Chapitre 16 | 1

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Musique proposée : King - Lauren Aquilina. (En média).


― Je n'y crois pas. Tu es... Jaloux ? lancé-je, hilare.

Allongé sur le lit deux places de West, son bras autour des épaules, je ne peux pas m'empêcher de rire en l'entendant grommeler. Tous deux à moitié nus et à moitié emmitouflés dans les draps soyeux rouge cendré, nous débattons sur le nouveau sujet sensible de West : Ellen Collins. J'aperçois son torse se soulever, puis retomber lentement, accompagné d'un soupir bruyant. Ses prunelles restent fixées sur le poster de Linkin Park accroché au plafond, pendant qu'un immense sourire vient trahir son agacement feint et égayer son visage bougon.

Il se redresse légèrement, récupère son bras en douceur sans m'obliger à bouger, puis bascule son corps sur le mien dans le but de se retrouver à califourchon sur mes hanches. Je plonge la tête la première dans les eaux sereines voguant dans son regard, tandis que son air joueur libère les papillons multicolores de leur chrysalide, pour qu'ils virevoltent à l'intérieur de mon ventre.

― Je ne suis pas jaloux, affirme-t-il en faisant la moue.

Sa grimace redonne vie à son unique fossette et je me rends compte que ça lui donne un air enfantin, un air de... Spencer. J'ai alors une envie soudaine de l'attirer contre moi, de le câliner et d'emprisonner ce petit creux de chair entre mes lèvres pour le couvrir d'amour.

― Mais sérieux... t'as pas vu comment elle te regardait ! Non mais, franchement. Cette fille est dingue de toi, ajoute-t-il en levant les yeux au ciel.

Ellen, dingue de moi ? Je ne sais pas si cette idée me donne envie de me bidonner ou de m'enfuir en courant pour aller vomir, mais je me contente de minauder en secouant la tête, dégoûté.

― En plus, de toi à moi, cette fille est magnifique et elle le sait. Je suis sûr qu'elle te fait des avances à chaque fois qu'elle te voit.

Il fronce les sourcils et je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas réagir et le laisser s'indigner encore un peu.

― Elle était là, à côté du lit, à te tenir la main et te caresser la joue sans arrêt... C'était insupportable ! grimace-t-il. Crois-moi que si t'avais pas été en train de roupiller, je t'aurais embrassé sous son nez pour qu'elle pige que son petit jeu servait à rien.

Cette fois, je ne tiens plus et un ricanement m'échappe. West Hutchins, jaloux ? Qui l'aurait cru ? Je n'arrive pas à croire qu'il ait pu se sentir menacé par Ellen. Bon, c'est vrai qu'elle n'est pas désagréable à regarder. Son corps est parfait, avec les formes qu'il faut là où il faut, elle est sportive, elle prend soin d'elle... Mais j'ai grandi avec cette fille. J'ai presque vécu avec elle, ce serait comme tomber amoureux de ma sœur ou de ma cousine. Et puis, elle est impossible à vivre, je serai incapable de sortir avec elle sans avoir envie de l'étriper toutes les dix minutes.

Elle n'arrive pas à la cheville de West, c'est une certitude ; pour autant, si me trouver en sa présence peut m'apporter deux ou trois baisers en plus, je devrais peut-être y songer un peu plus souvent... Je peux déjà imaginer la figure choquée d'Ellen et le sourire plus que satisfait de West si une telle situation venait à se produire. Je serais probablement plus gêné que jamais, mais leur expression à tous les deux vaudrait forcément le détour. En y réfléchissant, je crois que j'aimerais qu'il le fasse, j'aimerais qu'il m'embrasse devant elle. J'aimerais sentir ses lèvres contre les miennes et des dizaines de frissons parcourir l'entièreté de mon corps en présence de mes proches. Je voudrais que notre amour explose aux yeux du monde et que nous le vivions pleinement, comme n'importe quel couple. Sans avoir à se cacher, sans avoir à courir, sans avoir à se méfier de quoi que ce soit dans ce cocon protecteur que représente la famille Collins. Ma deuxième famille.

N'aie Pas PeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant