Musique proposée : Devils Don't Fly - Natalia Kills. (En média).
Après nous être perdus dans notre bulle protectrice, nous finissons par nous rendre compte que nous pourrions peut-être faire la même chose au chaud, dans mon appartement. Nous nous dirigeons donc vers l'ascenseur, mais pour rester dans la continuité de notre magnifique journée, il se trouve qu'il est en panne. Je soupire bruyamment par réflexe, pourtant au fond, je ne suis pas si mécontent que ça de ne pas avoir à y entrer. Avec tous les voyages anxiogènes que j'ai pu passer dans celui de Eleven Stars, j'ai commencé à développer une sorte d'aversion pour les espaces clos qui m'emmènent vers un avenir incertain. Je suppose que désormais, les escaliers sont devenus de meilleurs alliés.
Une fois arrivé devant chez moi, je me stoppe net en tendant le bras devant West pour qu'il s'arrête également. Je n'ai pas besoin d'articuler quoi que ce soit, mon coéquipier comprend immédiatement pourquoi tout mon corps se tend. Une peur incontrôlable s'empare de moi et de nombreux spasmes reprennent bien vite leur place, comme s'ils ne l'avaient jamais vraiment quittée. Une douloureuse envie de m'écrouler et de tout envoyer valser s'installe dans mon esprit, mais je reste de marbre. Je suis exténué, complètement épuisé, mais je ne peux pas craquer maintenant, nous sommes trop prêt du but. Il faut que je tienne encore un peu.
Je scrute la porte d'entrée entrouverte, sans savoir quoi faire. Sans pouvoir réagir. Qui peut bien se trouver à l'intérieur ? Qui peut bien nous attendre, assis dans l'un des fauteuils, un sourire mauvais barrant son visage ? Va-t-on prendre des coups ? Quelqu'un va-t-il ouvrir le feu ? Ou alors est-ce la police ? Sont-ils plusieurs à patienter de l'autre côté de cette porte pour être sûrs de nous avoir ? Je secoue la tête en passant une main tremblante sur mon visage pour chasser toutes les questions qui ravagent ma boite crânienne. Si je m'écoutais, je ferais demi-tour tout de suite pour me trouver un hôtel et ne jamais découvrir ce qui se cache derrière ces murs, mais je ne bouge pas. Je reste là, complètement paralysé, à fixer la lumière qui jaillit depuis la pièce principale.
Voyant que je ne m'approche toujours pas, West prend les devants et pousse la porte avec son poing. Mon angoisse se démultiplie à la seconde où il entre dans le salon, mais je n'esquisse toujours aucun mouvement. Ma respiration s'accélère dangereusement, tandis que je me prépare psychologiquement à toutes les éventualités. J'attends encore quelques secondes, tends l'oreille et me rends compte qu'aucun bruit effroyable ne retentit, aucun hurlement n'explose. Pas de coup de feu, pas de dispute, personne ne ressort les menottes aux poignets, rien. Tout est silencieux, aucun danger ne semble vouloir me sauter à la gorge. Sauf que je ne peux pas m'empêcher de penser que si West ne me fait aucun signe, c'est que quelqu'un d'armé jusqu'aux dents le menace pour qu'il se taise.
J'attrape une grande bouffée d'air en espérant qu'une dose de courage se mêle à l'oxygène qui s'infiltre dans mes poumons, puis entre à mon tour. J'observe frénétiquement les alentours, m'attendant à voir un révolver tout près de la tempe de West ou à sentir un canon froid se déposer contre l'une des miennes, mais rien ne se passe. Je lâche alors un soupir soulagé en tombant nez à nez avec Savannah, assise sagement sur les genoux de Gale, les coudes sur la table en bois. Je souffle de nouveau, cette fois-ci avec bien plus d'énergie, une semi-colère s'enflammant dans ma poitrine. Elle m'a fichu la trouille de ma vie. Je dévisage Gale, à la fois étonné et agacé de le voir ici. Je n'en veux pas à Gale, je sais qu'il n'a rien à voir là-dedans, j'aurais simplement voulu avoir une conversation avec ma sœur en tête à tête, pour comprendre ce qu'il lui arrive. D'ailleurs, en parlant de Gale... Comment a-t-il fait pour arriver ici aussi vite ? Se pourrait-il que... L'image de West faisant un signe à Gale avant que sa moto sombre ne rugisse me revient en mémoire, stoppant immédiatement mon accès de paranoïa.
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N'aie Pas Peur
ActionNelson Mandela a dit que le courage n'était pas dénué de peur, mais composé de notre aptitude à la surmonter. Je ne crois pas qu'il ait raison. Je n'ai pas vaincu ma peur, je ne suis pas passé au-dessus des tremblements qui ravageaient mon corps. J...