Nuits Pourpres

💛Chapitre 54 (Léon)

Il faisait de plus en plus froid. Le mois de décembre n'était pas là depuis longtemps mais les températures ne cessaient de dégringoler, tout comme la neige qui recouvrait chaque jour un peu plus les rues de Sunset Valley. Et ce début de vendredi 6 décembre ne faisait pas exception. Il était tard et un fin croissant de lune illuminait le ciel parsemé d'étoile. Il ne neigeait pas mais un épais manteau neigeux couvrait le sol. Et c'est couché sous un buisson, à l'abri du vent glacial ainsi que du sol glacé que Léon se tenait tapi dans l'ombre, observant de ses yeux de loup la maison d'Audrey Ellesday. Il attendait là, la tête posée sur ses pattes, depuis plusieurs minutes déjà. Il regardait la petite maison, éclairée par plusieurs guirlandes de Noël et dont les fenêtres laissaient passer de la lumière, signalant que Audrey était encore réveillée malgré l'heure avancée de la nuit. Léon avait bien essayé de rentrer dans la dite maison mais cette fois toutes les fenêtres et portes étaient bien fermées, le loup s'était donc caché dans un buisson dans l'espoir que Audrey pointe le bout de son nez hors de sa maison.

Léon était transi jusqu'aux os, il avait les pattes totalement engourdies, il ne sentait plus le bout de son museau, et son épaisse fourrure ne suffisait pas à arrêter le froid qui lui mordait de plus en plus la peau. Il mourrait d'envie de se lever pour courir et se réchauffer dans la foulée mais son instinct lui disait de ne pas bouger et d'attendre, attendre qu'Audrey daigne sortir malgré le froid.

Puis une bonne dizaine de minutes plus tard, la baie vitrée de la maison s'ouvrit, laissant sortir Audrey avec un plaide sur les épaules, une cigarette à la main et le téléphone dans l'autre. Elle resta debout à côté de la fenêtre, tirant des taffes de sa cigarette à intervalle régulier, tout en parlant au téléphone.

Léon se ratatina un peu plus sur la sol, comme pour mieux se cacher, et tendit l'oreille pour entendre la discussion que Audrey avait. Il entendait très bien ce qu'Audrey disait mais en revanche son ouïe ne lui permettait pas d'entendre la personne au bout du fil.

"... te l'ai déjà dis Suzanne je ne peux pas quitter la ville !"

Suzanne ; Audrey était au téléphone avec sa meilleur amie. Léon se concentra du mieux qu'il pouvait pour bien entendre tout ce qu'elle pouvait dire. Et, Léon espérait, peut-être allait-elle démentir toutes les preuves qu'il y avait contre elle.

"Non ne viens pas, avec tout ce qu'il se passe tu ferais mieux de rester chez tes parents, à l'abris.

-....ne veut...que... restes ...seule...

-Ooh mais arrêtes de t'inquiéter pour rien Suzzi ! Je suis une grande fille et je sais me débrouiller toute seule.

- .....

-Ne dis pas de bêtises. Je n'irai pas en prison, toutes les preuves qu'ils ont contre moi sont une vulgaire gourmette qui ressemble beaucoup à la mienne mais qui ne l'ai pas pour autant. A par ça ils n'ont aucunes preuves contre moi. Et puis entre nous, laisser Josh vivre avec ce qu'il t'a fais sur la conscience c'était bien pire que de le tuer."

Léon n'écouta rien de plus, il avait entendu tout ce qu'il avait besoin de savoir. Il rampa ventre à terre pour sortir de sa cachette et se retrouva rapidement dans la rue, déserte. Audrey était innocente, cela sautait aux yeux, mais la question de la gourmette resta en suspens. Si elle n'appartenait pas à Audrey, à qui appartenait-elle, et surtout que faisait-elle sur le lieu du crime ?

Léon savait qu'il ne trouverait pas de réponses ce soir alors il rangea ses interrogations dans un coin de sa tête et s'éloigna petit à petit de l'habita de Audrey Ellesday, maintenant classée comme innocente à ses yeux.

Le loup marchait à pas feutré sur le  bord de la route, réfléchissant à sa prochaine destination. Il avait bien pensé se rendre chez le deuxième suspect qu'il avait à sa charge mais en repensant à la folie dont avait été pris Roy Morton lors de sa précédente visite, ses poils se hérissèrent le long de son échine. Il avait beau savoir que ce fou furieux était en garde à vue, attendant son jugement pour avoir brûlé volontairement de dépôt de bois, Léon préféré éviter de se rendre là-bas.