Musique proposée : Survivors - Matthew West. (En média).
― Wayne ? grésille la voix inquiète de ma mère à l'intérieur de l'appareil.
― Oui, maman... soufflé-je. Papa est avec toi ?
Un petit silence s'installe et je comprends que non, qu'il ne veut plus avoir affaire à moi jusqu'à nouvel ordre.
― Non, il... Il est fatigué, ment-elle sciemment.
Bien sûr... Je serre les dents, c'est l'excuse qu'elle sert toujours à tout le monde quand elle doit justifier l'absence de son cher mari.
― Ne me mens pas, maman. Je suis ton fils, je connais déjà ce que tu dis toujours aux gens quand papa fait la gueule.
― Wayne, surveille ton langage, me réprimande-t-elle. Je suis désolée, mon chéri. C'est simplement que...
Que maintenant qu'il se rend compte que moi aussi, je fais des erreurs, je n'ai plus aucune valeur à ses yeux.
― ... Qu'il ne comprend pas ce qu'il t'arrive et je dois bien avouer qu'il n'est pas le seul. Pourquoi tu ne veux pas nous dire ce qu'il se passe, mon grand ? Nous pourrions t'aider...
Ma gorge se serre quand je comprends la supplication qui suinte de chacun des mots qu'elle prononce, mais je secoue la tête, comme pour m'interdire de craquer.
― Vous ne pouvez pas m'aider, maman, dis-je franchement, tandis que j'entends ma mère tressaillir à l'autre bout du fil.
Je suis déjà fichu, de toute façon.
― Contentez-vous de vous mettre à l'abri, d'accord ? lui demandé-je d'une voix plus douce. Ça, ça pourrait m'aider. Vous savoir en sécurité, loin de tout ça pourrait me soulager, maman.
― Nous partons pour Londres dans une heure, se résigne-t-elle. Mark est d'accord pour nous héberger le temps nécessaire, même s'il m'a expressément demandé de te faire parler.
Je souffle du nez dans un rire éteint. Oncle Mark a certainement été bien plus vulgaire que ça, il a même sûrement menacé de me faire cracher le morceau lui-même, le connaissant.
― C'est bien, affirmé-je. C'est une bonne nouvelle, réitéré-je, véritablement soulagé.
― Mais, et toi alors, où es-tu ? Pourquoi ne pas venir nous rejoindre en Angleterre ? Tu y serais en sécurité le temps que les ennuis de ta sœur se calment. Et puis je ne vois pas pourquoi tu devrais gérer ses problèmes.
Une colère sourde se réchauffe dans ma poitrine, quoi qu'il puisse bien se passer, ce sera toujours Savannah la fautive à leurs yeux.
― Je suis à environ une heure de New York, dans un endroit sécurisé, maman. Je ne peux pas vous rejoindre où que ce soit sans mettre des vies en danger parce que rien ne va se calmer, répliqué-je sèchement.
Je sens l'angoisse de ma mère transpirer de mon téléphone et je ravale bien vite ma rancœur. Il faut que je la rassure.
― Mais tout va bientôt s'arranger, maman, ne t'inquiète pas. On est en train de faire en sorte que ça s'arrange, que mes problèmes s'arrangent.
J'ai bien appuyé sur le pronom possessif, pour tenter de lui faire passer un message subliminal, mais je ne suis pas certain qu'elle en tiendra compte.
― Bon, je vais devoir y aller, maman. Prenez bien soin de vous et dites-moi quand vous serez à Londres.
― J'embrasserais Mark et Katy pour toi, si tu veux, me propose-t-elle pour essayer d'alléger un peu la conversation.

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N'aie Pas Peur
AcciónNelson Mandela a dit que le courage n'était pas dénué de peur, mais composé de notre aptitude à la surmonter. Je ne crois pas qu'il ait raison. Je n'ai pas vaincu ma peur, je ne suis pas passé au-dessus des tremblements qui ravageaient mon corps. J...