N'aie Pas Peur

Chapitre 5 | 3

Musique proposée : Shoot To Kill - Tommee Profitt ft QUIVR. (En média).

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Attention, cette partie de chapitre contient de la violence physique et morale. Les descriptions présentes dans cette parties sont relativement détaillées, je demande donc aux âmes sensibles de faire attention. N'hésitez pas à vous protéger si la violence vous met mal à l'aise.

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Mon acolyte ferme durement les yeux tandis que ses sourcils se crispent. Il inspire longuement et je sens mon cœur se serrer devant la fragilité inattendue que je lis sur son visage. Je n'ai pas le temps de renchérir que notre patron apparaît déjà sur l'estrade, réduisant la salle toute entière au silence.

―     Très chers camarades... Aujourd'hui, nous avons démasqué un traître. Un homme qui travaillait parmi nous, parmi vous et qui a tenté de vous escroquer. Un vaurien qui se disait votre coéquipier, votre ami et qui a tenté de vous dépouiller de cinquante mille dollars. Après tout ce que nous avons fait pour lui, après toute la confiance que vous lui avez accordée, il a décidé de nous berner. De vous trahir ! Et c'est pour cette raison que je vous ai tous convoqués ici ce soir. Je voulais que vous soyez tous conscients que de tels actes ne sont pas tolérables et que vous sachiez que tout ce que vous faites peut avoir des conséquences dramatiques, affirme le blond d'une voix sévère en fusillant les personnes présentes d'un regard glacial.

Un frisson me parcourt quand j'aperçois Gale et son acolyte traîner Nicholas sur l'estrade en l'obligeant à s'agenouiller dos à Ian. Totalement épuisé, le jeune ne bouge pas, il se contente de rester docile, les yeux clos. Dans la Réserve, le calme est tel que j'ai l'impression de le voir se déchirer à chacun des sanglots de la jeune femme qui serre toujours fermement le garçonnet contre elle. Même à quelques mètres d'elle, j'ai la sensation de pouvoir ressentir les vagues de désespoir qui émanent de son corps frêle et tremblant. La souffrance qui remplit cet endroit rend l'atmosphère irrespirable, il semblerait d'ailleurs que tout le monde retienne son souffle.

Soudain, mon patron attrape l'arme qui se trouvait à sa ceinture et y place quatre balles. Mon rythme cardiaque s'accélère et je me concentre sur les mouvements que je perçois au fond de la plateforme pour tenter d'effacer l'image de ce pistolet argenté quelques instants. J'observe Gale reculer de deux pas en serrant les dents. Je ne sais pas ce qui lui prend, mais à chaque geste de Ian, sa respiration se saccade. Le blond sourit, mais Gale secoue lentement la tête de droite à gauche, le regard dur. D'un seul coup, le type à la capuche l'empoigne par la chemise et l'oblige à dévaler les marches et rejoindre la foule.

Le barman s'arrête devant la jeune fille larmoyante, puis baisse les yeux avant de retourner derrière son comptoir. Pendant ce temps, Ian s'amuse à faire tourner la roulette de son révolver avec un air affreusement satisfait. Il arme le Colt et place le canon de celui-ci à l'arrière du crâne de Nicholas. Un haut-le-cœur ravage ma trachée et je comprends enfin ce qu'il est en train de faire. Il n'essaie pas de montrer à toutes les personnes présentes ce qu'une trahison peu engendrer, non. Il fait ça pour moi. C'est moi qu'il met en garde en s'en prenant à ce gamin. Il me fait comprendre ce qui pourrait advenir de Savannah ou... ou de West, si jamais je fais un pas de travers.

Nicholas inspire profondément alors que je sens mon souffle se couper en imaginant ma petite sœur à sa place.

―     Non, attendez ! Il ne faut pas...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'une explosion retentit, me faisant tressaillir de terreur. Nicholas s'écroule vers l'avant, imprégnant la bâche blanche d'une toute autre couleur. Sonné, je laisse mes genoux flancher et je m'effondre sur le sol. Les sonorités de la pièce se rallument et des centaines de sons différents se mélangent autour de moi. Les bruits de pas m'encerclent, les cris de détresse me submergent, les pleurs me noient, les chuchotements s'élèvent... La salle toute entière parait tourner sur elle-même, des dizaines de personnes me bousculent, j'ai l'impression de voir tout mon univers stopper sa route alors que le monde autour de moi continue d'avancer.