Chapitre 79

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Vous avez déjà expérimenté la Gare du Nord ? Je veux dire... avec Tom Holland. Non parce que, qu'on se le dise... Tom a quand-même plus de fans que je ne le pensais. C'est-à-dire qu'on a tout de même mit trente minutes pour passer de l'entrée de la Gare aux portiques de sécurité. Et j'ai compté... il a pris sept photos. Alors oui, vous me direz, sept ça paraît peu... oui, sauf quand on est forcés de s'arrêter toutes les deux minutes. Déjà qu'arrivée là-dedans j'étais totalement perdue, et qu'étrangement Tom aussi, on a déjà mis un temps fou pour trouver l'entrée réservée à l'Eurostar, alors se faire accoster toutes les deux minutes ça n'a pas franchement aidé vous voyez. Et je ne vous parle même pas de l'engouement qu'à Tom de vouloir à tout prix acheter une tablette de chocolat blanc Milka avant de partir.
Cet homme me fascine. Pendant que moi j'ai la tête dans le cul, que ça fait presque une heure qu'on est réveillés et que je n'arrive toujours pas à aligner une phrase complète sans tirer la tronche, lui tout ce qui le préoccupe c'est une tablette de chocolat. Blanc qui plus est. Et de la marque Milka. Oui je précise parce que Monsieur joue la Diva, il ne fallait pas une autre marque, non... et il fallait absolument du chocolat blanc. OK, ça paraît mignon comme caprice, et ça l'est, mais j'avoue que faire trois boutiques pour trouver cette foutue tablette de chocolat m'a légèrement agacée. Parce qu'il faut savoir une chose... je ne suis pas du matin. Bon OK, je ne suis pas de l'après-midi non-plus, peu importe à quelle heure je me lève il ne faut pas me parler avant que je n'aie avalé mon chocolat chaud. Et là je ne l'ai pas fait. Ça vous laisse imaginer l'état d'esprit dans lequel je suis enfermée depuis une heure maintenant. Et en plus, pour en rajouter une couche, il n'est que huit heures du matin. Huit... heures. Alors écoutez moi bien... on s'est endormis à trois heures du matin, et on s'est réveillés quatre heures plus tard. Quatre foutues heures plus tard. Ce n'est pas suffisant putain !
Là on a enfin pu se poser avant de monter dans le train. On a enregistré nos deux pauvres sacs qui nous servent de valises et on est enfin assis. Et j'ai enfin un chocolat chaud sous le nez. Bordel... j'étais à deux doigts de laisser sortir le Mister Hyde caché en moi.
- Do you want something else babe ?
Je relève les yeux du gobelet fumant provenant tout droit de chez Paul pour poser les yeux sur lui. Il a tenu à garder son bonnet et je suis forcée d'avouer que ça lui donne un petit quelque chose en plus.
- Non c'est bon, t'inquiète.
Il esquisse un faible sourire en reposant les yeux sur la Gare grouillante de monde en dessous de nous. On est installés près des baie-vitrées, au premier étage, assis sur des tabourets inconfortables à regarder les gens monter et descendre des trains qui arrivent d'un peu partout.
C'est comme-ci on était accoudés à un bar dont le serveur aurait laissé place au hall de cette Gare. Je prends le temps d'observer Tom quelques secondes, appréciant ce bonnet en laine qui met son visage en valeur et qui me fait oublier que ses jolies boucles ont disparues. Leur douceur me manque tous les jours. Et je l'ai d'autant plus remarqué hier soir, lorsque j'ai eu le privilège de passer mes mains sur son crâne. Je ne vais pas vous faire un dessin, mais la nuit n'a pas été très reposante. Enfin, je veux dire... on s'est enfin retrouvés vous voyez ? Et cette petite bulle d'amour et de douceur m'a fait le plus grand bien. Et vous allez rire, ou pas d'ailleurs, mais j'ai réussi à cacher ma cicatrice durant toute la nuit. Et le pire c'est que je ne sais même pas comment j'ai fait. Je crois que, pendant quelques heures, le temps que j'ai passé dans ses bras, je l'ai complètement oubliée, et Tom ne l'a même pas remarquée. Bon pour sa défense, la lumière est restée éteinte toute la nuit, et au petit matin j'avais déjà camouflé mon bras d'un énorme pull gentiment volé à Emily. Son pull préféré avec l'inscription Back to the Futur écrie en orange sur le devant. Elle va me tuer lorsqu'elle va s'en rendre compte, mais ça m'est égal, j'ai beaucoup plus stressant à penser pour l'instant.
Et la première chose c'est ce repas de Noël avec la famille Holland. Imaginez qu'ils ne m'apprécient pas ? Qu'est-ce que je vais faire s'ils ne m'aiment pas sérieusement ? Je sais très bien que la famille pour Tom c'est essentiel, que c'est grâce à eux qu'il garde les pieds sur terre. Alors que moi, je suis plutôt distante avec ma famille, et ça principalement parce que mon père est complètement taré et que ma mère est le parfait exemple de la bourgeoise paranoïaque et pète-sec. Attention, j'aime mes parents ! Mais je ne pourrais pas passer mes journées avec eux, je péterais les plombs au bout de deux heures. D'ailleurs, quand je pense à ma mère, je me rends compte que j'ai sacrifié son repas de Noël avec moi pour partir en Angleterre avec Tom. Déjà qu'elle n'a pas l'air de trop l'apprécier, alors là je ne vous explique même pas ce qu'elle va penser de lui. Bordel... j'espère tellement que la mère de Tom n'est pas comme la mienne. Je me souviens qu'avec la mère de Benjamin je n'avais aucun problème, du moins jusqu'à ce qu'il disparaisse. Mais là je n'ai aucune idée de ce qui m'attend, et ça me fou les jetons putain. Je veux dire... à part Harry, je n'ai rencontré personne d'autre de sa famille, et ça me stress grave.
- Are you nervous ?
Je sors de mes pensées en reposant les yeux sur Tom, son café dans une main et sa tablette de chocolat dans l'autre. J'acquiesce silencieusement en baissant les yeux vers mon chocolat chaud qui a déjà refroidit.
- You don't have to be nervous, babe. I'm sure they will love you.
Je lève les yeux vers lui, et le sourire qu'il m'adresse suffit à calmer mon angoisse. Au moins pour quelques minutes. Lorsqu'on grimpe dans le train en revanche, la pression monte d'un cran. Je sens le stress envoyer une décharge électrique dans tous mes muscles et seuls les deux enfants assis devant nous parviennent à combler le silence qui s'est instauré il y a quelques minutes déjà. Le stress n'a pas l'air d'affecter Tom en tout cas, parce qu'au bout de dix minutes de voyage je sens déjà sa tête posée sur mon épaule, et à en juger par la lourdeur de son poids, il s'est endormit. Je n'aurais même pas le plaisir de le charrier à propos du croissant qu'on nous a gentiment apporté sur nos plateaux de petit-déjeuner. En vérité, je n'ai même pas faim. Je suis tellement stressée que mon pauvre plateau repas va rester quasiment intact, au même titre que celui de Tom. La seule chose à laquelle j'ai touchée c'est le verre de jus d'orange, et ça seulement parce que j'ai besoin de faire le plein de vitamines ou sinon je vais faire un malaise.

Unexpected [FR/EN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant