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Un mois, un mois s'est écoulé depuis sa mort, et Enes Meral n'est toujours pas en forme. Bien au contraire, il est détruit. De tout ce qu'il a vécu, rien ne l'avait affaiblit de cette manière, mais perdre sa femme, celle qui le tenait sur pied, celle qui lui redonnait de la force, ça lui a fait tout perdre. Il ne sait pas comment surmonter ça, mais ce qu'Emirhan a remarqué c'est qu'il n'a pas l'air d'avoir envie de surmonter ça. Lorsque l'oncle Demir a perdu sa femme, il avait cette envie de tout surmonter, lorsqu'Emirhan a perdu Elif, il avait envie de tout surmonter, mais ces deux-là l'ont fait sans pour autant oublier les femmes qu'ils aimaient. Mero pense qu'il va l'oublier, il ne veut pas l'oublier, il ne veut pas vivre non plus, il veut juste en finir avec Tamar et ensuite rejoindre celle qu'il aime. « On vit ensemble, on meurt ensemble », c'était ce qu'ils se disaient souvent, mais personne n'a envie de le voir mourir, et bien qu'il fasse confiance à Emirhan, il sait qu'il ne le tuera pas. Évidemment, il a des plans. Pourquoi il ne se suiciderait pas ? Selon ses croyances, les personnes qui se suicident vont à jamais en enfer, et lui, il sait que la femme qu'il aime toujours était un ange et que sa place est au paradis, il veut juste la rejoindre.

Mero a dormit dans le bureau cette nuit, enfin, dormir est un grand mot, il est resté ici, il a essayé de dormir, mais chaque fois, il revoyait ces images qu'il n'arrête pas de revoir depuis deux semaines, il n'arrête pas de revoir la mort de sa femme et il se réveille en sursaut. Et il n'arrive pas à dormir aussi parce qu'il ne retrouve pas Tamar. La porte s'ouvre, c'est Mucho qui entre, il vient s'asseoir devant le bureau et il regarde Mero qui allume sa cigarette.

« - Tu ne devrais pas fumer avant d'avoir mangé. Mero ne l'écoute pas. Tu as dormi combien d'heure cette nuit ?

- J'en sais rien. Il souffle sa fumée.

- On a fait des recherches avec les gars. Tamar s'est complètement effacé de la vie.

- Je savais qu'il allait faire ça. Il sait très bien que je vais le chercher partout.

- Comment on va le retrouver ?

- En le cherchant partout. Dès qu'il sort le bout de son nez, je l'attrape et j'en finis avec tout ça.

- Peut-être qu'on devrait...

- Fais attention à ce que tu vas dire. Le coupe Mero.

- Oui. »

Mucho ne finit pas sa phrase finalement, il regarde Mero fumer sa cigarette en regardant la photo de son mariage. Il ne mange plus, ne dort plus, il fume, il regarde la photo de son mariage, et c'est tout. Il ne supporte surtout pas qu'on dise quoi que ce soit de cette situation, de la mort de sa femme.

Les autres arrivent petit à petit, ils ne parlent plus trop, ils ne veulent pas dire une chose qui pourrait blesser Mero et ils savent qu'il ne veut pas rire, rire est le dernier de ses soucis. Le téléphone d'Emirhan sonne, il se lève pour aller répondre dans un coin calme, il ne parle pas beaucoup, il écoute surtout et il retourne vers les autres en raccrochant. Il regarde Mero qui est perdu dans ses pensées.

« - Des mecs sont venus au terminal conteneur. Ils veulent parler avec toi, Mero.

- Pour ?

- Je ne sais pas. C'est Mata qui m'a prévenu.

- Allons-y. »

Mero se lève avec les autres, ils sortent tous et ils montent dans les voitures. Ils conduisent jusqu'au terminal conteneur, Mero a le visage fermé, il ne laisse passer aucune émotion, il le fait depuis un moment maintenant, il cache sa douleur. Peut-être que c'est pire maintenant, l'extérioriser lui permettait de diminuer sa peine, mais maintenant, il est obligé de vivre avec sans la montrer.

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant