Musique proposée : Point Of No Return - UNSECRET ft Sam Tinnesz. (En média).
— James ! S'écrie Peter, me faisant sursauter. Tu t'en charges !
Un type aux cheveux châtains et indisciplinés sort de nulle part pour se diriger dans notre direction d'un pas rapide, un détecteur de métaux noir dans une main. Il claque des doigts de l'autre, et trois gros bras s'approchent de Gale, West et moi pour libérer nos poignets de leurs liens. Lorsque le morceau de plastique tombe aux pieds de mon binôme, je ne peux pas m'empêcher de fixer les marques rouges qui scient sa peau blanche.
— Tourne-toi, les mains sur le mur et les jambes écartées. Magne-toi, ordonne le dénommé James à l'attention de Gale qui s'exécute.
Bien que l'angoisse pulse toujours dans mes veines, l'image du barman qui rirait au nez du mec que je crois reconnaître a le don de me soulager un peu. Je suis sûr que s'il avait pu, Gale lui aurait même envoyer une réflexion cinglante dans les dents. Silencieux, James fait passer ses mains le long des mollets de son captif, puis le long de ses cuisses, avant de s'attaquer à ses côtes et ses bras. Le détecteur de métaux prend sa suite, parcourant le même chemin que ses paumes pour ensuite répéter l'opération sur le corps de West et le mien. Lorsque le détecteur arrive à hauteur du col de ma chemise sans se mettre à sonner, je remercie Jennifer de toute mon âme pour son travail irréprochable qui vient probablement de me sauver la vie.
— Enlève-leur ce qu'ils ont sur la gueule, et attache-les, qu'on les entende un peu plus, exige Ian en rejoignant la porte blanche.
Sans perdre un instant, le sous-fifre bien dressé s'exécute. Il retire le bâillon de Gale qui se met, comme prévu, à ricaner.
— J'espère qu'au moins ça t'a fait kiffer de me tripoter, lance-t-il, insolent.
Le regard hétérochrome de James s'obscurcit tandis qu'il gratifie Gale d'un coup-de-poing brutal dans la mâchoire sans prendre la peine de lui adresser le moindre mot. Face à ses traits sombres et fermés, je me surprends à froncer les sourcils. Ce James me fait étrangement penser au garçon à la capuche qui accompagnait toujours Peter et Ian. Le barman se masse la joue et jette un coup d'œil au chien de garde qui se trouve derrière lui, comme pour évaluer les conséquences que lui vaudrait une vengeance musclée. Après avoir scruté les épaules larges et le AK47 du grand barbu, Gale finit par s'abstenir, laissant son assaillant libérer West de sa camisole.
— Alors ça y est, ils ont fini par te retourner le cerveau à toi aussi, lance ce dernier, la déception plein les yeux.
Visiblement contrarié par la réflexion de West, James l'attrape par le col de son tee-shirt noir pour le plaquer contre le mur sans ménagement.
— La ferme, West. Tu ne sais pas de quoi tu parles, fulmine James à quelques centimètres du visage de sa victime.
Pas le moins du monde impressionné, l'homme que j'aime n'essaie même pas de masquer le profond dégoût qui le traverse de part en part. Pourquoi West semble-t-il à ce point désabusé ? Qu'y a-t-il d'étonnant à ce que ce sale type se conduise comme tous les autres ? Troublé, je sursaute brusquement lorsque James m'arrache l'adhésif du visage. La serviette s'échappe de ma bouche, provoquant une douloureuse quinte de toux alors que mes poumons s'embrasent. La gorge en feu, il me faut plusieurs minutes pour réussir à me calmer et rattraper un peu d'oxygène à la volée. La seconde d'après, trois molosses nous poussent à avancer vers les chaises qui trônent au centre de notre cachot et je rue mes prunelles dans celles de mon acolyte dans une inquiétude mal dissimulée.
D'une simple pression sur nos épaules, les montagnes de muscles nous ordonnent de nous asseoir sans un mot, incitant mon cœur à tambouriner contre ma cage-thoracique avec violence. Le criminel attache solidement nos poignets et nos chevilles aux accoudoirs et aux pieds des fauteuils avec la même bande adhésive que tout à l'heure, avant d'admirer son œuvre. Immobilisé et au bord de la crise de panique, je tourne la tête vers la gauche pour me réfugier dans l'océan sombre de West une nouvelle fois. En silence, il articule « n'aie pas peur », comme s'il savait que ces quelques mots pouvaient m'éviter la noyade et que j'allais m'y raccrocher de toutes mes forces.
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N'aie Pas Peur
ActionNelson Mandela a dit que le courage n'était pas dénué de peur, mais composé de notre aptitude à la surmonter. Je ne crois pas qu'il ait raison. Je n'ai pas vaincu ma peur, je ne suis pas passé au-dessus des tremblements qui ravageaient mon corps. J...