Chapitre 2 | 2

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Musique proposée : I Lived - OneRepublic. (En média).



― Singer ! C'est pour aujourd'hui ou pour demain ces bandages ?! grogne Richard dans la pièce d'à côté alors que mon cœur se met à battre plus fort.

J'attrape trois paquets de compresses, deux bandages, quelques seringues et du désinfectant que je balance presque sur le petit chariot en inox pour me rendre dans le cabinet médical à la hâte. Mon patron arbore un léger sourire lorsqu'il me voit avancer maladroitement jusqu'à lui avec trois fois trop de matériel.

― Ah, Wayne Singer, tu n'as décidément jamais eu le compas dans l'œil, me taquine-t-il en souriant.

Je me gratte l'arrière de la tête en lui adressant un sourire gêné, alors que je le revois encore m'ébouriffer les cheveux, il y a quelques années de ça. J'ai toujours adoré passer mon temps auprès de Richard et des animaux malades. J'ai toujours voulu me rendre utile au cabinet et il ne m'a jamais rejeté. Avec le temps, je suis passé de jeune assistant des bandages à assistant vétérinaire et le vieil ami d'enfance de mon père est devenu mon supérieur hiérarchique. Pourtant, mon expérience de longue date ne m'a jamais aidé à doser l'attirail que je trimballe partout avec moi sur mon lieu de travail.

― Papa, voyons, il vaut mieux en avoir trop que pas assez, miaule Ellen en me faisant un clin d'œil entendu.

Elle rassemble langoureusement ses longs cheveux blonds en une queue-de-cheval avant d'enfiler ses gants le plus lentement possible pour ne pas abîmer ses ongles manucurés. Je lève un sourcil en retenant le soupir d'exaspération qui me titille le thorax.

― Tiens, Wayne, viens me voir.

La voix de Richard me permet de me retourner pour lever les yeux au ciel et de me concentrer sur autre chose que les deux prunelles bleues d'Ellen qui me dévisagent sans arrêt.

― Aujourd'hui, c'est toi qui pratiques l'anesthésie, me sourit mon patron en caressant gentiment la tête du chien sur le point de se faire opérer.

Tout mon corps fait halte, alors que j'observe Collins, horrifié.

― Mais... Enfin... Mais... Monsieur Collins..., balbutié-je piteusement en sentant un puissant stress violenter ma poitrine.

― Concentre-toi, Wayne. C'est un labrador de trente kilos dans la fleur de l'âge. A toi de me dire quelle dose de produit anesthésique il faut lui administrer.

Mes neurones s'entrechoquent brutalement, tremblants d'une pression que je semble être le seul à déposer sur mes épaules. Richard semble totalement confiant, quant à Ellen, elle se fiche royalement de la guerre mondiale qui sévit à l'intérieur de ma boite crânienne, puisqu'elle est occupée à remettre sa coiffure en place en se regardant dans la vitre de l'armoire à médicaments.

Après un instant de réflexion intense, je décide de suivre mon instinct et de ne pas me laisser impressionner par la tâche conséquente que me donne Collins. Je suppose que s'il me demande m'occuper de ce chien moi-même, c'est qu'il a confiance en mes capacités. Après avoir dosé l'anesthésiant et piqué le chien sous le regard appuyé de l'homme qui s'est toujours apparenté à mon deuxième père, je me fais guider pour pratiquer les soins de l'animal endormi.

Une fois l'intervention terminée, je laisse l'adrénaline redescendre en notant tout ce que j'ai pu apprendre avec Richard aujourd'hui dans mon petit carnet noir. A chacun des mots que je dessine sur le papier blanc, je revois les gestes que j'ai pratiqués avec l'aide d'Ellen sous la surveillance de son père et mon cœur se gonfle de fierté. J'ai anesthésié un chien et j'ai participé à sa chirurgie, je vais faire partie des personnes qui l'ont aidé à guérir.

Le reste de ma journée est bien plus calme, puisque je retrouve mes tâches habituelles. J'apporte les médicaments et le matériel, je rédige les devis et les factures, j'accueille les patients et tente de les rassurer ou de les maintenir pendant les soins... Je suis tellement noyé dans mon travail, que je ne vois pas l'après-midi passer. Les derniers clients quittent le cabinet, tandis que je commence le nettoyage de celui-ci.

― Tu as l'intention de devenir vétérinaire ?

Du matériel médical plein les mains, je me retourne prudemment en me heurtant une nouvelle fois au regard insistant d'Ellen.

― Non, je ne crois pas que je pourrais supporter les études que ça nécessite, je réponds, d'une voix sobre.

― Pourquoi voulais-tu absolument travailler ici, dans ce cas ? me demande-t-elle sur un ton mielleux en se penchant ostentatoirement sur le comptoir, devant moi.

Je retiens un soupir d'exaspération en me reconcentrant rapidement sur le bocal en inox que j'astique depuis bien trop longtemps. Ellen a beau avoir une plastique parfaite, un sourire radieux et des yeux à faire tomber n'importe quel garçon par terre, elle ne m'intéresse pas comme elle s'intéresse à moi. Ça fait deux ans que je supporte ses jeux de séduction ridicules, ses regards en coin, ses sous-entendus déplacés, ses gestes langoureux et je pense que si elle n'était pas la fille de mon patron, je serais beaucoup moins aimable avec elle. Mais j'ai besoin de l'argent que me rapporte ce travail, alors je prends sur moi et je tente tant bien que mal de la garder à distance sans la vexer.

― J'aime être au contact des animaux, j'aime participer à leurs soins et apprendre des choses. Je peux m'en tenir à ça.

― Un beau garçon minimaliste... miaule-t-elle avec appréciation. Et en dehors des animaux malades, il y a quelque chose que tu aimes ? m'interroge-t-elle en se rapprochant dangereusement de moi.

Elle détache doucement ses longs cheveux qui dégringolent pour venir caresser ses épaules fines. Un malaise palpable dans l'air s'empare de moi lorsque je sens quelques mèches m'effleurer le bras gauche. Je déteste quand elle entre dans mon espace vital sans me demander mon avis. Elle s'apprête à déposer une main trop affectueuse dans mon dos quand trois coups violents retentissent à l'entrée. Ellen me regarde, hésite quelques secondes et finit par se décider à aller voir en soupirant.

― Monsieur, le cabinet est fermé. Pour les urgences, c'est...

― Wayne Singer. Il est où ?

Une voix sèche coupe brusquement la parole à Ellen et mon cœur rate un battement. Une angoisse brutale m'empoigne soudain et mes mains se mettent à trembler, tant et si bien que je lâche ce que je tentais de nettoyer. Un éclat tonitruant résonne dans la salle de soin lorsque l'inox rencontre le carrelage blanc et des bruits de pas se font entendre de l'autre côté de la porte entrouverte.


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Et voilà, on commence enfin à entrer dans le vif du sujet ! J'espère que l'entrée en matière ne vous a pas paru trop longue à cause du découpage des chapitres... en tout cas, rendez-vous jeudi pour savoir qui est ce mystérieux inconnu pas très poli ! 

Du coup, il y a quelques nouveaux personnages dans cette partie du chapitre, quelles sont vos premières impressions sur Richard ? 

Et sur Ellen ? 

A votre avis, qui est notre mystérieux inconnu et que veut-il à Wayne ? (Les ancien.ne.s, pas de spoil !)

Et enfin, mon éternelle question, la musique, vous aimez ? Elle est assez connue et ce n'est pas ma préférée de OneRepublic, mais vous, vous la connaissiez ? 

C'est donc déjà terminé, je vous dis à jeudi pour les personnes qui apprécie mes mots et à bientôt, peut-être, pour les autres ! En tout cas merci d'avoir passer un peu de temps en ma compagnie et celle de Wayne. Merci pour vos pluies d'étoiles et vos réactions qui savent toujours me toucher. 

Coeur sur vous les petits potes, prenez soin de vous.

A très vite ! 

N'aie Pas PeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant