I - 26 | Un battement de coeur

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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟔
𝐔𝐍 𝐁𝐀𝐓𝐓𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐃𝐄 𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑

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RAISSA

Je me laisse tomber sur le canapé, mes fesses s'enfonçant dans le coussin moelleux. Ma robe remonte légèrement sur mes cuisses et je croise machinalement mes jambes, même ainsi perdue dans mes pensées. Je ne suis que vaguement consciente de la présence des hommes de Tyron dans la cuisine et le salon. Certains sont assis autour de la grande table séparée de la pièce principale par un demi-mur qui expose une cheminée moderne de chacun de ses côtés.

J'entends d'ici les voix fortes des gardes, alors qu'ils discutent de drogue, de leur travail et de gonzesses. D'autres jouent aux cartes, pianotent sur leur portable ou boivent du café. Et tous me jettent de fréquents regards, me surveillant distraitement même si cet ordre ne leur a pas été donné. Sans le voir, je sais qu'Edoardo se tient près de l'îlot central dans mon dos.

Malgré tous les petits bruits autour de moi, les voix, le bourdonnement de la machine à café, les verres qui tintent et les sonneries de téléphone, je n'entends presque rien. Que des sons estompés.
Car je suis bien loin, immergée dans les abysses de mon esprit. Et rien ne me parvient à part les puissants battements de ce cœur lourd dans le creux de ma poitrine. Depuis les tréfonds de mon âme, ne résonne qu'une unique pensée.

Cet unique nom.

Cette personne.

Vasco.

Lanfredi.

Vasco Lanfredi.

Il sait que je ne suis plus sous la protection de Cruzio.
Il sait que je suis chez Tyron.
Et il me veut.

Ma gorge se noue, prise dans cet étau nerveux et anxieux. Mes doigts, posés sur mes cuisses, sont pris de spasmes incontrôlables. Mais toujours, je ne vois rien. Je ne vois pas mes mains. Je ne peux que les sentir vaguement trembler contre mes jambes.

Vasco Lanfredi.
Je ne peux pas me retrouver chez lui. Ce qu'il me fera vivre sera pire que tout autre supplice. Je préfère me prendre une centaine de balles dans le corps plutôt que de recroiser sa route.

« Qu'est-ce qu'il te veut ? »

Se venger. Probablement. Il l'a déjà fait, mais ça ne lui a visiblement pas suffi puisqu'il veut m'acheter.

Deux millions.

Il est prêt à dépenser deux millions pour me faire payer. Ce ne doit pas être beaucoup par rapport à la fortune qu'il possède, mais tout de même. C'est conséquent. Rien n'est donc aussi important que sa vendetta à ses yeux. Vendetta qui ne s'achèvera qu'avec l'enterrement de mon cadavre après avoir été longuement torturée.

Et Tyron compte me vendre.

Je tourne la tête vers la cheminée. Elle est vide. Les bûches qui y gisent sont ternes et sombres, pleines de cendres, puisqu'aucune flamme ne vient égayer le foyer. Cette absence de lumière est assez représentative de l'obscurité qui ravage mes entrailles. Et cette poussière grise et morne s'apparente à ce qu'il reste de mes tripes consumées par l'angoisse. Corseti ne me laisse pas le choix.

L'OMBRE DU PHŒNIX | IntégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant