Rouge de rage, Ashley était à couper le souffle, dégageant une férocité animale d'une sensualité à faire perdre l'esprit. Jamais je ne me serais douté de l'effet de ma petite taquinerie sur elle. Sa crise de jalousie fut juste adorable car il s'agissait bien de cela. La jalousie. Même si elle ne l'admettrait jamais, sa réaction révélait que notre baiser ne l'avait pas laissée indifférente. Je ne la laissais pas indifférente. Aux cris que j'entendais depuis le salon, je dirais qu'elle n'était pas de mon avis. De façon audible, elle tenait des propos pas très amicaux envers ma personne auprès de Sœur Catherine. Même si je la connaissais tout juste, je savais que c'était intentionnel. Elle tenait à ce que j'entende exactement ce qu'elle pensait à mon encontre.
— Je ne te comprends pas, je ne vois pas pourquoi tu l'as invité? En plus, tu sais très bien ce que je pense de lui. Je ne t'ai pas caché ce qu'il m'inspire. C'est la personne la plus exaspérante qu'il m'ait été donnée de rencontrer. La seule chose que je peux lui concéder est qu'il est doué en cuisine. À part cela, ce n'est qu'un pauvre type.
Pauvre type. Intérieurement je souris et espérai qu'Ashley ne dévorait pas ainsi des yeux tous les pauvres types qu'elle croisait. Mon imagination ne m'avait joué aucun mauvais tour, elle m'avait regardé avec des yeux de désir depuis que j'avais franchi le pas de la porte. Lorsque je m'étais glissé derrière elle pour lui montrer comment couper les légumes, son corps s'était tendu et son souffle était devenu plus lent, comme si elle devait se maîtriser pour ne pas succomber à mon contact. Plus d'une fois j'avais surpris son regard sur mes lèvres et sur mes mains, comme si elle savait exactement ce qu'elle attendait d'elles. Son corps parlait pour elle, je lui plaisais. Alors la voir lutter ainsi contre notre attirance mutuelle ne la rendait que plus désirable.
Les propos de mon ami François me revinrent en mémoire. Il avait raison, j'avais un véritable coup de cœur pour Ashley, elle éveillait mon intérêt comme aucune autre femme jusqu'à présent. Mon attrait n'avait rien à voir avec le petit jeu malsain du « suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis », non! Elle m'envoûtait tout simplement. Physiquement c'était une femme splendide, mais ce qui me captivait le plus chez elle était cette part de vulnérabilité qu'elle enfouissait. Elle semblait mener un combat permanent avec elle-même comme si elle ne se donnait pas le droit de ressentir, de s'ouvrir aux autres, d'être simplement heureuse. Mon moi intérieur voulait l'aider à se détacher de ces chaînes qui l'empêchaient d'être elle-même. À bien y réfléchir, ce besoin était d'une certaine façon extrêmement égoïste. Mais dès qu'elle baissait sa garde ne serait-ce que quelques secondes, mon cœur ratait un battement et mes poumons se privaient d'oxygène, me faisant me sentir plus vivant que jamais. Tel un drogué, je désirais éprouver ce sentiment encore et encore.
C'est étrange! J'avais fréquenté un grand nombre de femmes, mais aucune de ces relations n'avaient été sérieuses. Je ne m'interdisais pas de tomber amoureux, seulement au grand désespoir de ma mère et en dépit de nos moments agréables, aucune d'elles n'avait le truc. Plus jeune, je lui avais présenté certaines d'entre elles, mais constatant sa déception à chaque fois que je lui annonçais notre rupture, j'avais pris la décision d'arrêter de lui présenter les femmes qui partageaient ma vie. Dans le salon, Ashley poursuivait sa discussion. À l'entendre, les mots d'apaisement de Sœur Catherine ne l'aidaient pas à décolérer.
— Si tu as fait appel à lui pour profiter de ta journée, je peux le comprendre, mais si tu m'en avais parlé, je t'aurais fait venir un chef à domicile qui aurait eu le mérite d'être moins contrariant que lui.
— Il ne t'est jamais venu à l'esprit que j'ai invité Jack parce que je l'apprécie. Au-delà du fait qu'il soit un excellent cuisinier, c'est quelqu'un dont la compagnie m'est agréable même si cela te déplaît.
VOUS LISEZ
Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secrets
RomanceIl y a des rencontres qui bouleversent une vie. Qui vous font entrevoir un avenir terrifiant mettant à nu toutes vos fêlures. Et à 27 ans, mes blessures d'hier me tourmentaient toujours mais j'avais appris à les enfouir très profondément derrière le...