Nuits Pourpres

💚Chapitre 55 (Charlie)

La sixième porte de l'immeuble en brique numéro 12 de West Street s'ouvrit et John Carston s'engagea dans le hall d'entrée, Charlie sur ses talons. Jean-Philippe apparu alors au bout du couloir et s'élança vers eux en aboyant et remuant gaiment la queue. John et sa fille, grands sourires sur les lèvres, embrassèrent leur petit caniche avec amour avant de déposer leurs affaires ramenées du Sunset Valley Hospital. Cela faisait désormais une semaine tout juste que John Carston avait été sorti de son coma et qu'il suivait des osculations médicales quotidiennes pour s'assurer que sa sortie de l'hopital municipal était envisageable. Aujourd'hui, il rentrait enfin à la maison pour la plus grande délivrance de Charlie ; elle n'aurait pas a passer Noël toute seule. 

Après avoir rangée la valise de son père, nourrit et embrassé Jean-Philippe une énième fois, Charlie revint dans le séjour, un grand sourire étirant ses lèvres.

"Et bah dis-donc, Fit John en riant. Tu souris encore plus que le soir de ton rencard !"

Charlie ne répondit pas (cette soirée lui rappelant bien plus de mauvais souvenirs que de bons...) et s'assit aux côtés de son père qu'elle embrassa.

"Charlie, Reprit celui-ci. Ce rencard s'est-il mal passé ?

- Mal passé ? Bien sur que oui, même en omettant le fait que mon père a été presque mortellement agressé durant cette même soirée.

- De cela je m'en fiche, Charlie...

- Ne dis pas ça.

- Je m'en fiche et je le dis ! Tout ce qui m'importe c'est ton bonheur. 

- Et moi c'est que tu ailles bien. Je n'étais pas là quand tu as été agressé. J'aurais dû être là. 

- Charlie... Ne t'en veux pas. Tu as déjà vécu trop de malheurs pour cela. Ca n'est la faute de personne, d'accord ? De personne, hormis celui qui a faillit m'arraché la vie... 

- Tu ne t'en rappelle toujours pas ?"

Charlie se redressa et fixa son père dans les yeux.

"Cet homme qui est entré par effraction ici. Tu ne te souviens toujours pas de son visage, papa ? Je t'en pris, dis-moi que tu t'en souviens, qu'on puisse le retrouver et l'envoyer en taule pour toujours... 

- Charlie, je l'ai déjà répété maintes fois au docteur Norrington et je te le redis : je ne me rappelle de rien. Cette soirée est un trou noir dans ma mémoire. Mais ne t'en fais pas, Charlie. N'y pense plus, d'accord ? Nourrir la haine ne fera que te ronger. Ca n'en vaut pas la peine. Et regarde ! Je suis sauvé, guérit et rentré chez moi !

- Oui, grâce à l'aide du docteur Norrington, papa. Sans lui, personne n'aurait pu rien faire pour toi. Que ce soit médicalement parlant ou... Economiquement. Nous n'avons presque plus d'argent, je... Je dois recommencer à chercher du travail. Sinon on va finir à la rue. Déjà qu'on vit dans le quartier le plus miteux de cette ville..." 

Cela faisait du mal à Charlie d'y songer, mais c'était la dure vérité. Les Carston étaient pauvres, et n'avaient même plus de quoi payer une assurance santé. Ils n'avaient même pas accès aux aides du gouvernement : ils ne bénéficiaient ni du programme Medicare (car John Carston n'était pas considéré comme handicapé) ni du Medicaid (les Carston n'étaient ironiquement pas considéré comme une famille « entière » aux yeux de l'état). Autrement dit, sans la générosité du Docteur Norrington, cela ferait déjà un moment que le père de Charlie n'aurait pu passer les portes du Sunset Valley Hospital.

"Charlie, je peux travailler, je suis un adulte, c'est moi qui devrait m'occuper de toi et pas l'inverse... Et le docteur Norrington est...

- Le docteur Norrington est quelqu'un de très bien, Coupa Charlie, il nous a déjà aidé maintes fois, oui, mais je ne vais pas me permettre de demander son aide pour garder un logement décent ! Il a déjà payé en partie tes soins et Dieu merci sinon tu serais mort et enterré depuis longtemps mais il n'est pas l'assistance sociale, d'accord ? Nous pouvons nous débrouiller tout seul. Et peu importe que tu sois un adulte, papa. Tu as besoin de moi. Je suis jeune, je peux me rendre utile. Toi tu es malade, et cette agression a empiré tes problèmes cardiaques.