💛Chapitre 70 (Léon)

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Perdu dans ses pensées, Léon regardait le feu qu'ils avaient allumé consumer les dernières branches et derniers bouts de palettes qu'ils avaient pu trouver. Après avoir quitté Maya, Léon, Charlie et Thibault étaient venu se cacher dans les vielles usines Winston désaffectées, cet endroit où ils s'étaient réunis bons nombre de fois par le passé et où le mentor leur avait fait comprendre que leurs métamorphoses thérianthropes n'était ni un rêve ni une hallucination, mais plutôt une malédiction.

Léon était frigorifié, tout comme ses amis, et sentait que ses doigts se rigidifiaient à mesure que les minutes passaient, et cela malgré le feu qu'ils avaient allumé : la voûte squelettique que formait l'ancienne toiture de la halle laissait tomber par endroit la neige qui s'amoncelait en petits tas blafard parmi les vieux fours éteints depuis des décennies. La fatigue, elle, ne se faisait pas encore trop ressentir malgré l'heure avancé de la nuit, le stresse étant trop présent pour qu'ils ne puissent fermer les yeux ne serait-ce que quelques minutes. Mieux fallait être éveillé si quelque chose venait à arriver.

L'adolescent se décida à arracher son regard des braises rougeoyantes pour regarder ses amis qui n'avaient pas décrocher un mot depuis qu'ils s'étaient assis devant le feu. Comme lui, ils s'étaient recroquevillés sur eux même pour garder le maximum de chaleur, et seule Charlie continuait de tendre ses mains au dessus des braises. A voir leur regard, Léon ne put que remarquer à quel point ils avaient peur, peur de ce qu'il allait advenir. Et cela était légitime, puisqu'ils allaient peut-être mourir dans les prochains jour... 

Voir dans les prochaines heures...

A le simple idée de sa possible mort, l'adolescent se mit à penser à sa mère qu'il avait encore abandonné sans donner d'explications. D'ailleurs, avait-elle déjà remarqué sa disparition, à l'heure qu'il était ? Il y avait de fortes chances que oui - et il y avait aussi de fortes chances pour qu'elle ai déjà appelé le 911 - mais il ne pouvait pas en être totalement assuré... Son téléphone éteint, personne ne pouvait le joindre, pas même Maya. 

Léon sentit le doute et la culpabilité monter en lui à l'instant même où sa conscience prononça le nom de son amie. S'ils étaient assis là, à se peler le cul en silence, c'est parce qu'ils l'attendaient, c'est parce qu'ils l'avaient laissé se débrouiller toute seule. Ils l'avaient laissé seule en compagnie de Gregor qui, il n'y avait pas de doute là-dessus, leur mentait sur toute la ligne. Qui savait ce qu'il avait pu faire à Maya en leur absence ? Car de toute évidence, ce type était capable de tout...

Et s'il lui a fait du mal ? Et si elle a essayé de nous rejoindre sans y parvenir ? Et s'il l'avait piégé ?! Et si... et si... !

Léon secoua la tête pour chasser toutes les images qui commençaient à lui faire perdre son sang froid, puis enfouit cette dernière dans ses bras, eux même posés sur ses genoux, pour fermer les yeux et se concentrer sur autre chose. Mais à peine les eut-il fermé que du bruit se fit entendre en direction de l'allée d'entrée, lui faisant vivement relever la tête.

Il jeta un rapide coup d'œil en direction de ses amis, voulant s'assurer qu'il n'avait pas halluciné, et constata qu'ils avaient eux aussi relevé la tête. Il avait donc bien entendu... quelqu'un venait. Sans bruit, tous trois se levèrent et s'orientèrent dans la direction du bruit ; Charlie attrapa un tuteur en acier trouvé sur le sol et ils se figèrent, dans l'attente de ce qui arrivait. Lorsque les pas se firent plus fort, les trois amis allèrent se cacher dans l'ombre des quelques piliers en béton qui soutenaient encore le plafond de l'ancienne sidérurgie. Léon, lui, avait soulevé sa planche de skate qu'il tenait au niveaux des trucks, prêt à s'en servir comme une arme si besoin. Ils restèrent ainsi, tendant l'oreille et n'entendant plus que le crépitement du feu et la bise hivernale presque morte qui soufflait parmi les vieux fours électriques. Mais ils n'eurent pas à attendre très longtemps, car au bout de quelques minutes Maya arriva en titubant, complétement essoufflée et au bord des larmes. Charlie et Thibault se ruèrent sur elle pour la rattraper avant qu'elle ne s'effondre par terre et la firent s'asseoir près du feu pour qu'elle puisse se réchauffer ne serait-ce qu'un petit peu. Elle était aussi frigorifiée qu'eux, ça sautait aux yeux.

Nuits PourpresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant