| Prologue |

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Un froid mordant, exerçant une pression contre mon cou me réveille en sursaut.

Mes yeux s'ouvrent brutalement et sont aussitôt emprisonnés par ses prunelles noires. La panique m'étreint et mon souffle s'affole, alors que je comprends qu'une balle pourrait sortir du canon collé à ma gorge au moindre faux mouvement.

Ses doigts capturent mon bras et me tirent hors des draps. Il sort de la chambre, me tirant à sa suite sans prendre en compte ma démarche brinquebalante à cause de ma cuisse blessée.

Son emprise trop serrée est douloureuse. Mais il n'en a que faire. Sans ménagement, il traverse rapidement le couloir et me traîne vers les escaliers. Dans le creux de son autre main, son Beretta scintille aux vives lumières éclairant la maison. Les reflets dansent dangereusement devant nos ombres qui s'avancent funestement dans le silence.

Après avoir descendu avec peine les marches, je boitille, tentant de suivre le rythme du sombre brun dans le salon. Et ce, sous le regard de la dizaine d'hommes tous armés des pieds à la tête.

Arrivés devant la porte, il s'arrête et me désigne une paire de chaussures du menton que je m'empresse d'enfiler.

Une seconde plus tard, nous sommes dehors. La fraîcheur matinale italienne m'entoure et mes bras nus frissonnent doucement. Le soleil n'est pas encore levé et un voile nocturne couvre encore la propriété.

Le trafiquant d'armes ne ralentit pas sa cadence, me guidant vers les voitures alignées sur le parking. Il veut me pousser à l'arrière de l'une d'entre elles mais pour la première fois, j'offre une résistance. Figée, je reste immobile devant la portière ouverte.

L'hésitation se fraie doucement un chemin dans mon esprit. Ou m'emmène-t-il ? Pourquoi maintenant ? Veut-il déjà me tuer ?

Mais quelle importance, après tout ? Quoi que je fasse, je finirai une balle dans la tête. Du plomb chaud, tout droit sorti du Beretta de Tyron Corseti m'explosera le crâne.

Donc je me tourne. Vers lui.
Son expression reste aussi inexpressive qu'elle l'est habituellement. Ses lèvres ne remuent qu'une fois pour murmurer un ordre tranchant :

— Entre.


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L'OMBRE DU PHŒNIX | IntégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant