Le lendemain matin, après avoir passé la nuit avec Emily affalées dans le canapé, elle m'a délaissé pour rejoindre son boulot bien avant l'heure où j'étais censé me lever. On a discuté toute la soirée, et ça m'a fait du bien. Mais à peine sortie des vestiaires pour rejoindre mon poste, notre discussion se met à tourner en boucle dans ma tête et je regrette de ne pas avoir accepté la proposition d'Harrison. Je crois que finalement, il faut que je lui parle. J'ai besoin de savoir pourquoi il n'a rien dit. Mais c'est trop tard, Harrison est sûrement déjà partit maintenant.
Je rejoins mon poste et à ma grande surprise, Miguel est déjà là. Il pose les yeux sur moi et son sourire illumine son visage.
- Hey ! Salut, Princesse !
Ouh là... c'est quoi cet enthousiasme débordant ?
- Il t'arrive quoi là ?
- Rien, pourquoi ?
Et il semble surpris en plus de ça !
- Pourquoi ? Peut-être parce que t'es aussi joyeux qu'un télétubbies !
Je rejoins mes précieux popcorns et leurs odeurs à tomber par terre.
- On dirait que ça te dérange.
- T'as pas idée à quel point.
Je lui jette un œil fatigué alors que ça fait deux minutes que je me le coltine. Seulement deux minutes. La journée va être longue.
- Pourquoi ?
- J'aime pas les gens trop enthousiastes. Ça m'agace. Encore plus lorsque je commence ma journée de boulot.
Il sourit tellement qu'il finit par en rire. Jeff, qui vient d'aller ouvrir les portes, s'arrête devant nous avec un air perplexe scotché sur le visage.
- Hey, Elena !
- Salut, Jeff. Ça va ?
- Le type d'hier est revenu.
J'arrête de sourire sans vraiment comprendre ce qu'il vient de dire.
- Quoi ? Quel type ?
- Le blond qui parle Anglais.
Mon cœur ricoche dans ma poitrine, et c'est presque douloureux. Je n'ai pas le temps de répondre que quelqu'un s'arrête à côté de lui. Mon regard tombe sur Harrison et je comprends enfin le fin mot de l'histoire.
- Heu... salut.
- Hi.
Son visage est crispé, et je devine qu'il doit m'en vouloir d'avoir pris la fuite. Je jette un oeil à Jeff qui m'adresse un bref signe de tête, avant de rejoindre sa place. Je repose les yeux sur le blondinet qui m'adresse tout de même un sourire.
- You... you're here for the same reason as yesterday ?
Il acquiesce sans hésiter.
- Yes. I know that's difficult for you, but...
- I come.
La surprise sur son visage le force à garder le silence pendant une seconde.
- What ?
- I'm coming with you. Wherever you want.
Son regard s'illumine lorsqu'il comprend enfin.
- Really ?
J'acquiesce fermement, lorsque les premiers clients arrivent.
- Hum... OK, I'll wait you at the airport at seventeen, it's OK for you ?
- Ouais, c'est bon. Je serais là.
Il m'adresse un énorme sourire, plus enthousiaste que moi.
- Great ! See you at the airport, don't be late !
Il tourne les talons pour me laisser commencer ma journée de travail sous le regard interrogateur de Miguel. Ce n'est peut-être pas le bon choix, mais il faut que j'essaie de comprendre. J'ai besoin de me remettre de tout ça, et il peut certainement m'aider. Soit il m'aide soit il m'enfonce un peu plus. Et s'il m'enfonce davantage, j'aurais plus aucune chance de m'en sortir. C'est un risque à prendre.17 : 04 ; Aéroport Roissy Charles de Gaulle.
Lorsque je me pointe dans cet aéroport qui commence à me donner des sueurs froides, Harrison attend patiemment dans un café. Il m'a prévenu par Instagram, et ça m'a vraiment fait bizarre de parler avec lui par message alors qu'on se connait à peine. Je m'apprête à passer dix heures dans un avion avec lui pour passer une seule et unique journée sur un autre continent. J'ai comme l'impression de perdre du temps et ça m'angoisse. Le plus dérangeant dans l'histoire c'est qu'il a refusé que je paye mon billet, il n'a même pas voulu me dire le prix. Après tout, pour ne pas trop culpabiliser, je me dis que c'est lui qui a insisté pour que je vienne. Mais je n'aime quand même pas cette sensation d'être redevable de quelque chose. J'ai l'impression d'être faible. Comme-ci je ne pouvais pas me le payer ce billet ! Bon OK, je n'ai peut-être pas les moyens c'est vrai, mais c'est dur d'accepter qu'il paye pour moi.
C'est une fois dans l'avion que la pression commence à monter. Je n'ai emporté qu'un ridicule sac de sport avec une unique tenue de rechange, mon chargeur de téléphone et un casque pour ne pas m'ennuyer dans l'avion. Je n'arrive pas à croire que je vais enfin mettre les pieds aux États-Unis, et que c'est dans une ville que je n'ai pas choisie et pour une seule journée qui plus est. Même ça, ce rêve Américain que j'ai depuis que je suis ado je ne vais le réaliser qu'à moitié. J'ai vraiment le chic pour rater tout ce que j'entreprends, c'est dingue. Je devrais être heureuse d'aller là-bas pourtant. Mais c'est plus compliqué que ça. Je suis angoissé à l'idée qu'il ne veuille pas me voir. Que peut-être il va encore nier et refuser d'admettre qu'il s'est passé quelque chose et que mes brefs souvenirs ne sont pas les morceaux égarés d'un vieux rêve. Tout ça pour dire que je ne me sens pas super sereine.
On a décollé aux alentours de dix-huit heures, et étonnement Harrison a été super. On a discuté pendant au moins deux heures, il m'a raconté ce qu'il fait sur les tournages avec Tom mais n'a jamais parlé directement de lui. C'est comme-ci il savait que je n'ai pas envie de parler de lui. Je me félicite d'avoir réussi à m'endormir pendant le vol, mais malheureusement pour moi, ma nuit fut coupée par une escale de plus de deux heures à Atlanta. J'ai fini par m'endormir dans l'aéroport, sur l'épaule du pauvre Harrison. Bon pour ma défense, il s'est endormi aussi. Il faut dire que je n'ai jamais vécu un voyage aussi long de toute ma vie, surtout pour un séjour aussi court.

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Unexpected [FR/EN]
Fanfic"- Elena !" C'est mon nom. Mais prononcé avec son accent ça me retourne l'estomac, à chaque fois. J'étais pas prête. Rien dans ma vie ne me prédestinait à rencontrer quelqu'un comme lui. Quelqu'un comme lui ? Il n'a rien d'anormal pourtant, ce n'es...