Musique proposée : Nightmare - All Time Low. (En média).
Beaucoup trop rapide, ma respiration semble tenter de concurrencer mon rythme cardiaque qui s'affole. Je me redresse d'un geste vif en regardant autour de moi avec frénésie. West. Où est West ? Le cœur battant, je rejette violemment les draps qui collent à ma peau moite alors que je scrute les murs sombres de la pièce sans répit. Désorienté, je sens la panique battre jusque dans mes tempes, mais finis par lever la tête pour tomber nez-à-nez avec Chester Bennington, accroché au plafond. Un cauchemar, ce n'était qu'un cauchemar. Soulagé, je jette un œil à la place vide qui se trouve à mes côtés, et décide de fuir mon sommeil angoissé.
Je sors du lit en silence, enfile le jogging de Gale, puis descends à pas de loup. Dans la salle à manger, affalé sur le canapé, ce dernier dort sur le ventre. Un petit sourire traverse mon visage lorsque je passe devant lui : ça fait du bien de le voir dormir un peu, d'observer une pointe de sérénité dans ses traits. Parce qu'au final, de nous trois, Gale est celui qui a le plus pris sur lui. Il a soutenu West sans relâche, m'a rassuré dans les moments critiques, mais n'a jamais montré aucun signe de faiblesse. Aucune faille. Une fois dans la cuisine, je m'apprête à me servir un verre d'eau, lorsque je remarque la baie vitrée entrouverte. Presque par automatisme, je la fais coulisser, avant de me diriger vers le petit étang où je suis certain de tomber sur West.
— Tu n'arrives pas à dormir ? me demande-t-il sans même se retourner.
Sa voix douce m'apaise, moi qui pensais ne plus jamais avoir l'occasion de la laisser m'emporter. Je redessine un instant sa silhouette du regard, mais ne trouve pas les mots pour lui répondre. La lumière lunaire paraît frôler sa peau nue, et les seules choses que je distingue correctement sont les formes harmonieuses de ses muscles sous sa peau. Happé par cette vision délicieuse, je cligne plusieurs fois des yeux, quand une question me frappe. Est-ce que son épine dorsale est recouverte par le même genre de cicatrices que celle de son frère ? Malgré moi, je scrute son épiderme pour tenter d'y déceler la moindre trace, mais l'obscurité protectrice de la nuit garantit au corps de West une intimité presque poétique.
Dans un long soupir, je chasse les affreuses balafres de Gale de mon esprit, puis m'assois à côté de l'homme que j'aime en douceur. Les prunelles accrochées aux pépites argentées qui remplissent le ciel d'encre, West ne se doute pas que je lutte de toutes mes forces pour ne pas lorgner sur son torse tatoué. Il semble si paisible lorsqu'il se perd dans les étoiles. Comme s'il était exactement au bon endroit. Comme s'il avait trouvé sa place.
— Mes peurs ne me laissent pas tranquille, finis-je par articuler, avant de me concentrer à mon tour sur la beauté qui nous surplombe.
Au même moment, je sens l'océan me submerger, mais fais mine de ne rien voir : je n'ai pas la force de m'y noyer tout de suite. West glisse alors sa main dans la mienne, et mes paupières tombent comme un voile pour m'autoriser à me délecter de la sensation de flottement que me procure la texture de sa peau. J'ai tellement besoin de le sentir, de le toucher... Incapable de résister à mon envie irrépressible, je m'approche de lui pour l'attirer contre moi. West pose sa tête sur le côté gauche de mon torse avec une infinie délicatesse, comme s'il avait peur d'abîmer ma seule épaule intacte. Resserrant mon bras autour de sa taille, je plante un baiser sur sa tempe et profite de ce joli moment pour laisser mes songes me submerger une nouvelle fois, sans qu'aucune crainte ne m'étreigne.
— West ? chuchoté-je, soudain hésitant.
Il relève la tête dans ma direction et j'ancre enfin mon regard dans le sien. Mes pupilles manquent de déraper sur ses lèvres qui m'appellent, mais se rattrapent bien vite à la lueur indescriptible qui brille dans une mer calme. Hypnotisé, il me faut quelques secondes avant d'enfin oser prononcer le moindre mot supplémentaire.
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N'aie Pas Peur
AcciónNelson Mandela a dit que le courage n'était pas dénué de peur, mais composé de notre aptitude à la surmonter. Je ne crois pas qu'il ait raison. Je n'ai pas vaincu ma peur, je ne suis pas passé au-dessus des tremblements qui ravageaient mon corps. J...