💚Chapitre 15 (Charlie)

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Le fourgon arriva devant les miteux immeubles sur West Street à 16h et quart, ce jeudi 12 septembre. Il était noir, avait comme seuls fenêtres des barreaux, et son par-choque sombre était décoré de l'insigne de la Prison Départementale : 

Sunset Landing Departemental State Prison

Charlie regardait par la fenêtre de sa chambre cette fourgonnette moche et ces gardiens, presque vêtus comme des policiers, qui sortaient d'elle pour saluer son père et la sortir. Elle, elle s'était contenté de descendre son père en bas puis était vite remontée s'enfermer. Désormais, elle regarder ces hommes venu de la prison ouvrir l'arrière du fourgon pour laisser sortir Gabriel Carston, amaigrit, salit, pâlit, habillée de vieux vêtements de sport gris et sans goût. Cette femme détruite par les rétentions qui autrefois fut la mère de Charlie sembla déboussolée par l'éclat du soleil, puis réalisa rapidement où elle se trouvait. Elle embrassa son père (Charlie en frissonna de révulsion), puis fut rattrapée par les gardiens qui lui enfilèrent des bracelets au niveau des poignets et des mollets. Ils parlèrent un peu avec son père, puis celui-ci se tourna vers sa fenêtre. Charlie s'esquiva trop tard car elle entendait déjà son père qui la hélait en disant qu'il l'avait vu. Ce fut donc à contrecœur qu'elle descendit les rejoindre tous dans la rue. En sortant du hall, elle sentit le regard aliéné de sa mère se poser sur elle et s'enflammer de joie.

"Ma petite chérie ! Qu'elle s'exclama d'une voix rauque et rongée par la drogue."

Charlie rejoignit son père, alors que celui-ci saluait les gardiens qui remontaient dans le fourgon. Il se tourna vers elle, puis dit d'un ton qui se voulait bienheureux mais brisé par le faux-semblant : 

"Charlie ! Ta mère est arrivée !

- J'avais pas remarquée, dis-donc...

- Elle reste jusqu'à demain 10h. Tu lui dis pas bonjour ?"

Charlie leva son regard vers sa mère. Celui-ci était pété par l'alcool.

"C'est un nouveau look les bracelets électrique ? Fit-elle en pointant du doigt les bracelets blancs qui semblaient retenir Gabriel Carston de la folie et de la fuite. 

- Euh, non, pas exactement... Railla son père, C'est pour sa sécurité.

- Ouais, des traceurs en gros. Pour pas qu'elle puisse fuir, ce serait trop bête."

Sa mère toucha sa poitrine avec une grand geste théâtral.

"Tu sais que ça me fais mal, Chacha ?

- Ne m'appelle pas Chacha. 

- Je suis ta mère ! 

- Une mère qui doit dire qu'elle est une mère n'est pas digne d'en être une."

Gabriel Carston mit un temps avant de saisir, puis lança un regard douloureux vers sa fille. Un regard douloureux qui cachait une haine indéchiffrable. 

"C'est pas très gentil... Souffla-t-elle. Moi je te vois pas souvent, tu pourrais être aimable, tu ne pense pas Charlie ? Hein, John ? Notre fille ne pourrait-elle pas être polie avec sa pauvre maman ? Hein ?

- Oh, oui je pense, Charlie que tu dois être...

- Ne recommence pas ce jeu avec nous, Coupa Charlie en venant vers sa mère qui recula d'un pas. Tu n'es plus la bienvenue ici. Tu n'es plus de la famille. Si on t'accueille c'est par pur charité. Non, en fait, c'est par pitié. Alors ne pense pas que ça marchera comme tu l'a toujours souhaitée. Papa n'est plus ton chien, tu comprends ?"

Elle s'écarta, la toisa du regard puis acheva :

"Profite de cette journée, maman. Parce que c'est peut-être bien la dernière pour toi hors de cette prison."

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