LXXI

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Je me réveille entre les bras de Mero, ça me fait du bien, j'ai cette impression d'être à la maison. Mais la vérité est différente. Et plus douloureuse. Je me lève sans faire de bruit, je pars dans la salle de bain et je m'arrête un moment en face de la glace. Je ne suis peut-être plus belle à ses yeux... Mais qu'est-ce que je raconte ? Depuis quand on est belle pour un autre ? Non, je suis belle, et pour moi-même seulement. Qu'il me trouve belle ou non n'a aucun impact sur moi. Je soulève un peu mon t-shirt et je regarde mon ventre. Il va s'arrondir, et je n'ai toujours pas divorcé. Comment je vais faire ? Peut-être que y aller en douceur lui fera changer d'avis.

Je suis en train de préparer le déjeuner, Mero se réveille et il reste allongé dans le lit un moment. En entendant des bruits en dehors de la chambre, il se lève et il vient me voir. En me voyant préparer le déjeuner, il a un petit sourire sur le visage, je ne le vois que quand je me tourne pour aller chercher le thé.

« - J'ai fini de préparer le déjeuner. Tu viens ?

- Oui. Il vient et il s'installe pendant que je pose le thé sur la table. Ça me fait plaisir de te voir comme ça. Je prends une gorgée de mon thé. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé sans crier.

- Oui. On devrait justement parler sans crier maintenant. Est-ce que... Je me racle la gorge, mais c'est surtout pour prendre mon courage à deux mains. Est-ce que ça te dit qu'on appelle Isak et qu'on divorce en se mettant d'accord ? Sans dispute, sans problème. Il contracte sa mâchoire et il me regarde longuement.

- Sérieusement ? Il pose brutalement son thé et il se lève. J'en ai marre de cette situation, je n'en veux plus.

- Tu ne peux pas fuir comme ça jusqu'au bout.

- Je fuis ? C'est toi qui ne veut juste pas accepter certaines choses. »

Il s'en va, je le regarde partir sans dire un mot, mes épaules s'affaissent, je ne sais plus quoi faire. La violence, ça ne marche pas. La douceur, ça ne marche pas. Je dois pouvoir en finir avec toutes ces histoires. Mon ventre va s'arrondir, et une fois qu'il aura su que je suis enceinte, je n'aurais plus aucun échappatoire.

Mero arrive au bureau, il est très énervé, il s'assoit sur sa chaise et il fixe un point dans le vide. Les gars le rejoignent, ils s'assoient dans son bureau et ils attendent un signe de sa part.

« - Mero ? L'interpelle Emirhan.

- Damien Frayes, il est où ?

- Pourquoi ? Mero lève ses yeux vers lui.

- Comment ça pourquoi ? Si je pose une question, c'est pour avoir une réponse ! Pas une question en retour !

- Moi je ne veux plus discuter avec ce mec. Emirhan se lève et il s'en va en claquant la porte.

- C'est ça, dégage !

- Calme tes nerfs un peu. Le prévient Samo. Il n'a rien dit de mal.

- J'en ai quelque chose à foutre ? Vous me trouvez Damien Frayes, c'est tout. Je le veux au sous-sol.

- C'est une bonne idée de le ramener alors qu'il y aura une réunion dans quelques heures ? Lui dit Mucho et Mero fronce les sourcils. Quoi ? Tu as oublié ? On a une grande réunion aujourd'hui. Tous les grands hommes d'affaire seront là, tu seras en bout de table dans le siège du leader, tu as demandé à ce qu'Emirhan t'accompagne. C'est pour ça qu'il t'a demandé pourquoi d'ailleurs, pour éviter un problème.

- Et merde... Dit Mero en se massant les tempes. C'est à quelle heure ?

- À 15 heures. Répond Mucho. Tu devrais aller te changer. Et convaincre Emirhan de venir avec toi. Ça va être le plus compliqué. »

CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant