N'aie Pas Peur

Chapitre 17 | 2

Musique proposée : Sound Of War - Tommee Profit ft Fleurie. (En média).

Il fait halte comme un automate, mais ne se retourne pas tout de suite. Il attend que la brune boite jusqu'à lui et attrape son épaule tendue à l'extrême pour accepter de lui faire face.

— Ils sont venus à deux, mais ils ont eu une aide précieuse pour amadouer le petit, renifle-t-elle.

Nous la dévisageons tous les trois sans rien dire, suspendus à ses lèvres. Maintenant que j'y pense, c'est vrai qu'un enfant aussi jeune n'aurait pas suivi des inconnus violents sans s'inquiéter, se cacher ou même se débattre. Il est donc évident que ses ravisseurs avaient avec eux quelqu'un ou quelque chose pour attirer le garçonnet sans qu'il ne prenne la fuite ou qu'il ne se mettre à crier.

— Ginny... Elle les a aidés à emmener Spencer. Quand elle a appris que papa t'avait vu, elle a tout de suite sauté sur l'occasion pour marchander avec ce mec, là, le blond. Je ne sais pas ce qu'elle a bien pu lui dire, mais en tout cas, ils ont trouvé un arrangement qui avait pas l'air de leur déplaire.

West fronce les sourcils en secouant la tête. Son torse se soulève soudain de manière irrégulière et il paraît perdu, comme s'il ne croyait pas un traître mot de ce qu'on venait de lui dire. Gale, lui, semble beaucoup moins septique puisqu'il est déjà en train d'insulter cette Ginny de tous les noms sans avoir l'air de se poser de questions. Ginny... Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de connaître ce prénom ?

— Quoi ? Mais... non. Bien sûr que non... Elle aurait aucune raison de faire un truc pareil, Jess. Je veux bien croire qu'elle me déteste, mais là, il s'agit pas que de moi, il s'agit de Spencer. De son fils, putain. Elle aurait pas pu vendre son fils à des ordures comme Ian ou Peter, articule-t-il comme s'il cherchait à se convaincre lui-même.

— Je ne sais pas comment tu peux encore faire pour défendre Ginny, soupire Jess. C'est pourtant pas à toi que je vais apprendre les effets de la drogue sur les gens. Tu sais qu'un drogué ferait n'importe quoi pour avoir sa dose, il vendrait n'importe qui.

Je dévisage Jess et retiens une grimace de dégoût pour ne pas manquer de respect à sa sœur, bien que je ne sois pas vraiment sûr qu'elle mérite réellement une telle attention de ma part. Quel genre de mère pourrait faire une chose pareille ? Comment a-t-elle pu faire passer la drogue avant la vie de son propre fils ? Avant la vie d'un petit garçon ? L'image de ma génitrice me revient en tête et je me dis que, finalement, ma famille n'est peut-être pas si terrible que ça. J'en viens même à penser que j'ai eu de la chance d'avoir une mère qui m'aime et qui, malgré ses erreurs, a toujours tenté de faire de son mieux pour me protéger de la dureté du monde comme elle le pouvait. Je n'arrive pas à comprendre comment quelqu'un pourrait se servir d'une âme aussi innocente à des fins si sinistres. Un enfant, c'est censé être l'étincelle que le foyer protège, pas celle qu'il souffle comme une bougie pour assouvir ses envies malsaines...

***

— West ! Mais attends-moi, au moins ! Qu'est-ce que tu comptes faire ?

Le souffle court, je peine à suivre la boule de nerf qui s'élance dans les bureaux du FBI sans autorisation. Ne pouvant plus compter sur l'aide de Gale qui est resté auprès de Jess dans la voiture, j'essaie tant bien que mal de rattraper West pour lui éviter de faire quelque chose que nous pourrions tous regretter. Sans que ça n'émeuve qui que ce soit, la voix désespérée d'un jeune policier retentit derrière nous depuis un certain temps, déjà. Il tente, au péril de son emploi, de nous convaincre que nous n'avons pas le droit d'entrer ici et que nous ferions mieux d'attendre qu'on vienne nous chercher dans le hall. Malheureusement pour lui, je crois que personne ne pourrait arrêter la rage pure qui a pris le contrôle du corps de mon acolyte et, d'un certain côté, je comprends West. Je comprends qu'il ressente le besoin de lâcher prise et de laisser cette tempête émotionnelle tout ravager sur son passage, mais je doute que faire un scandale au milieu de dizaines d'agents fédéraux soit la meilleure idée qu'il ait eue.