Chapitre 2 | 1

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Musique proposée : Aviicii - Hey Brother. (En média).


J'observe quelques instants les œufs qui frétillent dans la poêle avant de sentir une grimace déformer mon visage.

Sacha ! Est-ce que tu manges des œufs ? Crié-je par-dessus le bruit de cuisson de la nourriture.

Il est midi et Savannah est toujours dans mon lit à montrer les crocs à chaque fois que j'essaie de l'en faire sortir. J'entends un grognement positif étouffé par un oreiller provenir de ma chambre qui semble être la réponse à ma question. Ma moue dubitative laisse place à un sourire attendri, alors que j'attrape un sachet de salade prédécoupé que ma mère détesterait. Je le vide dans un saladier et prépare la vinaigrette de mon enfance en entendant encore la voix douce de ma maman me dire que même si je ne deviens pas un grand cuisinier, le monde entier peut préparer une vinaigrette et que donc, je ne mourrai jamais de faim si j'apprends à en faire une parfaite. Je mets la table en restant plongé dans mes souvenirs ridicules, un sourire béat plaqué sur les lèvres.

Les couteaux se mettent à droite, champion.

La voix de ma sœur résonne derrière moi, me sortant des fantômes du passé pour me renvoyer dans la cuisine ouverte de mon appartement New-Yorkais. Sa chevelure noire et indisciplinée arrive dans la salle à manger, tandis que je lui lance un regard rempli d'humour.

Si tu m'aidais à mettre la table, je ne commettrais pas d'erreur impardonnable telle que celle-là, rétorqué-je, en riant.

Un regard noir et encore embué de fatigue me fusille sur place alors qu'un air boudeur s'empare du visage de Sacha. Elle se laisse tomber sur l'une des chaises en bois qui entourent la table ronde de la salle à manger et je lui sers des œufs. Elle lève un sourcil et sourit sardoniquement.

Tu as enfin compris que je ne mangeais pas de viande ? Félicitation.

Un petit rictus amusé m'échappe, alors que j'imagine l'agacement de mon père casser l'ambiance. Il a toujours détesté ce genre de remarques sarcastiques.

― Bon, alors, tu as pensé à ce que tu allais pouvoir faire de ta vie, maintenant ? demandé-je en retrouvant mon sérieux.

Savannah baisse les yeux vers son assiette en jouant nerveusement avec un morceau de salade coincé dans sa fourchette. Elle se racle la gorge et relève durement les yeux vers moi.

A part m'inquiéter pour mon abruti de frère pour le restant de mes jours, tu veux dire ?

Oui, voilà, à part ça, renchéris-je avec ironie.

Elle soupire et échoue lamentablement lorsqu'elle tente de retenir son sourire pour paraître dure et froide.

Je ne sais pas trop... J'aurais voulu m'occuper de jeunes enfants, mais... murmure-t-elle dans un soupir sans finir sa phrase.

Mais ?

Mais je ne sais pas s'ils m'apprécieraient.

Je hausse un sourcil, surpris par son manque de certitude et de confiance en elle.

C'est vrai qu'aimer un sale caractère comme le tien n'est pas chose aisée, mais ce n'est pas impossible, regarde, j'y arrive bien, moi.

Elle fronce les sourcils et se penche vers l'un des fauteuils bordeaux, placé juste derrière elle. Elle y attrape un coussin de la même couleur et me le balance à la figure pour se venger. Je le réceptionne au vol en lui lançant un coup d'œil menaçant.

N'aie Pas PeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant