💙 Chapitre 8 (Thibault)

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Thibault mangeait en silence, assit dans la vaste cuisine au sol carrelé blanc et noir, devant ses parents. Il était 20h et quart, et déjà le soleil semblait mourir à l'Ouest, là où le dôme du grand observatoire de Sunset Valley trônait. Seul bruit dans la vaste maison, les couverts et mâchements de bouches résonnaient. Demain, on était jeudi cinq septembre. C'était la dernière soirée des vacances d'été. Autrement dit, demain c'était...

" La Rentrée ?"

Thibault releva la tête.

" T'as dit quoi, papa ?

- Thib, tu pourrais écouter ton père quand il te parles ? Je t'ai déjà dit, on ne...

- Oui on ne s'enferme pas dans nos pensées durant le repas... Pardon...

- Bien. Ce que t'as dis ton ancienne psychologue ne doit pas être oublié, Thib. C'est pour ton bien."

Thibault vit ses poils se hérisser à ce mot. Psychologue. Ses parents l'avaient tant poussés à venir ici, à ''changer de vie'', que le simple fait de parler de choses qui pouvaient lui rappeler les horreur de sa vie passée le poussaient à bout. Et à la crise. Il sentait même dors-et-déjà que sa tête se remettait à bourdonner et qu'une douleur de brûlure aiguë lui enflammait la poitrine. 

Il regretta de ne pas avoir prit ses médicaments ce matin.

Lentement, avec douceur, sa mère s'essuya les lèvres, et posa sa serviettes sur la table.

"Pourquoi ça pu le mort ici ? Souffla Thibault, de peur que ses parents ne prononcent une seconde fois le mot ''psy''. Tout pu le mort. Les serviettes, le canapé, les draps, tout... C'est dégueulasse.

- Cette maison est vieille de plus de deux siècle, Thibault. Et ça fait quatre ans que personne n'a emménagé ici.

- Et... ?

- Et alors ne t'étonne pas que ça sente le renfermé !

- J'ai pas dit que ça sentait le renfermé, j'ai dit que ça puait le mort !"

Les fourchettes crissèrent. Son père se hérissa, puis plongea sa tête dans les mains.

"Thibault, je...

- Pardon, je voulais pas crier. C'est juste que..."

D'un geste maladroit le jeune homme se redressa, poussa sa chaise et posa ses couverts dans l'évier. Il s'arrêta là, et fixa la fenêtre devant lui, lui offrant comme seule vue les pans de mur des maisons voisines. Il ferma les yeux un instant, comme si cela lui permettrait de se rendre invisible, de disparaitre, de s'enfoncer six pieds sous terre. Et ses parents jouaient bien le jeu.

"J'ai beaucoup apprécié le petit tour du quartier qu'on a fait, pas vrai chéri ?

- Oh ça oui !"

Thibault sentit que sa mère se tournait vers lui dans l'espoir de dire ''dommage que tu ne sois pas venu...'' mais elle ne dit rien, et enchaina sa conversation. C'était le mieux qu'elle pouvait faire en attendant que la tension redescende.

"Tout le coin est sympa, les gens chaleureux à s'en bruler les doigts ! Du moins, celui qui est plus bas dans la rue, après le croisement, là...

- Ah, monsieur Oslow. C'est vrai qu'il n'était pas très commode...

- Tu as vu comment il m'a arraché le panier de muffin des mains ? Non mais quelle politesse ! Et puis qu'est-ce qu'il puait ! C'était horrible ! Heureusement que je suis un minimum respectueuse, sinon mon repas aurait finit dans ses rosiers.

- Je penses pas que ça lui aurait plu.

- Ses rosiers étaient déjà mort de toute façon.

- Il sentait le Whisky aussi. Et on dirait qu'on le dérangeait. Non, qu'on l'emmerdait, carrément.

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