Unexpected [FR/EN]

Chapitre 48

12:28

Je suis planquée dans mon lit depuis que je suis sortie de la salle de bain. Enroulée dans ma couverture, comme-ci c'était une chrysalide capable de guérir toutes mes blessures. J'ai des bleus partout. Dans le dos, sur les cuisses, sur la gorge. Et dans la tête aussi. Mes pensées sont polluées par son regard. Par ses mains sur moi. Je n'ai pas dormi de la nuit. Je suis incapable de fermer les yeux sans repenser à ce qu'il s'est passé. J'ai passé plus de deux heures sous la douche à essayer d'effacer les traces qu'il a laissé sur ma peau. Mais c'est impossible.
Malheureusement pour moi, Tom m'a appelé à ce moment-là et j'ai manqué l'appel. Une fois de plus. De toute façon je n'étais pas en état de répondre, il aurait tout de suite remarqué qu'il s'était passé quelque chose. Je vais lui dire, il le faut. Mais pas tout de suite. Il faut que je me reprenne avant. Et ce n'est pas en restant dans mon lit que ça va arriver. Je suis plus forte que ça, putain ! Je suis plus forte que lui ! Je ne peux pas le laisser gagner. Personne ne doit savoir que je suis brisée.
Des coups dans la porte m'arrache un sursaut et casse tout mon speech d'auto-encouragement. Je sens mes mains se mettre à trembler. Ça ne peut pas être lui. Pourquoi est-ce qu'il serait revenu ? Les coups reprennent et me paraissent trop doux pour être ceux d'un malade comme Benjamin. Je m'extirpe du lit pour rejoindre la porte à pas de loup, mon téléphone dans les mains au cas où. Les coups reprennent et m'arrache un sursaut.
- Elena ! Je sais que tu es là, ta voiture est garée en bas.
What the fuck ? Mais qu'est-ce qu'elle fou là ?
J'ouvre la porte en laissant la pression retomber doucement. Les yeux verts de ma mère me tombent dessus, et je ne suis plus certaine d'être si soulagé que ça finalement.
- Salut maman. Qu'est-ce que tu fais là ?
Elle m'observe de longues secondes, et je me souviens aussitôt que mon cocard est toujours visible, et que les traces de doigts sur ma gorge sont renforcées à cause d'hier soir. Je vais me faire défoncer putain.
- Je voulais voir comment tu allais. Et je vois que la réponse est négative.
Son regard inquiet devient soudainement dur.
- Est-ce que c'est ton nouveau copain qui t'a fait ça ?
Waouh ! Elle parle de Tom là ?
- Absolument pas, non. Je me suis fait agresser dans le métro, si tu veux tout savoir. Et puis avant d'accuser Tom, il faudrait déjà que tu le connaisses, non ?
Elle lève le menton d'un air blessé, avant de m'adresser un sourire forcé.
- Excuse-moi, chérie. Je... je m'inquiète pour toi, c'est tout. Ça fait des jours que je n'ai plus de nouvelles. Ton père m'a dit que tu étais partit aux États-Unis et j'ai tout de suite pensé que tu ne reviendrais jamais.
J'avais oublié à quel point elle va loin lorsqu'elle s'inquiète. Je dois tenir ma paranoïa d'elle c'est certain.
- Pourquoi tu veux que je reste là-bas ?
- Pour lui. Tu ne vas pas vivre éternellement loin de lui, je le sais.
Et merde... c'est toujours le même sujet qui revient. J'y ai réfléchis toute la nuit. J'ai pensé à sauter dans un avion dès aujourd'hui pour aller le rejoindre. Pour quitter la vie de merde que j'ai ici. Qu'est-ce qu'il pourrait m'arriver de pire là-bas ? La seule chose qui serait pire que ce que Benjamin a fait, ce serait de perdre Tom. Là j'aurais aucune bonne raison de garder les pieds sur Terre.
- Je te promets de te le dire lorsque je partirais.
Elle m'adresse un sourire soulagé mais toujours inquiète.
- T'as plutôt intérêt.
Je lui rends son sourire en la faisant enfin entrer.
- Est-ce que ton père est au courant pour ton agression ?
Je la rejoins dans le salon pour la surprendre en train de regarder les photos de Tom et moi à la convention.
- Oui, il est au courant. Il a arrêté le type hier.
Elle attrape l'une des photos pour observer de plus près sans prêter attention à ce que je viens de dire.
- Rassure moi... il ne t'a pas demandé en mariage quand même ?
Elle se tourne vers moi en me montrant la photo qu'elle a dans les mains. Celle où Tom a un genou à terre. Je suis incapable de ne pas sourire devant son doux visage dépourvu de perversité et de machiavélisme.
- Non, tu serais au courant si c'était le cas.
Elle repose la photo sur le meuble, avant de me faire face.
- Bien. Va t'habiller, je t'emmène déjeuner.
Sérieux ? On n'a pas fait ça depuis que j'ai quitté le lycée, c'est pour vous dire depuis combien de temps.
- Merci, mais j'ai pas très faim.
- Ce n'était pas une question, Elena. T'as vraiment une mine atroce. On dirait que tu n'as pas dormi depuis des jours.
J'avais oublié qu'elle déteste lorsque je ne suis pas un minimum sortable. Et là mon jogging additionné à mes cernes et à mes cheveux en vracs ça doit la mettre en PLS.
- Je vais me préparer, attend moi là.
Je la laisse au milieu du salon pour aller enfiler autre chose que le jogging que Tom m'a prêté il y a des mois maintenant. Dieu merci, la mi-septembre me donne une excuse pour porter une écharpe et cacher les traces laissés par Benjamin.