Charlie était allongée dans son lit, écouteurs aux oreilles, écoutant à fond l'album Bohemian Rapsody de Queen, quand son père, Jean-Philippe à ses pieds, entra lentement dans la chambre d'un pas mal assuré.
"Charlie... ? On peut parler ?"
Même si Charlie entendait, elle n'écoutait pas. Elle n'écoutait que le chant de Fredy Mercury, que l'instrumental qui l'emportait ailleurs, loin dans ce monde, loin de cette ville, loin de ce cauchemars qui ne finissait jamais.
"Charlie, la police vient de partir, c'est bon, tu peux sortir et me parler maintenant...
- Et qui me dit qu'ils t'ont pas branchés des hauts parleurs dans le nez ?"
Charlie se pencha vers son père. Celui-ci était extrêmement pâle, maigre - comme si en deux jours on pouvait maigrir aussi vite - et la considérait avec appréhension, Jean-Philippe ignorant et tout content à ses côtés.
"Voyons, Charlie, je...
- Depuis hier qu'ils arrêtent pas de rentrer-sortir, de me poser des questions... Ils croient quoi, que je l'ai tuée ?"
"Même si tu l'as vraiment tuée... Souffla une voix dans sa tête."
"Non, Charlie, bien-sûr que non... Reprit son père, embarrassé. Tu sais, ta mère était très...
- Très violente, oui, merci. Je viens de passer la nuit à l'hôpital car ma maman adorée était entrain de me battre au point de me tuer. Heureusement qu'on avait un chouette rayée dans le coin...
- Charlie."
Son père la fusilla du regard, avec un regard affaiblit par la maladie, le chagrin, le regret.
"Charlie... Reprit-il. C'est grave, tout ça, et tu le sais mais... Tu avais raison. Je n'aurais jamais dû la faire revenir ici, et te laisser seule avec elle... C'est de ma faute, tout est de ma faute..."
Brusquement, Charlie se redressa. Elle prit les mains dans son père - elle était plus froide que la mort - et l'enlaça :
"Ce n'est pas de ta faute, papa... C'est de sa faute à elle, et elle a payée. Regarde, je suis en vie et elle pourrit six pieds sous terre !
- Ne dis pas ça ! C'était ta mère, Charlie... !
- Pas du coeur, et tu le sais très bien. Elle nous a abandonnée. Je ne vois pas en quoi nous ne pourrions pas faire la même chose. Je sais que c'est dur, mais on est là, ensemble, et on ne pourra que mieux vivre désormais."
Muet, les larmes luisant dans ses yeux, John Carston acquiesça, puis se leva. Il quitta la chambre, alors que Jean-Philippe se jetait dans les bras de Charlie en aboyant gaiment. Sur le pas de la porte, son père s'arrêta.
"On peux adopter Jean-Philippe, Fit-il. Il ramènera la joie qu'on a perdu, au moins."
Charlie lui sourit avec ardeur, puis s'habilla. Elle n'irait pas en cours aujourd'hui, ni sûrement demain. Et elle n'irait pas à l'enterrement de sa mère.
Charlie sortit de sa ''grotte'' (comme aimait tant dire son père) et rejoignit celui-ci dans la salle de séjour. La télé était allumée mais son père était assit à table, café dans une main et cachets dans l'autre, tremblant. De toute évidence, il avait du mal à prendre ses médicaments.
"Attends, je vais t'aider...
- Non, non, non, laisse Charlie, je suis assez grand pour..."
Mais déjà Charlie lui faisait avaler les cachet avec douceur et tendresse. Elle était cette mère, cette épouse que ce foyer n'avait jamais connu et qu'il ne connaîtrait plus jamais.
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Nuits Pourpres
Детектив / ТриллерDans la petite ville de Sunset Valley, Maine, quatre adolescents qui n'ont apparemment rien en commun découvrent après de sombres incidents auxquels ils sont intimement liés qu'ils se transforment, une fois la nuit venue, en thérianthropes sauvages...