🖤 Chapitre 65 (Maya)

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L'eau devait être à une vingtaine de degré ; à vrai dire la température avait diminuée, puisqu'une eau stagnante dans une grande baignoire pendant une heure (ou plus) n'était pas la meilleure des choses à faire, non seulement pour l'environnement et l'écologie, mais aussi puisque patauger dans un bain devenait ennuyant, à la longue. Sauf s'il y a un peu de musique pour accompagner, évidemment. Mais pour le moment, Maya ne pensait pas vraiment à écouter des musiques de Noël telle l'incontournable All I want for Christmas is you de Mariah Carey. Elle était dans l'eau, amorphe. À quoi pensait-elle ? À tout et à rien en même temps. Au fond, elle se voilait un peu la face concernant ce "cher" mentor.

"Mentor, qu'il disait, Articula Maya. plutôt Menteur, ouais... !"

La nuit tombait peu à peu dans la vallée désormais blanche, et Gregor n'était toujours pas rentré. Il était parti tôt ce matin en laissant un post-it sur le réfrigérateur, signalant qu'il reviendrait seulement le soir. La première pensée qui était venue à l'esprit de Maya lorsqu'elle l'avait lu, c'était qu'elle allait pouvoir passer la journée tranquille, puis la seconde qu'elle allait devoir passer le réveillon de Noël avec lui.

"C'est mieux de passer Noël avec un tueur en série ou avec un violeur ?"

La question n'était pas très bête, mais c'était sûrement l'un de ces stupide dilemmes que des enfants de Middle School devaient demander à leurs camarades pour plaisanter. Mais quelle était leur réponse ? Généralement, face à ces deux possibilités, les enfants créaient leurs propres choix en répondant "je préfère mourir". Mais la mort, n'était-ce pas au final rester avec le tueur en série ?

Maya leva son bras scarifié de petites coupures et frappa avec la surface de l'eau, éclaboussant les parois autour d'elle. Elle en conclut alors que ce soir-là, le soir du vingt-quatre décembre 2019, elle allait mourir. Mourir sans avoir revu Lucas ou su s'il était encore en vie, sans avoir fêté le nouvel an avec ses amis, sans être allée dire à bientôt à ses parents puisqu'elle comptait le faire le lendemain.

Après, quelques minutes, elle sortit finalement de la baignoire sans même s'être lavé les cheveux. Puisque bon, il fallait pas déconner, pourquoi se laver les cheveux si l'on meurt le soir-même ? Emmitouflée dans une serviette de bain, encore nue et trempée de la tête au pieds, Maya du premier stylo de sa chambre ainsi que d'une feuille blanche vierge.

Pas comme moi, pensa-t-elle. Ta gueule Maya, putain !

Le stylo bien en main, elle dessina des lettres les unes après les autres afin d'y écrire son testament ainsi que ses dernières volontés. Elle avait tout prévue : elle cacherait ensuite la lettre dans un endroit de cette vieille bâtisse de style Queen Anne où ses amis penseraient à aller vérifier au cas où son corps disparaissait sans pour autant que Gregor aille vérifier, et cet endroit n'était nulle part d'autre que dans son tiroir à sous-vêtements. Mais ce plan qui lui paraissait ingénieux voila quelques heures lui semblait désormais un peu foireux, puisqu'il pouvait très bien aller fouiller sans scrupule dans ses culottes ; car, après tout, il avait déjà commis bien pire qu'un simple vol de sous-vêtements, pas vrai ? C'était le sang de toute une ville qu'il avait sur ses mains !

Une ville qu'il faisait semblant de protéger... Ah, le salaud !

Maya eut alors une idée qu'elle estimait incroyablement infaillible : écrire plusieurs lettres pour en cacher à plusieurs endroits de la maison - et voir, si elle avait le temps, de la ville. Si le mentor en trouvait une en fouillant un peu, il n'irait pas se dire qu'il y en a d'autres... Tel était le raisonnement de Maya. Mais était-il fiable ? Personne ne pouvait savoir.

Après avoir mit en place ses lettres écrite avec une perte de temps inestimable, elle décida à enfin de s'habiller. Mais avant, il fallait bien couvrir ses petites blessures involontaires dues à ses ongles longs. Elle se les coupa avec un coupe-ongle pour la seconde fois de la journée, à chaque fois tellement courts qu'elle parvenait à se faire saigner. Mais tout cela semblait vain, car ces maudits ongles repoussaient de deux ou trois centimètres en moins d'une heure. Elle ne prit pas le soin non plus de se vêtir de beaux vêtements en ce jour particulier, puisque les tâcher de sang ne serait qu'une perte d'argent. Charlie pourrait bien trouver son bonheur dans sa garde robe, une fois que toutes ces histoires s'achèveraient (si jamais elles l'étaient). Sinon, ses amis pourraient toujours les revendre afin de se faire un peu d'argent pour s'aider financièrement.

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