Chapitre 1 | 2

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Musique proposée : Zack Hemsey - See What I've Become. (En média).


- Mais qu'est-ce que tu croyais ? On est à Harlem ici. Tu ne peux pas débarquer dans mon business et m'ordonner de libérer ta sœur de ses responsabilités. Ça ne fonctionne pas comme ça. Si tu veux que je fasse quelque chose pour toi, il va falloir que tu me prouves ton utilité, mon grand.

A genoux sur la moquette glaciale de la pièce grisonnante, je suis complètement immobilisé par la poigne des armoires à glace qui me maintient fermement sur le sol. Mon interlocuteur se tourne vers moi en faisant virevolter ses cheveux blond platine et les spasmes qui parcouraient mon corps à chacun de ses éclats de voix se décuplent violemment. Plus ses pas s'approchent, plus les détails hideux de sa personne me sautent aux yeux et un haut-le-cœur remonte le long de ma gorge en feu. J'observe lentement la trace blanche et rugueuse qui orne le dessus de sa pomme d'Adam en me sentant grimacer. Son corps musclé s'arrête à quelques centimètres du mien et son révolver s'agite tout près de ma tempe, narguant odieusement la vie qui pulse dans mes veines. Un coup de feu, un seul, et elle dégoulinera sur le sol.

- J'ai très envie de te buter maintenant, tu sais ça ? Pour la simple et bonne raison que j'ai besoin de passer mes nerfs sur quelqu'un et que tu es celui qui a fait foirer ma meilleure vente de la semaine.

Mon regard affolé se rue sur le bout de l'arme qui effleure ma peau de temps à autre, alors que ma respiration s'accélère. Un air mesquin s'incruste sur le visage triomphant de mon agresseur. Il se met à ricaner, avant de se retourner de nouveau pour poser le pistolet sur le bureau en acajou qui me fait face. J'observe chacun de ses gestes lents et calculés en me demandant combien de temps je pourrais bien tenir sans que la panique ne me fasse perdre pied. Il enlève ses gants noirs en tirant langoureusement sur chacun de ses doigts, pour ensuite les déposer à côté de son jouet en ferraille qui paraît me fixer avec un air narquois.

- Mais que veux-tu que je te dise, ta petite gueule d'ange pitoyable me donne envie de te faire une fleur, affirme-t-il, d'un ton moqueur.

Il se passe la main dans les cheveux en me menaçant de son coup d'œil perçant, tandis que les coins de ses lèvres se relèvent imperceptiblement.

- Prendre une vie m'est si simple, mais ce serait un véritable gâchis de ne pas profiter de la tienne, tu ne penses pas ? miaule-t-il.

Je serre les dents et il avance de quelques pas sans réellement attendre de réponse à sa question laissée en suspens. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, il attrape fermement mon menton pour me faire brusquement lever la tête vers lui. Ma gorge me brûle, mes membres tremblent, la terreur gronde à l'intérieur de ma poitrine et mon rythme cardiaque s'affole encore davantage. Même si je tente de toutes mes forces de ne rien laisser paraître, j'ai de plus en plus de mal à gérer mes émotions explosives.

- Je dois dire que je suis impressionné. Tu as osé m'interrompre en pleine négociation avec mon plus gros acheteur en sachant pertinemment que j'étais armé et que je n'étais pas tout seul. Je ne sais pas encore si tu as du cran ou si tu es juste profondément stupide, mais j'ai envie d'imaginer quelques instants que tu es courageux.

Il stoppe sa réflexion en passant sa langue sur le blanc éclatant de ses dents droites. Sans oublier de conserver le sourire fier, presque hilare, qui me glace le sang et ravage un peu plus mon pauvre corps de tremblements incessants.

- L'audace, c'est ce qui manque cruellement à certains des gars qui travaillent ici. Alors, dis-moi, que puis-je faire pour toi ?

N'aie Pas PeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant