Musique proposée : Losing Control - Red. (En média).
À tâtons, j'inspecte le mur à la recherche de la moindre petite anfractuosité, la moindre petite brèche, la moindre petite ouverture... en vain. Ce noir profond engloutit tout sur son passage, il ne me laisse aucune chance de lui résister. Aucune chance de lui échapper. Une impression de déjà-vu s'empare de ma poitrine lorsque j'essaie tant bien que mal d'ouvrir cette boite, mais la paroi qui court sous mes doigts semble infinie. Cette fois, je ne suis pas prisonnier d'une cage cubique, je suis enfermé dans une sphère opaque qui ne m'offre pas d'échappatoire. Tels de puissants heurts, des gémissements me parviennent quand je tends l'oreille pour me repérer dans l'espace. Les cris frappent de tous les côtés, puis s'effacent brutalement. Après un court silence, les éclats de voix reprennent et le schéma se répète, encore et encore, ravivant la boule de stress qui sommeillait dans mon estomac.
Chaque hurlement m'arrache un sursaut, et mon rythme cardiaque ne fait que s'accélérer davantage. De nombreuses sueurs froides dégoulinent le long de mon échine. La panique m'envahit sans ménagement. Plus rien n'est sous contrôle. Je n'ai pas d'autre option que de subir mes spasmes, luttant de toutes mes forces pour retenir l'air qui me fuit comme la peste. L'oxygène vient bien vite à manquer, et mes cordes vocales ne laissent vibrer aucun de mes appels à l'aide hors de ma gorge en feu. Impuissant, je finis par lâcher prise et me focaliser sur les bruits qui me vrillent les tympans pour avoir une chance de les identifier. Malheureusement, mon cerveau n'analyse plus rien, mon corps ne répond pas, même mes pensées semblent s'estomper.
Pendant un instant, j'ai la sensation que la mort se rapproche à grands pas. Pourtant, la seconde d'après, la sphère se brise dans un fracas effroyable, puis une lumière aveuglante surgit de nulle part, apportant avec elle une immense bouffée d'oxygène. Cette dernière s'empresse d'affluer dans mes poumons pour me propulser de nouveau vers la vie et me rendre ma motricité dérobée. Retrouvant peu à peu mes capacités de réflexion, je tends l'oreille une nouvelle fois : les lamentations changent, se mélangent, se transforment jusqu'au moment où l'une d'entre elles sort du lot. Celle que je pourrais reconnaître entre mille. Celle de West. Mon cœur fait une embardée quand sa voix déraille, même si elle est rapidement recouverte par le grondement rauque de Gale, lui-même effacé par les jérémiades plus aigües de Savannah.
— Ne fais pas ça, je t'en prie...
La voix de mon binôme se déchire et j'étire les bras devant moi, tentant d'aller le retrouver à l'aveuglette pour évincer toute trace de cette tristesse qui paraît l'habiter. Mais plus j'avance, plus j'ai l'impression qu'il s'éloigne. J'ai beau mettre les bouchées doubles, je n'arrive pas à le rejoindre, je fais du surplace.
— Prends-moi à sa place ! Je t'en supplie...
Soudain, ses supplications se rapprochent, et sa détresse palpable dans l'air s'accentue. Mon estomac se noue dans un élan brutal et je me mets à courir pour m'efforcer de l'atteindre. Quoi qu'il se passe, il faut que je le sorte de là. Le bruit de mes pas semble inexistant, comme si mes pieds ne foulaient pas le sol, d'ailleurs, je ne suis même pas sûr de ressentir une quelconque surface soutenir mon corps trop lourd. Tous mes sens semblent anesthésiés par cet endroit étrange : aucune odeur ne picote mes narines, la lumière réduit ma vue à néant et je ne ressens aucun contact avec ma peau frileuse. Ni ma respiration saccadée, ni mon cœur qui s'affole dans ma cage-thoracique ne font écho autour de moi, aucun son ne s'échappe de quoi que ce soit. Les seules choses que je parviens à percevoir dans ce brouillard auditif effrayant sont mes pensées qui bourdonnent dans mon esprit torturé.
— À genoux !
Le calme brumeux se déchire et je fais un bond. Cette haine... Elle n'appartient pas à West. Mais alors qui est-ce ? Je force sur mes prunelles pour distinguer quelque chose, mais le blanc immaculé des alentours est bien trop résistant, je me vois obliger de ne compter que sur mon ouïe vaguement fonctionnelle. Un frottement étouffé suivi d'un cliquetis retentit, et mon sang se glace. Ma poitrine, déjà à deux doigts de l'explosion fatale, est envahie par un stress incontrôlable lorsque la lueur aveuglante disparaît sans crier gare. Quelques instants me sont nécessaires pour m'habituer à cette luminosité désormais bien plus faible, mais quand mes pupilles s'accrochent à West, elles ne s'en détachent plus. À genoux, les bras le long du corps et les poings serrés, son regard est vide. Un canon sombre se colle contre sa tempe, puis son océan se déverse sur moi. Je ne bouge pas, je me laisse noyer par les vagues déchaînées qui nous abritent maintenant tous les deux, tandis que ses lèvres articulent « je suis désolé ». Sa mâchoire se crispe, son visage se voile de culpabilité et c'est tout juste s'il ne baisse pas la tête. Comme s'il avait honte de quelque chose.

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N'aie Pas Peur
AkcjaNelson Mandela a dit que le courage n'était pas dénué de peur, mais composé de notre aptitude à la surmonter. Je ne crois pas qu'il ait raison. Je n'ai pas vaincu ma peur, je ne suis pas passé au-dessus des tremblements qui ravageaient mon corps. J...