Musique proposée : Mess I Mine - Vance Joy. (En média).
L'agent qui nous guide dans de longs couloirs éclairés par une lumière blanche et tamisée ne cesse de parler, mais je ne l'écoute pas. Je suis incapable de me concentrer sur ce qu'il dit ou même sur lui, je suis bien trop occupé à tenter de calmer les tremblements de mes mains en me focalisant sur les alentours. J'ai l'étrange impression d'être entré dans l'une des séries policières que j'aimais tant regarder dans mon ancienne vie et ça me fait tellement bizarre que j'en oublierais presque la raison de ma venue dans les locaux du FBI. A chaque pas que nous faisons, l'agitation environnante s'accentue. A chaque avancée, les silhouettes affairées accélèrent. Comme si je me dirigeais vers un crescendo affolant.
Nous finissons par pénétrer dans un open-space et tous les sons s'agglomèrent autour de moi. Les téléphones sonnent, les doigts tapent sur les claviers, les dossiers claquent sur les bureaux, les pas résonnent dans tous les sens... tout s'anime, tout remue, tout se mélange et bizarrement, je trouve ça revigorant. Toute cette action, toute cette énergie, toute cette détermination me revitalisent et mon stress s'envole. Me retrouver en toute possession de mes moyens sans me voir contrôlé par cette peur qui ne me quittait plus depuis des mois, accompagné par West et m'apprêtant à dénoncer un groupe de sales types à la police, me permet de retrouver le souffle de vie qui me manquait affreusement. Je crois qu'avant qu'elle ne me quitte, je n'avais jamais vraiment compris à quel point l'angoisse pouvait m'oppresser et m'empêcher de fonctionner. Comme si elle prenait tellement de place qu'elle venait étouffer toute autre émotion qui aurait voulu se glisser dans ma poitrine à ses côtés.
Le policier nous invite à rentrer dans une petite salle où trônent une table blanche et trois chaises en fer. West et moi prenons place sans un mot, alors que l'homme s'en va en nous disant de patienter quelques instants. J'observe un moment la pièce morose avant de me concentrer sur le miroir sans tain qui nous fait face sans pouvoir m'empêcher d'imaginer des agents en train de débattre sur notre sort de l'autre côté.
― Ah bah ils savent nous mettre à l'aise. Il manque plus que Derek Morgan et j'emménage, ironise West.
Je lui lance un regard dubitatif en tentant de garder contenance, en vain. Il a juste à me faire un clin d'œil entendu pour que mon sérieux s'envole et que je pouffe de rire. Un homme que je reconnais très vite me coupe dans ma bonne humeur et je me racle la gorge pour me laisser le temps de prendre un air dur et froid devant cet odieux personnage.
― Heureux de voir que vous avez répondu présent à mon appel, affirme Lincoln sans que je sache s'il est cynique ou s'il le pense vraiment.
West serre les dents et hoche légèrement la tête comme toute réponse. L'éclat de légèreté qui illuminait son visage a complètement disparu et je sens que nous nous apprêtons à entrer dans le vif du sujet. Il n'y a plus de marche arrière possible, désormais.
― Que les témoins présents dans la salle déclinent leur nom, prénom et âge en prenant connaissance dés maintenant que leurs entretiens seront enregistrés, ordonne le chauve, alors qu'il enclenche l'enregistrement en appuyant sur un boitier noir.
Je tourne la tête vers mon binôme pour l'inciter à commencer, soudain extrêmement mal à l'aise. Il me lance un petit sourire en coin et je comprends immédiatement que la situation l'amuse. Je suis même certain que si Lincoln ne nous surveillait pas de près, il aurait déjà lâché une ou deux remarques sarcastiques.
― Je suis conscient qu'à partir de maintenant, mon témoignage sera enregistré, commence-t-il. Je m'appelle West Hutchins et j'ai dix-huit ans.
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N'aie Pas Peur
ActionNelson Mandela a dit que le courage n'était pas dénué de peur, mais composé de notre aptitude à la surmonter. Je ne crois pas qu'il ait raison. Je n'ai pas vaincu ma peur, je ne suis pas passé au-dessus des tremblements qui ravageaient mon corps. J...