💙Chapitre 40 (Thibault)

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"Et elle m'a invité au prochain match de baseball !"

Maya se leva et applaudit frénétiquement. Charlie, dont le visage était passé du blême au rouge ne cessait de jeter des regards de ses pieds au plafond, embarrassée. 

"Mais c'est génial ! S'exclama Léon en se joignant aux applaudissements enfantin de son amie. 

- C'est qui qui va sortir avec Lila ? C'est Chaaaaarlie ! Renchérit Maya.

- Oh arrêtez de dire de la merde... C'est qu'une invitation, quoi.

- Oui, une invitation a sortir avec toi ma petite Charlie !"

Charlie ne su quoi répondre. Thibault, lui, contemplait la scène, insensible, ressentant la pointe d'une jalousie, d'une haine, d'une rancune. Charlie était enfin heureuse et le méritait pleinement ; seulement Thibault voyait en Charlie ce qu'il ne pourrait jamais être. 

"Félicitations Charlie, Dit-il simplement quand celle-ci se tourna vers lui. "

Et Thibault resta assis, genoux repliés contre le corps au pied du canapé, à regarder ses amis discuter, rire, avec toujours ces sourires épanouit et ignorant dessinés sur leurs mines bienheureuses. Lui, il ne souriait pas. Il avait le regard perdu, pendu. Il pensait à Charlie, à sa propre vie, à ses propres émotions qu'il refoulait, qu'il avait toute sa vie durant refoulé. Charlie assumait ce qu'elle était véritablement, ce qu'elle aimait véritablement. Elle se fichait des autres et vivait sa vie quoi qu'il en coûte... Thibault, lui, savait pertinemment qu'il n'y parviendrait jamais. Quant bien même il le rêvait, le souhaitait, il savait qu'il ne serait jamais comme Charlie. Il n'aimerait jamais, tout bonnement parce qu'il ne le pouvait pas. Il lui manquait ce qui lui permettrait d'aimer ; il se disait même parfois, ressentait et pressentait que son amitié avec Maya, Charlie et Léon ne durerait pas, que s'ils s'étaient unis si vites c'était avant tout à cause de leur malédiction et rien d'autre. Mais Thibault faisait taire ces pensées comme bien d'autres encore ; il ne voulait pas se regarder dans le miroir, préférait mourir plutôt que de le faire.

Je n'aurais pas dû ouvrir ma gueule... Songea-t-il. Je n'aurais pas dû parler à Léon, dire des conneries. Je n'aime et je n'aimerais personne. Personne.

Mais était-ce la vérité ? Thibault était prêt à mentir pour s'assurer que oui. Il ne méritait même pas d'être venu ici, ce soir. Il aurait mieux fait de s'enfermer chez lui à double tour et de passer la nuit à lire. Il ne méritait pas ses amis, ne méritait pas de faire la fête. Il n'en n'avait pas le droit, pas en sachant ce qu'il était vraiment, quel monstre colérique dépourvu d'amour il était. 

"Thibault, ça va ?"

Thibault se retourna vers la voix qui venait de le tirer de ses pensées et vit que Maya et Charlie avaient cessées de parler, le fixant avec une mine inquiète dans leurs rictus figés. C'était Léon qui avait posé cette question et qui dévisageait désormais Thibault sans cligner des yeux.

"O-oui, Balbutia celui-ci au bout de quelques secondes, perdu. Je vais bien. On pourrait pas sortir un peu ? Prendre l'air, comme prévu ? La pizza commence a me remonter."

Léon ne put rien ajouter ; Maya s'écria que c'était une très bonne idée et entraina avec elle Charlie hors du salon pour se préparer à sortir. Il l'entendit leur demander depuis le hall d'entrée de bien vouloir rapporter dans la cuisine les assiettes, ce que fit Léon en moins d'une minute avant de revenir dans le salon. A cet instant précis Thibault se redressa et se dirigea vers le hall où Charlie et Maya échangeaient depuis un moment déjà des fous rires quand Léon lui barra la route. Tous deux s'affrontèrent un moment du regard puis Léon parla d'un ton calme, posé mais engagé :

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