LVII

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Je suis dans ma cellule, seule, les filles sont parties chacune à une activité. Alors que j'étais sur le point de m'endormir, la porte de la cellule s'ouvre, c'est une surveillante qui est venue, elle me dit de la suivre et on sort dans le couloir ensemble. Je suis un peu fatiguée, j'ai besoin de faire une sieste, mais ça peut attendre. On se dirige vers la salle des visites, je ne comprends pas pourquoi on est là, surtout que je ne vois pas de gens que je connais. En voyant les autres rejoindre leur proche, je remarque qu'il n'y a qu'un homme qui est resté seul, je pars vers lui et il se lève pour me serrer la main et me saluer.

« - Je suis Gani Kaya, le père d'Eylem.

- Oh oui, je ne m'attendais juste pas à vous voir aujourd'hui. On s'assoit et j'essaye de trouver les bons mots pour parler.

- Quand votre époux m'a dit que vous vouliez me voir, au début je ne le voulais pas vraiment, mais il a dit de venir pour vous, et non pas pour Eylem.

- Oui. Mais vous savez que je veux parler d'Eylem. Il contracte sa mâchoire. Elle regrette beaucoup de chose.

- Pourquoi vous voulez la défendre ? Vous ne connaissez pas l'histoire.

- Je vous écoute alors.

- Nous sommes une grande famille, pas autant que la vôtre, mais nous avons un grand honneur. Je lui ai dit de ne pas s'approcher de l'autre co... Enfin, voilà. Mais elle ne m'a pas écouté, moi, son père. En plus, elle a eu un enfant de lui et elle l'a poignardé.

- La seule chose qu'elle a fait c'est suivre son instinct et on peut tous se tromper. Vous m'avez demandé pourquoi je la défends. Il y a plus d'une raison. Parce qu'elle et sa fille vont être séparé même si elle espère le contraire. Parce que moi aussi mes parents se sont fait reniés par leur famille alors qu'ils s'aimaient. Ça vous ferait plaisir que votre petite fille finisse avec son père ? Il serre ses poings. Alors qu'elle et votre fille pourraient revenir vivre avec vous, heureux.

- Rien ne sera plus comme avant.

- On dit toujours ça, mais finalement on voit que ça redevient comme avant parce que les sentiments ne changent pas. Vous n'avez pas envie de les voir ? Il hoche tristement la tête. Je pourrais demander à ce qu'on les ramène. Mais il va falloir que vous fassiez en sorte de les sortir d'ici.

- Je l'ai dit, on est une grande famille. On a une influence sur les autres. Je lui fais un sourire et je me lève.

- Attendez ici et je vais vous les envoyer.

- Non, restez. Vous m'avez ramené jusqu'ici, vous restez. »

J'essaye de dissimuler mon sourire, je sais qu'il a juste peur de confronter sa fille alors il veut trouver un moyen de ne pas lui faire face complètement. C'est moi ce moyen.  Je hoche la tête et je vais voir la surveillante pénitentiaire pour lui dire de ramener Eylem Kaya aussi, contre une petite somme glissée dans la poche. Je retourne voir Gani Kayla, j'espère que ça va s'arranger pour eux. Il a l'air d'être nerveux, il est entre l'impatience, la joie et la colère, je me demande bien depuis combien de temps il ne l'a pas vu.

Eylem arrive enfin, elle a sa fille entre les bras, quand elle voit son père juste en face de moi, les larmes lui montent aux yeux, elle vient jusqu'à nous d'un pas hésitant alors que son père essaye de s'empêcher de la regarder. Je tire la chaise qui est à côté de moi et Eylem s'assoit sans quitter son père de ses yeux larmoyants.

« - Papa...

- Tu as beaucoup maigri. Dit son père en regardant ailleurs. Il vous donne de la mauvaise nourriture ici ? Eylem n'arrive pas à prononcer un mot. Tu devrais manger pour ton enfant.

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant