💚Chapitre 71 (Charlie)

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Lorsqu'ils atteignirent la longue allée forestière au bout de laquelle trônait le manoir de Gregor Mastema, la neige avait cessée de tomber. Les quatre amis descendirent de leurs bicyclettes et skate qu'ils dissimulèrent derrière des fougères frigorifiées, puis se tournèrent vers l'immense bâtisse victorienne plantée là-bas, au milieu de Sunset Wood. Les lumières du rez-de-chaussée étaient éclairées malgré l'heure avancée de la nuit ; le mentor était donc bel et bien rentré de sa petite escapade.

"Et maintenant ? Fit Léon. Smith nous a tiré dessus, Thibault est recherché et nos têtes vont certainement toutes être mises à prix d'ici quelques heures. On fait quoi ?

- On va voir le mentor, Répondit Maya sans quitter des yeux la maison de style Queen Anne qui, vue d'ici, n'était qu'une boule de lumière pourpre sur la toile de la nuit. On lui fait cracher le morceau, et on venge tous ceux a qui il a fait du mal."

Il y eut un long blanc, puis Charlie s'avança en haussant des épaules :

"Ouais, ça me va. Montrons à ce connard qu'il ne nous aura pas une fois de plus."

Les quatre amis soupirèrent, puis marchèrent en ligne droite jusqu'à la sombre demeure dont les fenêtres, les chiens assis et les portes devenaient des visages béants et lugubres. Plus aucun d'entre eux ne dit rien, tous songeant que c'était peut-être la dernière fois qu'ils foulaient ce sol. Ils atteignirent le large porche d'entrée et, sans même toquer, ouvrirent à la volée les hautes portes double battant. Ils longèrent le hall d'entrée plongé dans l'obscurité et suivirent la lumière qui s'échappait de la pièce du fond - du grand salon. Durant un instant, ils crurent entendre quelque chose murmurer tout autour d'eux, mais les coup d'œil alarmés et aiguisés de Maya et de Charlie n'aperçurent rien, rien de plus que des vieux cartons, que des piles de journaux et que des vêtements laissés pour-compte depuis des années.

Finalement, ils atteignirent la pièce du fond : ils poussèrent la porte et se ruèrent dans le grand salon.

Gregor Mastema était là, assis dans son fauteuil habituel, entrain de boire un verre de vin rouge. Et - chose étrange qui fit frémir les quatre amis - il ne portait non plus son costume habituel noir mais bien un nouveau costard d'un blanc immaculé. Ses mains d'araignées, elles, étaient recouvertes par des gants pâles comme la neige.

A leur vue, celui qu'ils avaient tant appelé le mentor décroisa les jambes et se redressa :

"Ah ! Vous voilà enfin, mes apprentis. Comme vous devez vous en douter, je vous attendais."

Mais comme ni Maya, ni Léon, ni Charlie, ni Thibault ne daignait répondre, l'homme vêtu de blanc reprit :

"Allons donc, venez vous asseoir et... nous pourrons discuter. Vous le voulez bien ?"

Les quatre amis entrecroisèrent leurs regards et, sans même un mot, comprirent ce qu'ils allaient faire.

Nous allons rentrer dans son jeu, Songea Charlie en allant s'asseoir sur le canapé en cuir. Nous allons respecter les règles qu'il a lui-même édicté pour mieux le baiser par derrière.

Durant quelques secondes, le mentor ne fit rien. Il se rassit tranquillement, sirota encore un peu de son vin - et Charlie eut envie de prendre la bouteille pour lui éclater sur le crâne... - puis croisa à nouveau les jambes :

"Bon, nous savons tous pourquoi vous êtes là, pas vrai ?

- En effet, Dit Léon. Et vous feriez mieux de ne pas tourner autour du pot.

- Je vous ai vu, Enchaîna Maya. Dans les bois. Alors ne niez pas. Dites-nous la vérité, toute la vérité.

- Vous désirez vraiment la savoir ? Car je puis vous assurer qu'elle ne sera pas belle à entendre."

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