. J'ai parlé avec ton oncle Malik en route, il m'a dit qu'il connaît de très bon mécanicien.

- Oui, je vois de qui il parle, enfin, l'un d'entre eux. Quand j'étais à Dijon, il passait souvent, un gars très gentil. »

Il me regarde longuement alors que je lui lance un regard interrogateur. Lui, il est vexé. Je le regarde en fronçant les sourcils, les gars sortent, on reste enfin seul, je pars vers son bureau et je m'assois dessus pour être face à lui. On dirait qu'il boude. Est-ce que je me trompe ? Non, il boude vraiment. Ça m'amuse mais j'essaye de ne pas le montrer au risque de l'énerver cette fois-ci.

« - Qu'est-ce que tu as ?

- Rien, pourquoi ?

- Parce que je te connais depuis que je suis toute petite et surtout parce que je te connais mieux depuis qu'on est marié. Tu boudes ?

- Honnêtement ? Bouder ?

- Qu'est-ce qui t'a fâché ? Il souffle et il regarde ailleurs. Dis-le moi.

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant