Musique proposée : Impossible - Nothing But Thieves. (En média).
Ses yeux s'écarquillent alors qu'il les pose sur mon torse, et une profonde fierté s'allume dans son regard. Les traits rayonnants de joie, mon petit frère semble avoir du mal à croire ce qu'il voit. Les coins de sa bouche remontent presque au ralenti, tandis que ses lèvres s'arrondissent dans un incroyable sourire. Un sourire pur, brillant, sincère. Ses prunelles émerveillées passent de ma poitrine à mon visage une bonne dizaine de fois pour m'offrir l'opportunité d'admirer les étoiles qui scintillent au centre de ses pupilles sombres. Qui ne rêverait pas de pouvoir rendre un enfant aussi heureux ? Je n'ai jamais été aussi content d'avoir déçu mes parents de toute ma vie. Les bras potelés de Charlie s'accrochent autour de mon cou alors qu'il se jette contre mon torse, et je referme une étreinte protectrice sur son si petit corps avant de l'attraper sous les aisselles pour le faire tournoyer dans les airs. Mon frère pousse un cri de surprise, puis se met à rire de cette mélodie que je voudrais éternelle.
— Tu as dessiné ça rien que pour moi ? me demande-t-il tandis que je le repose en face de moi.
Toujours focalisé sur les deux hirondelles qui ornent désormais mes pectoraux, Charlie les montre de son doigt minuscule sans oser les toucher. Ému par son enthousiasme, je me contente de hocher la tête. Après avoir été confronté à la colère de mon père et la désapprobation sourde de ma mère, le bonheur de mon frère me réchauffe le cœur plus qu'il ne le saura jamais.
— Celle-là, c'est moi... chuchote-t-il en désignant le tatouage de gauche. Et celle-là, c'est toi.
Étonné, je fronce les sourcils.
— Ah bon ? Je pensais que l'autre était pour Superman, bonhomme ?
Charlie replonge son regard dans le mien, presque attendri par ma question naïve.
— Oui, Superman c'est le héros que je préfère dans les livres que maman lit le soir. Mais toi, t'es le héros que je préfère dans la vraie vie. Alors l'hirondelle de droite, c'est pour le Superman de la vraie vie.
Pris de court, je dévisage le petit brun sans savoir quoi lui répondre. Je suis le héros de Charlie. Je suis le héros cet être formidable. L'envie de lui expliquer à quel point ça compte, à quel point son discours me touche me traverse l'esprit, mais je me ravise. Pour lui, c'est une évidence. Lui, il ne se torture pas à essayer de tout analyser. Il ressent, il partage, il aime, tout simplement. Je ne veux pas changer ça en ouvrant la bouche. Je ne veux pas qu'il se rende compte que son grand-frère n'est en fait qu'un étudiant raté qui ne fait que décevoir ses parents. Parce que c'est tout ce que je suis. Je ne suis qu'un gamin de vingt ans comme n'importe quel autre, sans talent particulier, sans courage exacerbé. Je ne sors pas du lot, je ne me démarque pas. Pas aussi brillant que ma mère ne l'espérait, pas fort comme mon père le voudrait, je n'ai pas la carrure d'un héros... mais je suis un grand-frère. Le plus fier de tous. L'admiration de Charlie m'honore, j'aimerais qu'elle dure toujours. Qu'il ne comprenne jamais ce que mes géniteurs ont compris.
— Merci, Wayne. C'est le plus beau de tous les cadeaux d'anniversaire de l'univers entier ! s'écrie-t-il, les bras levés vers le ciel. Moi j'aime toi, grand-frère.
Son murmure me chatouille l'oreille, alors qu'il me serre encore une fois contre lui et pose son menton sur mon épaule droite.
— Moi j'aime toi, Charlie...
Une douleur violente explose au même endroit, mais je refuse que mon frère me lâche.
— Wayne ? Wayne, est-ce que tu es réveillé ?
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N'aie Pas Peur
AksiNelson Mandela a dit que le courage n'était pas dénué de peur, mais composé de notre aptitude à la surmonter. Je ne crois pas qu'il ait raison. Je n'ai pas vaincu ma peur, je ne suis pas passé au-dessus des tremblements qui ravageaient mon corps. J...